Wall Street hésite, en attentant les annonces de Trump sur la Chine
by Victoria AdamWall Street hésite, en attentant les annonces de Trump sur la Chine
(Boursier.com) — La Bourse de New York évolue en ordre dispersé vendredi soir, dans l'attente de la conférence de presse de Donald Trump consacrée à la Chine, prévue à partir de 14H à New York et Washington, soit 20H heure française. Le président américain devrait annoncer des mesures de rétorsion, après la reprise en main de Hong Kong par Pékin via une loi de sécurité nationale.
A deux heures de la clôture, l'indice Dow Jones cède 0,57% à 25.255 points, tandis que l'indice large S&P 500 fléchit de 0,21% à 3.023 pts et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques, gagne 0,46% à 9.411 pts.
Plus tôt dans la journée, le Nikkei a cédé 0,18% à Tokyo, mais le Shanghai composite a progressé de 0,2%. Le Hang Seng a perdu 0,7% plombé par l'adoption par le parlement chinois de la loi de sécurité nationale qui sera imposée à Hong Kong. En Europe, l'EuroStoxx 50 a rechuté de 1,4% et le CAC 40 a lâché 1,59%, en réaction aux tensions sino-américaines.
Le statut économique spécial de Hong Kong en question
Donald Trump est donc très attendu vendredi pour une conférence de presse, prévue à 14H à Washington (20H en France), au cours de laquelle il devrait annoncer des mesures de rétorsion contre la Chine, qui vient d'imposer à Hong Kong la loi de sécurité nationale restreignant les libertés civiles dans ce territoire censé être autonome.
La question du respect de la démocratie à Hong Kong, ainsi que la gestion de la crise du coronavirus, ont ravivé les tensions entre les deux géants économiques mondiaux, et menacent de remettre en cause l'accord commercial signé entre Washington et Pékin le 15 janvier dernier.
Mercredi, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo avait estimé que Hong Kong ne disposait plus de l'autonomie nécessaire pour bénéficier d'un traitement spécifique de la part des Etats-Unis en matière commerciale. Il revient désormais à Donald Trump de décider s'il suspend le statut économique spécial de Hong Kong, qui permet actuellement à ce territoire chinois d'être exempté des droits de douane imposés à la Chine continentale.
Selon des informations de presse, Donald Trump n'irait pas jusqu'à révoquer le statut spécial de Hong Kong, mais il pourrait annoncer une série de mesures allant de nouveaux droits de douane à des sanctions contre des personnalités chinoises (limitations de visas, interdictions bancaires...) Les visas de certains étudiants chinois seraient notamment annulés, selon le 'Wall Street Journal'.
La Fed reste prête à accroître son soutien à l'économie
En attendant l'intervention de Donald Trump sur la Chine, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell s'est exprimé lors d'un débat organisé par l'université de Princeton, dont il est diplômé. Il a réaffirmé à cette occasion que la banque centrale américaine était déterminée à faire usage de tous les instruments dont elle dispose pour soutenir l'économie face à la pandémie de coronavirus, une crise dont il a souligné le caractère inédit.
"Il s'agit d'une urgence d'une nature que nous n'avions jamais réellement observée auparavant", a-t-il déclaré. "Nous avons franchi un certain nombre de lignes rouges qui n'avaient pas été franchi auparavant et je suis tout à fait à l'aise avec le fait que nous ayons agi ainsi dans cette situation", a-t-il poursuivi.
Aux Etats-Unis, le bilan sanitaire de la pandémie de Covid-19 continue à gonfler, avec plus de 101.000 personnes décédées, même si le rythme de la pandémie s'est ralenti et que les Etats américains poursuivent leur déconfinement progressif.
Les ménages américains secoués par la crise du Covid-19
Les nombreux indicateurs de conjoncture publiés vendredi ont une nouvelle fois confirmé la chute historique de l'activité pendant la période de confinement. Ainsi, les dépenses personnelles de consommation des ménages ont plongé de 13,6% en avril sur un mois, une baisse historique... Les dépenses avaient déjà baissé de 6,9% en mars, et le consensus s'attendait à un repli de 12,8% en avril.
Quant aux revenus personnels des ménages, ils se sont en revanche envolés de 10,5% en avril par rapport à mars, alors que le consensus tablait sur une baisse de 6,5% ! Cette évolution reflète les aides accordées par le gouvernement pour faire face à la crise, alors que des millions d'Américains ont perdu leur emploi. Enfin, l'indice ajusté des prix 'core PCE' affiche un repli de 0,4% en comparaison du mois de janvier et une hausse de 1% sur un an.
L'indice final du sentiment des consommateurs mesuré par l'Université du Michigan est ressorti à 72,3 en mai, 71,8 en avril mais en-dessous des attentes qui étaient logées à 74. A noter que la composante des anticipations des ménages recule encore, passant de 70,1 à 65,9 , ce qui montre un certain pessimisme des Américains concernant l'amélioration de leur situation économique future. En revanche, les anticipations d'inflation ont grimpé à 3,2% pour l'année à venir, contre 2,1% le mois passé.
Enfin, le déficit commercial s'est creusé à 69,68 milliards de dollars en avril aux Etats-Unis, contre un consensus de 65 Mds$ et après un niveau révisé à -64,98 Mds$ pour mars. Selon le Département au commerce, les importations ont chuté de 14,3% alors que les exportations ont plongé de 25,2%.
VALEURS A SUIVRE
Twitter (-3,4%) continue de souffrir de l'offensive de Donald Trump contre les réseaux sociaux. Le titre du réseau social a perdu plus de 10% en 3 séances depuis le début de son bras de fer avec le président américain. Ce dernier a signé jeudi soir un décret qui facilitera les poursuites judiciaires contre les sites web et les sociétés technologiques. Le texte cherche à réduire le pouvoir des réseaux sociaux en modifiant une loi de 1996, la Communication Decency Act, qui protège les sites internet de poursuites judiciaires concernant les contenus publiés par leurs utilisateurs.
Donald Trump est particulièrement remonté contre Twitter (qu'il utilise pourtant de façon intensive), ce dernier ayant épinglé cette semaine deux tweets de Donald Trump, en estimant que leur contenu méritait vérification ("fact checking"). Facebook et Alphabet (maison mère de Google) ont reculé dans une moindre mesure à Wall Street ces derniers jours.
Vendredi, le réseau à l'oiseau bleu a une nouvelle fois tâclé Trump en apposant un "avis d'intérêt public" sur un de ses tweets relatif aux désordres sociaux qui ont éclaté à Minneapolis, affirmant qu'il violait ses règles concernant la glorification de la violence. "Nous avons pris des mesures pour empêcher que d'autres personnes ne soient incitées à commettre des actes violents, mais nous avons gardé le tweet sur Twitter parce qu'il est important que le public puisse toujours le voir, étant donné sa pertinence pour les questions d'intérêt public en cours", a expliqué Twitter.
Big Lots gagne 1,4% après la publication de résultats nettement supérieurs aux attentes des analystes. Le distributeur discount américain a réalisé sur le trimestre clos début mai un profit de 49,3 M$ ou 1,26$ par titre contre un bénéfice de 15,5 M$ ou un bpa de 39 cents un an plus tôt. Les revenus ont progressé de 11,1% à 1,44 Md$ avec une croissance de 10,3% à périmètre comparable. Le groupe basé à Columbus souligne que l'accélération de l'activité qui a commencé à la mi-avril se poursuit bien que les tendances devraient se modérer pour le reste du trimestre. Sur la période, l'entreprise table sur un bpa compris entre 65 et 80 cents, contre un consensus positionné à 24 cents. A ce stade, la société estime néanmoins qu'elle n'a pas suffisamment de visibilité pour rétablir ses prévisions pour l'ensemble de l'année.
Salesforce.com perd 4,6% après avoir abaissé ses objectifs de chiffre d'affaires et de bénéfices annuels. L'éditeur de logiciels, qui a permis à ses clients de différer les paiements et offert à ses commerciaux une commission exceptionnelle face à la pandémie, vise sur le trimestre en cours un bpa ajusté de 66 à 67 cents pour des revenus allant de 4,88 à 4,93 Mds$, contre un consensus de 74 cents et 5 Mds$. Sur l'ensemble de l'année fiscale, le bpa ajusté est anticipé entre 2,93 et 2,95$ pour des revenus d'environ 20 Mds$, contre au moins 21,1 Mds$ visés précédemment. Sur les trois mois clos fin avril, le groupe californien a enregistré un bénéfice de 99 millions de dollars ou 11 cents par titre contre un profit de 392 M$ ou 49 cents par action un an plus tôt. Les revenus ont bondi de 30% à 4,87 Mds$. Le bpa ajusté s'est établi à 70 cents contre 69 cents de consensus.
General Motors (-2,3%) va augmenter la production de plusieurs de ses modèles après avoir surmonté les difficultés initiales d'approvisionnement en pièces détachées. "Nos procédures de sécurité complètes fonctionnent bien, et nos fournisseurs ont fait un excellent travail en mettant en oeuvre leurs stratégies de retour au travail et leurs manuels de sécurité. Nous sommes maintenant en mesure d'augmenter la production pour répondre à la demande croissante des clients et à la forte demande des concessionnaires", a indiqué le constructeur de Détroit. À partir de lundi, trois usines d'assemblage de crossover aux États-Unis et au Canada fonctionneront avec deux équipes de production, et trois usines d'assemblage américaines construisant des pick-up de taille moyenne et grande passeront d'une à trois équipes. En revanche, cinq autres usines américaines fonctionneront toujours avec une seule équipe.
HP Inc cède 1%. Les derniers comptes trimestriels de la société informatique ont déçu les marchés financiers. Malgré un bénéfice par action supérieur aux attentes, les ventes et les perspectives du groupe sont ressorties inférieures aux attentes des marchés, en raison de la crise du coronavirus. Pour son deuxième trimestre fiscal, le fabricant d'imprimantes et de PC a ainsi vu ses ventes chuter de 11% pour revenir à 12,47 milliards de dollars. Les analystes tablaient sur un revenu de 12,93 Mds$, un chiffre déjà revu en nette baisse par rapport aux 13,9 Mds$ encore attendus fin février, avant les mesures de confinement prises pour faire face au coronavirus. Le bénéfice net a atteint 764 millions de dollars. Après ajustements, le bénéfice par action s'est établi à 51 cents (contre 53 cents un an plus tôt), très supérieur au consensus, qui était logé à 44 cents.