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Image d'illustration. Photo ⓒ Brian Inganga/AP/SIPA

Chloroquine : des scientifiques mettent en doute la probité de l’étude de The Lancet

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En plus de l’infectiologue marseillais et de son équipe, de nombreuses voix s’interrogent quant à la méthodologie et les résultats de l’étude américaine, qui a conduit l’OMS à suspendre son essai clinique sur l'hydroxychloroquine. 

Jour après jour, l’entêtement du Pr Didier Raoult à défendre contre vents et marées l’efficacité du traitement à l’hydroxychloroquine sur les patients atteints de Covid-19, et ce malgré la vaste étude de The Lancet infirmant ses résultats, a fini par susciter l’intérêt de quelques observateurs. Passé du statut de saint à celui de charlatan en quelques semaines à peine, Didier Raoult, parmi les infectiologues les plus réputés au monde, continue d’intriguer, rapporte The Huffington Post ce vendredi 29 mai.

« La vérité n’est pas un concept scientifique »

Et si son étude était en fait plus véridique que celle, de grande envergure, publiée par la revue américaine, qui a causé la suspension des essais cliniques par l’OMS et l’interdiction de prescription du médicament par le gouvernement ? En réponse à celle-ci, Didier Raoult s’était empressé, mercredi, de publier sa propre étude à partir des patients qu’il avait pu soigner à l’IHU Méditerranée. Interrogé sur CNews, Philippe Parola, bras droit du microbiologiste marseillais, a ainsi évoqué « plusieurs façons de critiquer » l’étude de The Lancet, arguant que « tout ce qui est dedans est soit faux, soit imprécis, soit maladroit, soit frauduleux ».

« Sur les quatre auteurs [de l’étude de The Lancet], il n'y a pas d'infectiologue », a également taclé Matthieu Million, membre de l’équipe de l’IHU, sur BFMTV. « On a l’impression d’une étude de Big Data où on fournit les données, une étude de haut débit, mais sans aucune précision clinique », a-t-il ajouté, réclamant « plus de transparence » et à ce « que les données soient rendues publiques ». D’ailleurs, rappelle-t-il, « la vérité n’est pas un concept scientifique, en science, on parle de reproductibilité ». 

L’étude de The Lancet, « une merde » aux données « pas fiables » ?

Mais le clan Raoult n’est pas seul à faire front contre l’étude américaine, menée sur 96 000 patients entre décembre et avril dans 671 hôpitaux. « Je ne veux pas qu’on dise que je suis pro-Raoult [...] Mais l’article de The Lancet pose de gros problèmes. Les données sont trop bizarres, pas fiables », reconnaît auprès de France 3 le Pr Philippe Foguel, du CHU de Lille, qui fait valoir que même le très sérieux quotidien britannique The Guardian « a bien vu tous ces problèmes ». Il est catégorique : « Ce papier est une merde en grande partie fabriquée par une firme inconnue qui voulait se faire de la pub ».

Un avis partagé par de nombreux scientifiques à travers le monde, qui demandent des comptes à la société Surgisphere, la société qui a fourni les données reprises par l’étude. Didier Raoult a lui-même pris la parole à ce sujet, s’étonnant sur Twitter de l’absence du moindre témoignage, de la part d’un hôpital partenaire ou d’un médecin, ayant fourni des données pour l’étude. Le directeur de l’IHU Méditerranée Infection a également rappelé qu’une lettre ouverte écrite par une centaine de chercheurs a été envoyée au Lancet et aux auteurs de l’étude.