Réouverture des piscines: la douche froide
En annonçant la réouverture possible des piscines dès le 2 juin, Édouard Philippe a suscité beaucoup d’espoirs parmi ceux qui piaffent de piquer une tête. Mais dans les faits, il faudra prendre patience. Très peu de piscines de la région seront prêtes dès mardi.
by Publié leEn écoutant le Premier ministre jeudi, Christian Poiret a bien failli tomber de sa chaise : « On était resté sur l’idée d’une expérimentation du protocole sanitaire sur une vingtaine de piscines en France début juin. Et soudainement, Édouard Philippe annonce que toutes peuvent rouvrir le 2 juin. Mais une piscine, ça ne s’ouvre pas en un claquement de doigts ! », s’empourpre le président de Douaisis Agglo, propriétaire du centre aquatique Sourcéane à Sin-Le-Noble. Et en effet, le ministère des Sports ne fait plus des « piscines test » un préalable, mais un simple « appui et centre de ressource ». Résultat à Douai, on douche les ardeurs : « On rouvrira le 20 juin, avec un protocole précis de l’État et après une réunion avec le gestionnaire de la piscine. Je veux pouvoir tout rouvrir, les bassins de natation comme les espaces ludiques et de détente ».
À Tourcoing-les-Bains, où on est aussi tombé des nues, le directeur de la piscine indique qu’avant toute reprise, le système d’eau chaude sanitaire doit être traité contre la légionelle. Et le plan de reprise d’activité doit encore être finalisé avant d’être présenté à la Ville. Déjà quelques pistes emergent: si le petit et le grand bassin sont quasiment opérationnels, la pataugeoire pour les tout-petits devra rester fermée, faute de pouvoir respecter les mesures de distanciation. Les hammams et saunas ne rouvriront pas. Et la question des toboggans se pose aussi, en termes d’effectifs, car il faudrait deux personnes pour surveiller la distanciation, en haut et en bas.
Douai et Tourcoing ne sont pas les seuls à avoir été pris de court. Dans le Boulonnais, le Calaisis ou le Béthunois, la question « piscine » a créé des remous dans l’ordre du jour des mairies et intercos, provoquant des réunions d’urgence. Rouvrir au grand public dès le 2 juin au matin ? Le ministère des Sports temporise et précise que le calendrier sera propre à chaque collectivité ou exploitant, en fonction du délai nécessaire à la remise en service des équipements après deux mois de fermeture et renvoie à ses sept pages de recommandations.
À Lille, Martine Aubry table ainsi d’ores et déjà plutôt sur le 24 si le « cadre du protocole sanitaire le permet ». Écoles et bassins, même combat. À Roubaix, la seule piscine qui rouvrira à très court, terme, c’est le musée du même nom. « On se gratte la tête, et on va prendre le temps qu’il faut », admet Eric Delbeck, adjoint. Lui a fait ses calculs « Si je veux respecter le protocole, à la piscine Thalassa, je peux accueillir 20 à 25 personnes par heure et demie, plus le temps de la désinfection, avant d’accueillir un autre groupe de 20-25 ». De quoi se poser la question de ne favoriser l’accès qu’aux personnes venant nager ou apprendre à nager « La piscine loisir, ce ne sera pas l’option première. On a aussi des questions de responsabilité sanitaire ». Pour encore quelques jours, voire quelques semaines, il va falloir remiser les envies de plongeon au vestiaire.