Une baleine à bosse de passage à Trois-Rivières

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Trois-Rivières — Fait exceptionnel, une baleine à bosse remonte ces jours-ci le fleuve Saint-Laurent. Jeudi, l’impressionnant mammifère marin a traversé le pont Laviolette à Trois-Rivières sous le regard incrédule de quelques témoins. Loin de son habitat naturel, un cétacé d’une telle taille court toutefois d’importants risques pour sa santé.

Ayant appris la présence d’une baleine dans le fleuve Saint-Laurent par des articles de médias de Québec, Isabelle Denis, la responsable de l’animation communications au Centre de la Biodiversité de Bécancour, s’est rendue jeudi au quai de Sainte-Angèle avec le mince espoir de l’apercevoir.

«Sur place, je prends le temps de photographier un rat musqué dans le fleuve bien tranquille quand au loin, j’entends des gens dire ‘‘elle est là’’. Je cours jusqu’au quai et là, je vois la queue de la baleine plonger», raconte Isabelle Denis encore sous le coup de la surprise.

«Je me précipice plus vers l’avant du quai et là je vois le souffle. Plus de doute c’est bien elle.»

Cette baleine à bosse, dont on ne connaît pas l’âge ni le sexe, a été aperçue à l’extérieur de son habitat naturel il y a quelques jours déjà. Elle a en effet été vue pour la première fois à Québec le 26 mai, près du pont Pierre-Laporte. Le lendemain, elle était déjà dans le secteur de Portneuf toujours en train de remonter le fleuve.

«Jeudi, elle était à Trois-Rivières alors que vendredi, elle était rendue à Sorel», précise Marie-Ève Muller, responsable des communications au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).

Le passage d’une baleine à bosse dans le fleuve Saint-Laurent représente un spectacle exceptionnel, voire unique. Rarement ses congénères vont en amont de Tadoussac, dans un environnement marin. Le GREMM encourage la population à l’observer de la rive, mais rappelle que des lois très sévères régissent l’observation des mammifères marins au Canada. «Les navigateurs de votre région sont sûrement moins au courant de ce règlement. Mais il est interdit de s’approcher au Canada à moins de 100 m d’un mammifère marin. Dans les circonstances, nous demandons de respecter une distance de 200 m avec cette baleine pour éviter de la stresser», explique Marie-Ève Muller.

«On veut qu’elle reste calme pour lui donner le plus de chances de retourner sur ses pas, retourner vers les siens dans son habitat naturel. C’est en lui laissant le plus d’espace qu’elle va pouvoir manoeuvrer comme il faut.»

«Elle est magnifique. On veut juste qu’elle ne soit pas blessée et qu’elle retourne dans l’estuaire maritime. Son passage est quand même inoubliable», note pour sa part Isabelle Denis.

Le GREMM espère que la baleine va par elle-même décider, devant la rareté de la nourriture, de rebrousser chemin. Il est donc important de ne pas perturber sa quiétude. «Elle va sûrement repasser dans les prochains jours dans le coin de Trois-Rivières. Cette baleine n’est pas dans son habitat habituel, elle est dans un environnement plus étroit où il y a beaucoup de trafic maritime», mentionne la porte-parole du GREMM.

«C’est la réouverture des marinas. Il faut vraiment être vigilant à sa présence.»

Des équipes de Pêches et Océans Canada suivent actuellement la progression de la baleine. Ils travaillent de concert avec le GREMM. D’ailleurs tous ceux qui aperçoivent l’animal devraient le signaler à Urgences Mammifères marins au 1 877–7baleines (1-877-722-5346).