Renault : les raisons d'un déclin et les clés pour en sortir en chiffres
by Guillaume Petiteuronews_icons_loading
Renault dans la tourmente. C'est la "survie" du groupe qui est "en jeu", de l'aveu même de son patron Jean-Dominique Senard. Miné par une crise de gouvernance, des ventes en baisse, et la crise du coronavirus, le constructeur automobile est au bord du gouffre. Décryptage en graphiques et avec notre invité : Eric Champarnaud, spécialiste du marché automobile et associé co-fondateur du cabinet de marketing C Ways.
Renault a annoncé un vaste plan qui vise à réaliser 2 milliards d'euros d'économies sur 3 ans. Celui-ci inclue notamment la suppression de 15 000 postes dans le monde, ce qui représente 8% des effectifs. 4 600 postes sont concernés en France, ce qui représente là aussi 9,5% de l'ensemble des salariés.
La crise du coronavirus est venue s'ajouter de nouveaux obstacles sur la route de Renault. Au premier trimestre, alors que la Chine puis l'Europe étaient touchés de plein fouet par le Covid-19, les ventes ont reculé de 25% entre janvier et mars 2020 par rapport au 1er trimestre 2019. Et le chiffre d'affaire a chuté de 19%.
Mais les difficultés remontent à bien avant. Modèles dépassés, montée en gamme ratée, partenariat avec Nissan et Mitsubishi qui bat de l'aile avec l'arrestation de Carlos Ghosn : les raisons sont nombreuses La baisse des ventes a été amorcée dès 2018, dans un marché mondial en recul, avant de s'accentuer en 2019.
- Renault a des ratés : des fermetures d'usines ne sont pas exclues
- Les nouvelles ambitions de Renault-Nissan : faire des économies pour être rentable
Mauvaise stratégie ?
"Sous l'ère Ghosn, Renault était dans une course volume, c'était probablement une stratégie opportune quand le marché était en croissance, avec le décollage du brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine et là il y avait des promesses de volume", analyse Eric Champarnaud, spécialiste du marché automobile et associé co-fondateur du cabinet de marketing C Ways.
"Mais cela s'est avéré être une stratégie dangereuse car la croissance n'est pas infinie et il y a des retournement cycliques, on se retrouve aujourd'hui dans une situation où les capacités installées sont excédentaires par rapport à la réponse du marché", ajoute-t-il".
Comment sortir de la crise ?
Alors comment l'entreprise Renault peut-elle rebondir ? Est-ce que l'électrique pourrait constituer un axe de relance ? "Oui, Renault - et l'alliance au-delà - a de sérieux arguments à faire valoir : c'était un pionnier du véhicule électrique,les technologies sont maîtrisées, l'image est installée, donc cela sera un des leviers", explique Eric Champarnaud.
"Mais plus généralement, la stratégie à mettre en place c'est celle qui a été décidée : d'abord en rationalisant les gammes, en étant plus resserré sur des produits que le public attend davantage comme les SUV de milieu de gamme", mais aussi "en optimisant les capacités de production en les rendant pus compétitives, plus productives, plus souples pour réagir aux aléas de la demande", ajoute ce spécialiste.