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Wall Street : fin de semaine dans le rouge

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Wall Street : fin de semaine dans le rouge

(Boursier.com) — Fin de semaine plus compliquée à Wall Street sur fond d'escalade de la tension entre Pékin et Washington. En début de séance, le S&P500 cède 0,69% à 3.009 pts et le DJIA recule de 0,86% à 25.183 pts. Le Nasdaq rend pour sa part 0,42% à 9.339 pts. Les investisseurs sont davantage sur la défensive alors que Donald Trump doit donner dans la journée une conférence de presse portant sur la Chine, deux jours après l'adoption par le parlement chinois de la nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong, qui permet à Pékin d'affirmer un peu plus son autorité sur le territoire.

Le président américain fait d'ailleurs beaucoup parler puisqu'il est également au coeur d'une nouvelle bataille avec les réseaux sociaux, Twitter en tête. Le locataire de la Maison Blanche, qui accuse ces entreprises d'être de parti pris contre les conservateurs sans avancer de preuve, a signé hier soir un décret qui facilitera les poursuites judiciaires contre les sites web et les sociétés technologiques. "Je signe un décret pour protéger et faire respecter le droit à la liberté d'expression du peuple américain. Actuellement, les géants des médias sociaux comme Twitter bénéficient d'une protection sans précédent en matière de responsabilité, basée sur la théorie qu'ils sont une plateforme neutre, ce qu'ils ne sont pas", a ainsi déclaré Donald Trump.

Du côté économique, les nombreux indicateurs de conjoncture confirment la chute historique de l'activité pendant la période de confinement alors que Jerome Powel doit s'exprimer dans les prochaines minutes. Le bilan sanitaire de la pandémie de Covid-19 continue par ailleurs à gonfler outre-Atlantique, où plus de 101.000 personnes ont désormais perdu la vie.

Les dépenses personnelles de consommation des ménages américains ont chuté de 13,6% en avril, contre un repli de 12,8% attendu par le marché, et après une baisse de 6,9% sur le mois précédent. Il s'agit d'une baisse historique pour cet indicateur. D'après le dernier rapport gouvernemental, les revenus personnels des ménages se sont en revanche envolés de 10,5% sur un mois contre une baisse de 6,5% anticipée par le consensus. Une évolution qui reflète les aides accordées par le gouvernement pour faire face à la crise alors que des millions d'Américains ont perdu leur emploi. En outre, l'indice ajusté des prix 'core PCE' affiche un repli de 0,4% en comparaison du mois de janvier et une hausse de 1% sur un an.

L'indice final du sentiment des consommateurs américains mesuré par l'Université du Michigan ressort à 72,3 en mai, contre un consensus de place de 74 et un niveau de 73,7 annoncé initialement. L'indice était tombé à 71,8 en avril. La composante des anticipations recule de 70,1 à 65,9 alors que l'indice des conditions actuelles grimpe de 74,3 à 82,3. Les anticipations d'inflation augmentent à 3,2% pour l'année à venir, contre 2,1% le mois passé.

Le déficit commercial américain pour le mois d'avril s'est de son côté creusé à 69,68 milliards de dollars, contre un consensus de 65 milliards de dollars et un niveau révisé à -64,98 milliards de dollars pour le mois de mars. Selon le Département au commerce, les importations ont chuté de 14,3% alors que les exportations ont plongé de 25,2%.

Les valeurs

* Big Lots gagne 1,4% après la publication de résultats nettement supérieurs aux attentes des analystes. Le distributeur discount américain a réalisé sur le trimestre clos début mai un profit de 49,3 M$ ou 1,26$ par titre contre un bénéfice de 15,5 M$ ou un bpa de 39 cents un an plus tôt. Les revenus ont progressé de 11,1% à 1,44 Md$ avec une croissance de 10,3% à périmètre comparable. Le groupe basé à Columbus souligne que l'accélération de l'activité qui a commencé à la mi-avril se poursuit bien que les tendances devraient se modérer pour le reste du trimestre. Sur la période, l'entreprise table sur un bpa compris entre 65 et 80 cents, contre un consensus positionné à 24 cents. A ce stade, la société estime néanmoins qu'elle n'a pas suffisamment de visibilité pour rétablir ses prévisions pour l'ensemble de l'année.

* Salesforce.com perd 4,6% après avoir abaissé ses objectifs de chiffre d'affaires et de bénéfices annuels. L'éditeur de logiciels, qui a permis à ses clients de différer les paiements et offert à ses commerciaux une commission exceptionnelle face à la pandémie, vise sur le trimestre en cours un bpa ajusté de 66 à 67 cents pour des revenus allant de 4,88 à 4,93 Mds$, contre un consensus de 74 cents et 5 Mds$. Sur l'ensemble de l'année fiscale, le bpa ajusté est anticipé entre 2,93 et 2,95$ pour des revenus d'environ 20 Mds$, contre au moins 21,1 Mds$ visés précédemment. Sur les trois mois clos fin avril, le groupe californien a enregistré un bénéfice de 99 millions de dollars ou 11 cents par titre contre un profit de 392 M$ ou 49 cents par action un an plus tôt. Les revenus ont bondi de 30% à 4,87 Mds$. Le bpa ajusté s'est établi à 70 cents contre 69 cents de consensus.

* General Motors (-2,3%) va augmenter la production de plusieurs de ses modèles après avoir surmonté les difficultés initiales d'approvisionnement en pièces détachées. "Nos procédures de sécurité complètes fonctionnent bien, et nos fournisseurs ont fait un excellent travail en mettant en oeuvre leurs stratégies de retour au travail et leurs manuels de sécurité. Nous sommes maintenant en mesure d'augmenter la production pour répondre à la demande croissante des clients et à la forte demande des concessionnaires", a indiqué le constructeur de Détroit. À partir de lundi, trois usines d'assemblage de crossover aux États-Unis et au Canada fonctionneront avec deux équipes de production, et trois usines d'assemblage américaines construisant des pick-up de taille moyenne et grande passeront d'une à trois équipes. En revanche, cinq autres usines américaines fonctionneront toujours avec une seule équipe.

* Twitter (-1,7%). Nouvel épisode entre Donald Trump et son réseau social favori. Le réseau à l'oiseau bleu a apposé ce matin un "avis d'intérêt public" sur un tweet du président américain relatif à la situation tendue à Minneapolis, affirmant qu'il violait ses règles concernant la glorification de la violence. "Nous avons pris des mesures pour empêcher que d'autres personnes ne soient incitées à commettre des actes violents, mais nous avons gardé le tweet sur Twitter parce qu'il est important que le public puisse toujours le voir, étant donné sa pertinence pour les questions d'intérêt public en cours".

La bataille entre le locataire de la Maison Blanche et Twitter a débuté mardi. A l'approche de l'élection présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis, Donald Trump a posté deux tweets dans lesquels il estimait que les votes par voie postale sont "substantiellement frauduleux". "Les boîtes aux lettres seront pillées, les bulletins de vote seront falsifiés, imprimés illégalement et signés frauduleusement", y écrivait-il notamment. En réaction, Twitter a inséré un symbole près de ces tweets, invitant les internautes à vérifier les faits. Ils étaient renvoyés vers une page web où les propos de Trump étaient réfutés, notamment à l'aide d'articles de presse. Furieux, le président a accusé le réseau social d'interférer dans l'élection présidentielle et de "réprimer complètement" la liberté d'expression.

Bien décidé à ne pas se laisser faire, le président américain a signé dès jeudi soir un décret qui facilitera les poursuites judiciaires contre les sites web et les sociétés technologiques. Le texte cherche à réduire le pouvoir des réseaux sociaux en modifiant une loi de 1996, la Communication Decency Act, qui protège les sites internet de poursuites judiciaires concernant les contenus publiés par leurs utilisateurs.

* HP Inc cède 1%. Les derniers comptes trimestriels de la société informatique ont déçu les marchés financiers. Malgré un bénéfice par action supérieur aux attentes, les ventes et les perspectives du groupe sont ressorties inférieures aux attentes des marchés, en raison de la crise du coronavirus. Pour son deuxième trimestre fiscal, le fabricant d'imprimantes et de PC a ainsi vu ses ventes chuter de 11% pour revenir à 12,47 milliards de dollars. Les analystes tablaient sur un revenu de 12,93 Mds$, un chiffre déjà revu en nette baisse par rapport aux 13,9 Mds$ encore attendus fin février, avant les mesures de confinement prises pour faire face au coronavirus. Le bénéfice net a atteint 764 millions de dollars. Après ajustements, le bénéfice par action s'est établi à 51 cents (contre 53 cents un an plus tôt), très supérieur au consensus, qui était logé à 44 cents.

Malgré une hausse de la demande liée au télétravail (+5% pour les ventes d'ordinateurs portables) pendant les mesures de confinement, le groupe a vu ses ventes d'ordinateurs de bureau plonger de 23% et ses ventes d'imprimantes chuter de 19% par rapport à la même période de 2019. Dans un entretien sur la chaîne 'CNBC', le directeur général de HP Inc., Enrique Lores, a expliqué que le groupe avait eu des problèmes liés à sa chaîne d'approvisionnement, notamment depuis la Chine, mais que malgré cela, la demande de PC avait été forte au T2. Pour le 3e trimestre, HP Inc. prévoit un bpa de 39 à 45 cents, inférieur au consensus (47 cents), et n'a pas fait de prévisions de ventes. Le groupe a aussi retiré sa prévision annuelle compte-tenu des incertitudes liées à la crise du Covid-19.