« Ramdam » revient avec humour sur l’histoire de l’immigration en France
Arte propose une comédie bienveillante sur la rivalité père-fils et leur vision différente de l’intégration.
by Par Catherine PacaryARTE - VENDREDI 29 MAI à 20 H 55
- TÉLÉFILM
Culture des origines contre culture du rugby, rivalité père-fils, regards divergents sur l’immigration, l’islam, la mixité, l’intégration en France : il y a tout cela dans Ramdam. Mais avec le sourire en plus, et c’est cela qui change tout dans cette comédie bienveillante au ton léger.
Pourtant cette association entre humour et islam a longtemps fait peur aux diffuseurs, jusqu’à ce qu’Arte propose à Zangro de faire de son « pilote » (primé à la Rochelle en 2017) un film entier.
Le cinéaste s’est alors entouré de trois scénaristes confirmés (Nacim Mehtar, de La Fin de l’été, et du duo d’Ainsi soient-ils, Vincent Poymiro et David Elkaïm), mais aussi d’un imam, Fouad Saanadi, pour la véracité. Il en résulte une histoire qui s’appuie sur le ressort comique du quiproquo, et quelques clins d’œil – à Rocky, en particulier.
Imam malgré lui
Ainsi Amine (Lyes Salem, maladroit et touchant à souhait), universitaire brillant et ambitieux, a le langage recherché du professeur qui sait tenir ses étudiants en amphi. Mari et père aimant, il va voir son bel équilibre mis à mal par la vente de la maison de famille, qui l’oblige à se rendre à Saint-Marsain, village du Sud-Ouest où il a grandi. Mais, surtout, où il doit rencontrer son père, Rachid, figure appréciée de la commune et président du club de rugby local, qui vit avec sa seconde femme, Monique.
Alors qu’Amine fait tout pour retarder la confrontation, il croise son ami Jemel (Djemel Barek), boucher halal et imam – « Je découpe des merguez le matin et je fais les circoncisions l’après-midi. Le tout est de ne pas se tromper… »
Quand Rachid préempte le local qui sert de mosquée pour en faire une « discothèque » pour ses troisièmes mi-temps, Amine, qui ne comprend déjà pas ce père qui s’acharne à l’appeler François, explose. Au point de devenir imam presque malgré lui.
Le chemin sera long pour que le dialogue s’instaure entre père et fils, séparés par deux visions de l’intégration correspondant à deux époques, deux générations. Le temps pour le téléspectateur de découvrir une pléiade de seconds rôles qui incarnent une société miniature : le maire, le converti « extrémiste », le simplet, l’adjointe, le joueur de rugby noir et musulman, l’épouse peu considérée par son mari – un thème aussi universel que la rivalité père-fils. Dans une comédie légère, en apparence.