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Clôture de Wall Street : soulagement après les annonces de Trump sur la Chine

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Clôture de Wall Street : soulagement après les annonces de Trump sur la Chine

(Boursier.com) — A l'issue d'une séance incertaine, la Bourse de New York a terminé dans le vert, vendredi, après des annonces moins cinglantes que prévu par Donald Trump concernant la Chine. En représailles à la reprise en main de Hong Kong par Pékin via une loi de sécurité nationale, Washington va priver Hong Kong de son statut commercial spécial, mais pour l'instant, Donald Trump n'a pas remis en cause l'accord commercial de Phase 1 signé avec la Chine en janvier dernier.

A la clôture, l'indice Dow Jones a fini proche de l'équilibre (-0,07%) à 25.383 points, tandis que l'indice large S&P 500 a gagné 0,48% à 3.044 pts et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques, a avancé de 1,29% à 9.489 pts. Les valeurs technologiques auraient été parmi les plus exposées en cas de remontée des droits de douane avec la Chine.

Sur l'ensemble de la semaine, les trois indices américains ont progressé respectivement de 3,7% pour le DJIA, 3% pour le S&P 500 et de 1,7% pour le Nasdaq.

Plus tôt dans la journée, le Nikkei a cédé 0,18% à Tokyo, mais le Shanghai composite a progressé de 0,2%. Le Hang Seng a perdu 0,7% plombé par l'adoption par le parlement chinois de la loi de sécurité nationale qui sera imposée à Hong Kong. En Europe, l'EuroStoxx 50 a rechuté de 1,4% et le CAC 40 a lâché 1,59%, en réaction aux tensions sino-américaines.

Le statut économique spécial de Hong Kong en question

Lors d'une conférence de presse très attendue, Donald Trump a donc annoncé vendredi soir des mesures de rétorsion contre la Chine, qui vient d'imposer à Hong Kong la loi de sécurité nationale restreignant les libertés civiles dans ce territoire censé être autonome.

Toutefois, le président américain s'est gardé de remettre en cause l'accord commercial de Phase 1 signé le 15 janvier dernier avec la Chine, comme le redoutaient certains investisseurs. Le président américain a toutefois affirmé qu'il allait entamer la procédure visant à priver Hong Kong de son statut économique spécial, en raison de la perte de son autonomie vis-à-vis de Pékin.

Ce statut permet actuellement à ce territoire chinois d'être exempté des droits de douane imposés à la Chine continentale, mais aussi aux entreprises de Hong Kong d'avoir accès à des technologies sensibles américaines, dont les groupes de Chine continentale sont privés. Mercredi, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait estimé que Hong Kong ne disposait plus de l'autonomie nécessaire pour bénéficier d'un traitement spécifique de la part des Etats-Unis en matière commerciale.

"Je demande à mon administration de lancer le processus de fin des exemptions qui permettaient à Hong Kong d'avoir un traitement différent et spécial. Cela affectera la totalité des accords (avec Hong Kong), de notre traité d'extradition au contrôle des exportations des technologies à double usage et plus, avec peu d'exceptions", a précisé vendredi Donald Trump.

Le président américain a aussi indiqué qu'il ferait restreindre l'accès au sol américain à "certains ressortissants chinois", notamment des étudiants. Il a aussi annoncé une enquête de l'administration sur les activités des sociétés chinoises cotées à Wall Street (elles sont environ 150). Cette déclaration intervient alors que le Congrès américain est en passe d'adopter de son côté des mesures restreignant les possibilités de cotation et de levée de fonds des sociétés chinoises sur les marchés américains.

Par ailleurs, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient rompre toute relation avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en accusant la Chine d'avoir pris "le contrôle total" de cette organisation onusienne.

La Fed reste prête à accroître son soutien à l'économie

Peu avant l'intervention de Donald Trump sur la Chine, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell s'est exprimé lors d'un débat organisé par l'université de Princeton, dont il est diplômé. Il a réaffirmé à cette occasion que la banque centrale américaine était déterminée à faire usage de tous les instruments dont elle dispose pour soutenir l'économie face à la pandémie de coronavirus, une crise dont il a souligné le caractère inédit.

"Il s'agit d'une urgence d'une nature que nous n'avions jamais réellement observée auparavant", a-t-il déclaré. "Nous avons franchi un certain nombre de lignes rouges qui n'avaient pas été franchi auparavant et je suis tout à fait à l'aise avec le fait que nous ayons agi ainsi dans cette situation", a-t-il poursuivi.

Aux Etats-Unis, le bilan sanitaire de la pandémie de Covid-19 continue à gonfler, avec plus de 101.000 personnes décédées, même si le rythme de la pandémie s'est ralenti et que les Etats américains poursuivent leur déconfinement progressif.

Les ménages américains secoués par la crise du Covid-19

Les nombreux indicateurs de conjoncture publiés vendredi ont une nouvelle fois confirmé la chute historique de l'activité pendant la période de confinement. Ainsi, les dépenses personnelles de consommation des ménages ont chuté de 13,6% en avril sur un mois, un plongeon historique... Les dépenses avaient déjà baissé de 6,9% en mars, et le consensus s'attendait à un repli de 12,8% en avril.

Quant aux revenus personnels des ménages, ils se sont en revanche envolés de 10,5% en avril par rapport à mars, alors que le consensus tablait sur une baisse de 6,5% ! Cette évolution reflète les aides accordées par le gouvernement pour faire face à la crise, alors que des millions d'Américains ont perdu leur emploi. Enfin, l'indice ajusté des prix 'core PCE' affiche un repli de 0,4% en comparaison du mois de janvier et une hausse de 1% sur un an.

Par ailleurs, l'indice final du sentiment des consommateurs mesuré par l'Université du Michigan a un peu rebondi en mai à 72,3, contre 71,8 en avril, mais il est inférieur aux attentes qui étaient logées à 74. A noter que la composante des anticipations des ménages recule encore, passant de 70,1 à 65,9, ce qui montre un certain pessimisme des Américains concernant l'amélioration de leur situation économique future. En revanche, les anticipations d'inflation ont grimpé à 3,2% pour l'année à venir, contre 2,1% le mois passé.

L'indice manufacturier PMI de Chicago a reculé plus que prévu en mai, tombant à 32,3 après 35,4 en avril et alors que le consensus de place était positionné à 40. Enfin, le déficit commercial s'est creusé à 69,68 milliards de dollars en avril aux Etats-Unis, contre un consensus de 65 Mds$ et après un niveau révisé à -64,98 Mds$ pour mars. Selon le Département au commerce, les importations ont chuté de 14,3% alors que les exportations ont plongé de 25,2%.

Belle fin de semaine pour le pétrole et l'or

Les cours du pétrole ont fini la semaine en beauté, continuant de tabler sur un début de rééquilibrage du marché dans les prochains mois. Le baril de brut léger américain WTI pour livraison juillet a bondi de 5,3% à 35,49$ sur le Nymex, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord d'échéance juillet a pris 0,1% à 35,33$. Les cours du WTI ont accentué leur hausse en apprenant que Donald Trump ne remettrait pas en cause l'accord commercial conclu avec Pékin.

En mai, le cours du brut léger américain d'échéance août a flambé de 88%, après le plongeon d'avril lié à la crise du coronavirus, qui a paralysé l'économie mondiale. Cette situation inédite a entraîné une forte baisse de la demande, mais aussi de l'offre de pétrole. Le nombre de forages en activité aux Etats-Unis a ainsi baissé depuis 11 semaines d'affilée, retombant ce vendredi à 222 (contre 237 vendredi dernier, et 677 fin décembre 2019 !), selon les données hebdomadaires de la firme parapétrolière Baker Hugues.

De son côté, l'or est reparti à la hausse vendredi : le contrat à terme d'août a repris 1,4% à 1.751,70$ l'once à la clôture du Comex. Le métal jaune progresse d'environ 12% depuis le début de l'année, faisant office de valeur-refuge face à la multiplication des risques sanitaires et géopolitiques.

VALEURS A SUIVRE

Twitter (-2%) a continué de souffrir de l'offensive de Donald Trump contre les réseaux sociaux. Le titre a perdu plus de 10% en 3 séances depuis le début de son bras de fer avec le président américain. Ce dernier a signé jeudi soir un décret qui facilitera les poursuites judiciaires contre les sites web et les sociétés technologiques. Le texte cherche à réduire le pouvoir des réseaux sociaux en modifiant une loi de 1996, la Communication Decency Act, qui protège les sites internet de poursuites judiciaires concernant les contenus publiés par leurs utilisateurs.

Donald Trump est particulièrement remonté contre Twitter (qu'il utilise pourtant de façon intensive), ce dernier ayant épinglé cette semaine deux tweets du président, en estimant que leur contenu méritait vérification ("fact checking"). Les titres de Facebook (-0,16%) et Alphabet (+1%), maison mère de Google) ont ont été moins affectés que Twitter.

Vendredi, le réseau à l'oiseau bleu a une nouvelle fois tâclé Donald Trump en apposant un "avis d'intérêt public" sur un de ses tweets relatif aux émeutes qui ont éclaté à Minneapolis, affirmant qu'il violait ses règles concernant la glorification de la violence. "Nous avons pris des mesures pour empêcher que d'autres personnes ne soient incitées à commettre des actes violents, mais nous avons gardé le tweet sur Twitter parce qu'il est important que le public puisse toujours le voir, étant donné sa pertinence pour les questions d'intérêt public en cours", a expliqué Twitter dans son avertissement.

Big Lots a bondi de 5,6% après la publication de résultats nettement supérieurs aux attentes des analystes. Le distributeur discount américain a réalisé sur le trimestre clos début mai un profit de 49,3 M$ ou 1,26$ par titre contre un bénéfice de 15,5 M$ ou un bpa de 39 cents un an plus tôt. Les revenus ont progressé de 11,1% à 1,44 Md$ avec une croissance de 10,3% à périmètre comparable. Le groupe basé à Columbus souligne que l'accélération de l'activité qui a commencé à la mi-avril se poursuit bien que les tendances devraient se modérer pour le reste du trimestre. Sur la période, l'entreprise table sur un bpa compris entre 65 et 80 cents, contre un consensus positionné à 24 cents. A ce stade, la société estime néanmoins qu'elle n'a pas suffisamment de visibilité pour rétablir ses prévisions pour l'ensemble de l'année.

Salesforce.com a perdu 3,5% après avoir abaissé ses objectifs de chiffre d'affaires et de bénéfices annuels. L'éditeur de logiciels, qui a permis à ses clients de différer les paiements et offert à ses commerciaux une commission exceptionnelle face à la pandémie, vise sur le trimestre en cours un bpa ajusté de 66 à 67 cents pour des revenus allant de 4,88 à 4,93 Mds$, contre un consensus de 74 cents et 5 Mds$. Sur l'ensemble de l'année fiscale, le bpa ajusté est anticipé entre 2,93 et 2,95$ pour des revenus d'environ 20 Mds$, contre au moins 21,1 Mds$ visés précédemment. Sur les trois mois clos fin avril, le groupe californien a enregistré un bénéfice de 99 millions de dollars ou 11 cents par titre contre un profit de 392 M$ ou 49 cents par action un an plus tôt. Les revenus ont bondi de 30% à 4,87 Mds$. Le bpa ajusté s'est établi à 70 cents contre 69 cents de consensus.

General Motors (-3%) va augmenter la production de plusieurs de ses modèles après avoir surmonté les difficultés initiales d'approvisionnement en pièces détachées. "Nos procédures de sécurité complètes fonctionnent bien, et nos fournisseurs ont fait un excellent travail en mettant en oeuvre leurs stratégies de retour au travail et leurs manuels de sécurité. Nous sommes maintenant en mesure d'augmenter la production pour répondre à la demande croissante des clients et à la forte demande des concessionnaires", a indiqué le constructeur de Détroit. À partir de lundi, trois usines d'assemblage de crossover aux États-Unis et au Canada fonctionneront avec deux équipes de production, et trois usines d'assemblage américaines construisant des pick-up de taille moyenne et grande passeront d'une à trois équipes. En revanche, cinq autres usines américaines fonctionneront toujours avec une seule équipe.

HP Inc (+0,8%). Le bénéfice par action est ressorti supérieur aux attentes au 2e trimestre fiscal, mais les ventes et les perspectives du groupe informatique sont ressorties inférieures aux attentes des marchés, en raison de la crise du coronavirus. Pour son deuxième trimestre fiscal, le fabricant d'imprimantes et de PC a ainsi vu ses ventes chuter de 11% pour revenir à 12,47 milliards de dollars. Les analystes tablaient sur un revenu de 12,93 Mds$, un chiffre déjà revu en nette baisse par rapport aux 13,9 Mds$ encore attendus fin février, avant les mesures de confinement prises pour faire face au coronavirus. Le bénéfice net a atteint 764 millions de dollars. Après ajustements, le bénéfice par action s'est établi à 51 cents (contre 53 cents un an plus tôt), très supérieur au consensus, qui était logé à 44 cents.