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Forem: la Cour des comptes pointe des lacunes dans l’accompagnement des demandeurs d’emploi

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La Cour des comptes a audité la politique wallonne relative à la mise au travail des demandeurs d’emploi par le Forem. A l’issue de son analyse, elle pointe notamment des « lacunes » dans l’accompagnement personnalisé des chômeurs et une organisation « qui n’est pas optimale » depuis que le Forem a hérité de la compétence du contrôle de la disponibilité des demandeurs d’emploi à la suite de la sixième réforme de l’État.

La Cour estime aussi que « l’indicateur des métiers critiques et en pénurie n’est pas assez robuste au regard de l’importance qui lui est donnée dans les politiques récentes de mise à l’emploi des chômeurs ». « Ces métiers ne constituent pas des gisements d’emplois suffisamment importants pour absorber un afflux massif de demandeurs d’emploi et les formations qui y sont liées ne présentent pas des taux d’insertion significativement supérieurs », assure-t-elle.

Entre 2014 et 2018, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés en Wallonie a baissé de 17,3 %. Une proportion importante de demandeurs d’emploi restent cependant éloignés du marché, notamment à cause de leur faible niveau de qualification, ce qui rend leur insertion durable malaisée, constate encore la Cour.

Celle-ci souligne toutefois que l’effet potentiel de la politique publique de mise à l’emploi reste quoi qu’il arrive limité par la faiblesse du nombre d’emplois réellement disponibles.

Il n’en reste pas moins que l’accompagnement personnalisé des demandeurs d’emploi présente des « lacunes », notamment dans l’évaluation des aptitudes et compétences des demandeurs d’emploi, l’identification des freins à l’emploi et la détermination des besoins, poursuit la Cour des comptes.

Selon cette dernière, il n’existe pas non plus de logique de parcours intégré et coordonné vers l’emploi en raison, notamment, d’un déficit de coordination et de communication entre les intervenants, et d’une responsabilisation insuffisante des partenaires internes et externes. « Cette lacune réduit la cohérence et l’efficacité du parcours des demandeurs d’emploi et ne permet pas une utilisation optimale des moyens publics », avertit-elle.

La Cour revient par ailleurs sur le contrôle de la disponibilité des demandeurs d’emploi dont le Forem a hérité à la suite de la sixième réforme de l’État. Actuellement les fonctions de conseiller (accompagnement) et d’évaluateur (contrôle de la disponibilité) sont clairement séparées ; toutefois une partie importante du dossier du demandeur d’emploi demeure partagée.

« L’organisation actuelle n’est pas optimale car elle impose aux évaluateurs de réaliser un bilan des actions du demandeur d’emploi alors qu’il est censé être connu du conseiller, et elle ne favorise par l’intégration des recommandations des évaluateurs dans les plans d’action négociés avec les demandeurs d’emploi. La cohérence et l’efficience du dispositif nécessitent une meilleure coordination des deux fonctions », estime-t-elle à ce propos.

Le rapport a été transmis au Parlement de Wallonie ainsi qu’à la ministre régionale de l’Emploi Christie Morreale et au Forem. Ceux-ci « partagent les constats de la Cour et l’ont informée qu’une réforme importante du processus d’accompagnement est en cours, lequel devrait, à terme, répondre à la majorité de ses recommandations », affirme encore la Cour.

Une affirmation confirmée par les intéressés. « La Cour des comptes fait des audits réguliers. Celui-ci date de janvier 2019 et met en lumière une situation qu’on ne nie pas mais qui a évolué depuis », explique ainsi Marie-Kristine Vanbockestal, l’administratrice générale du Forem. « Nous avons décidé de réformer de fond en comble le système d’accompagnement et nous travaillons d’arrache-pied à ce nouveau modèle même si la crise du coronavirus nous a ralentis », poursuit-elle.

Pour se réinventer, le Forem s’est inspiré du VDAB, son homologue flamand, et met désormais tout en oeuvre pour rapprocher ses deux métiers de base, le contrôle et l’accompagnement, qui s’effaceront au profit d’un accompagnement adapté du demandeur d’emploi. « Tout ça prend du temps, notamment en concertation sociale pour que nos travailleurs adhèrent au projet, et crée beaucoup de changements, ce que nous avons expliqué à la Cour des comptes », souligne enfin Mme Vanbockestal.

« Nous avons travaillé avec tous les acteurs de cette réforme qui est aujourd’hui en cours de finalisation », confirme-t-on enfin au cabinet de la ministre Morreale. Le projet devrait arriver sur la table du gouvernement régional cet été.