L'Autriche a failli adopter un budget... pour le moins frugal
by Vincent CosteC'est ce qu'on appelle une boulette de taille. Le ministre autrichien des Finances s'est quelque peu emmêlé les pinceaux en oubliant quelques zéros, six pour le coup, dans un chiffre d'importance : celui du premier budget présenté par le gouvernement de coalition entre les conservateurs (ÖVP) du chancelier Sebastian Kurz et les écologistes (Die Grünen).
Que s'est-il exactement passé au Nationalrat ?
Tout avait pourtant bien commencé, hier, pour Gernot Blümel, le ministre des Finances. Le vote du budget qu'il avait présenté était sur le point de se conclure au Conseil national (Nationalrat), la chambre basse du Parlement autrichien. C'est alors qu'un député de l'opposition, membre du parti socialiste SPÖ, a remarqué le détail. L'enveloppe sur laquelle devait se prononcer les élus était de 102 000 euros, loin des 102 milliards qui étaient normalement prévus...
Le lièvre levé, la séance est devenue tumultueuse et l'opposition a réclamé l’annulation du vote... Le texte, révisé, a donc été finalement approuvé ce vendredi matin. Mais, dans la république alpine, de nombreuses voix s'accordent à dire que ce budget, même si il a retrouvé tous ses zéros, ne sera pas de taille pour faire face à toutes les conséquences économiques de la crise du coronavirus.
Vienne, membre du club des "quatre frugaux"
Cette erreur comptable s'est produite alors que ce pays a affiché son opposition et son scepticisme lorsque que la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, avaient présenté leur plan de relance doté de 500 milliards d'euros pour faire face aux effets de la pandémie de Covid-19 sur l'économie européenne.
La proposition de Merkel et de Macron d'émettre de la dette mutualisée entre les pays membres de l'UE pour subventionner les nations les plus touchées par la crise n'a en effet pas reçu un écho positif à Vienne.
Avec la Suède, le Danemark et les Pays-Bas, l'Autriche fait partie des "quatre frugaux", hostiles à l’idée de distribuer davantage l'argent de leurs contribuables. Ces pays, qui sont les plus grands contributeurs nets par habitant de l'UE, envisageraient uniquement des aides aux Etats en difficulté, comme l'Italie et l'Espagne, sous forme de prêts et non de subventions.