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Le Boeing 767 aux couleurs de la compagnie Ceiba Intercontinental quelques instants avant son atterrissage à Bruxelles ce vendredi 29 mai.
© Matteo LAMBERTS

L'étrange ballet se poursuit : le Boeing 767 de Guinée équatoriale de retour à Bruxelles

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Sa présence à Brussels Airport avait suscité de nombreuses questions la semaine dernière, entraînant d’ailleurs un échange de courriels pas franchement cordiaux entre le ministre de la Mobilité, François Bellot, et le médiateur de l’aéroport, Philippe Touwaide. Après avoir survolé, à moins de mille mètres d’altitude, Braine-l’Alleud, Waterloo, Hoeilaart, Watermael-Boitsfort, Auderghem et Woluwe-Saint-Lambert, le Boeing 767 aux couleurs de Ceiba Intercontinental, compagnie blacklistée par l’Union européenne, s’est posé ce vendredi après-midi sur la piste 01 de l’aéroport bruxellois.

S’agissait-il, comme la semaine dernière, d’un " vol d’Etat " ? Ce statut est en principe accordé aux avions transportant un chef d’Etat, mais les Affaires étrangères, qui traitent la demande et délivrent l’autorisation, font preuve d’une certaine " souplesse pour des vols avec à bord des membres du gouvernement et même des hauts fonctionnaires, donc en fait toute délégation officielle".

Précision importante, la demande d’autorisation doit être assortie d’informations détaillées via un formulaire dans lequel il faut notamment préciser de quelles personnalités le vol assure le transport. Tout semblait l’indiquer… sauf que ce vendredi, une heure après l’atterrissage de l’avion, un porte-parole des Affaires étrangères nous communique que " à leur connaissance, il n’y a pas de vol étatique équato-guinéen prévu aujourd’hui". C’est pourtant bien la mention "head of state" qui figure sur le plan de vol de l’avion parti de Malabo quelques heures plus tôt. Voilà un élément de plus à ajouter à la liste des "curiosités" des allées et venues de cet avion en Belgique.

Que transportait réellement l'avion?

Difficile en tout cas d’imaginer que le chef de l’Etat de Guinée équatoriale puisse se trouver à bord de cet avion sans que les Affaires étrangères belges soient au courant. Par ailleurs, selon nos informations, il n’y avait pas non plus de personnalité politique à bord de l’avion la semaine dernière. L’un des pilotes de l’avion nous avait expliqué que le but de ce vol était de "récupérer du fret" et aussi des "cadres de la présidence et des équipages qui travaillent à Malabo (la capitale de Guinée équatoriale) pour l’Etat".

Aux Affaires étrangères, on nous avait précisé qu’il s’agissait d’une "cargaison à visée officielle pour l’Etat de Guinée équatoriale ". Que transportait réellement cet avion ? Le mystère reste entier.


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Pour rappel, toutes les compagnies aériennes de Guinée équatoriale figurent sur la liste noire de l’Union européenne. Ce qui n’empêche pas Ceiba Intercontinental d’assurer une liaison régulière avec l’Europe (Madrid), grâce à ce que l’on pourrait appeler un subterfuge : le vol est fait par un avion immatriculé au Portugal et l’opérateur officiel est la compagnie portugaise White. Mais l’avion, un Boeing 777, est bel et bien aux couleurs de Ceiba Intercontinental.

Tout comme ce Boeing 767 qui s’est donc posé pour la troisième fois en un peu plus d’un mois à Bruxelles, même s’il n’est pas officiellement opéré par Ceiba. Officiellement, la maintenance et le contrôle opérationnel de cet avion ont été confiés au groupe Ethiopian Airlines. Mais l’appareil reste propriété de l’Etat équato-guinéen, qui s’en sert donc à sa guise et traverse quand il le souhaite le ciel européen. Et il a tout à fait raison, puisque, officiellement, tout est parfaitement en règle.