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En novembre 2018, un plan d’investissement de 450 millions sur 5 ans avait été annoncé par Carlos Ghosn chez MCA qui était venu accompagné d’Emmanuel Macron. PHOTO ARCHIVES PIERRE ROUANET - VDNPQR

À Maubeuge et à Douai, deux sites Renault dans l’incertitude

Le constructeur automobile français Renault a confirmé ce matin la suppression de 15 000 emplois dans le monde, dont 4600 en France, dans le cadre d’un plan d’économies de 2 milliards d’ € sur trois ans. À Maubeuge et à Douai, les salariés des sites de la région s’inquiètent.

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« Après avoir trop dépensé et trop investi, nous revenons à nos fondamentaux », a résumé Clotilde Delbos, la directrice générale par intérim de Renault. Carlos Ghosn avait fait des volumes une priorité mais la croissance du marché et les résultats n’ont pas suivi. En février, c’est un groupe en surcapacité de production qui avait annoncé ses premières pertes depuis 10 ans, de l’ordre de 141 millions d’ euros. Le départ de 15 000 salariés dans le monde dont 4600 en France doit se faire sans licenciements secs.

L’impact de cette décision dans la région s’est traduit par quelques lignes dans un communiqué de presse. « Renault lance une concertation pour étudier à partir des usines de Douai et de Maubeuge la création d’un pôle d’excellence optimisé des véhicules électriques et utilitaires légers dans le nord de la France. »

Maubeuge Construction Automobile, cette usine désormais inquiète (et à l’arrêt hier), était pourtant sous le feu des projecteurs en novembre 2018 pour une toute autre raison : Carlos Ghosn, alors PDG, accompagné d’Emmanuel Macron, y avait annoncé un investissement de 450 millions d’ euros sur cinq ans. Colossal. Au passage, la performance du site, qui atteint un ratio de 100 véhicules produits par an et par personne, avait été saluée. « Usine la plus performante du groupe en France », « centre d’excellence des véhicules utilitaires légers », la première usine de Sambre-Avesnois se sentait en confiance...

La roue tourne

À une heure de route de là, Renault Douai, était davantage un point d’attention. Les modèles que le site produit (Scenic, Espace et Talisman) sont en perte de vitesse. Moins de 100 000 véhicules assemblés l’année dernière - moins qu’en 2018 - quand plus de 200 000 pourraient sortir des chaînes de production. Il y a quelques jours, dans nos colonnes son directeur, Rodolphe Delaunay, le concédait. « On sait depuis longtemps que la gamme que l’on produit ici va prochainement s’arrêter. On arrive à un point bas de l’usine. » Ainsi va l’industrie automobile  : la roue tourne en fonction du succès des modèles. Le rebond douaisien doit être assuré par l’électrique. « Le groupe a investi des millions d’euros pour transformer l’usine », ajoutait Rodolphe Delaunay. « Nos premiers véhicules électriques sortiront de la nouvelle ligne de production en février 2021 pour une commercialisation annoncée à la rentrée 2021. »

Deux sites presque voisins, deux cas de figure. Paradoxalement, c’est donc bien aujourd’hui l’usine de Maubeuge qui tremble et, avec elle, la première région automobile de France.

Le deuxième constructeur automobile de la région
Le groupe Renault compte trois sites dans la région. Le plus important, celui de Douai, comptait 3115 CDI et CDD (apprentis et alternants) fin décembre 2019. L’année dernière, il a ainsi fabriqué 91 574 véhicules (Scenic, Talisman et Espace) contre 119 639 en 2018 selon le site officiel de Renault. MCA, qui est une filiale de Renault, comptait 1791 salariés (CDI et CDD) qui ont construit 149 741 véhicules en 2019 (Kangoo, Kangoo zéro émission, Mercedes Citan et Nissan NV 250). Enfin, STA, à Ruitz, a produit 63 836 boîtes de vitesses automatiques l’année dernière. Renault se place ainsi comme le deuxième constructeur automobile de la région en termes d’effectifs (derrière PSA) et de production (derrière Toyota).
Les Hauts-de-France forment la première région automobile avec 50 000 emplois dans la filière (dont 18 000 chez les constructeurs) auxquels s’ajoutent 40 000 emplois dans le commerce et la réparation.