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Photo Shelby Duncan

Lujipeka, rap à fleur de peau

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Depuis quelques années, c’est la nouvelle rengaine : sortir un album entre rap et chanson, à mi-chemin entre tendances du moment et sonorités accessibles pour remplir les salles. Si l’exercice peut s’avérer réussi (Lomepal, Roméo Elvis), il donne aussi lieu à des mélanges aussi opportunistes que maladroits.

Difficile de porter ces accusations contre Lujipeka. Voilà déjà plusieurs années que le Rennais explore les frontières entre rap, pop et chanson avec son groupe Columbine, dont les deux derniers albums ont été certifiés disques de platine. Alors que faire au moment de voguer seul avec sa musique ? Sans doute explorer plus profondément ce qui était déjà ébauché avec son groupe, dans ses sonorités et son écriture.

Sur L.U.J.I., premier projet solo du rappeur-chanteur, la mélancolie du chant sous autotune perdure mais l’introspection et les mélodies se diversifient. A fleur de peau et radical dans ses mélanges (le piano-voix autotuné d’Ahou, le très caribéen Rampalampam, la virée techno de Meme), Lujipeka explore le malaise et les questionnements d’un jeune adulte, «petit face à ses doutes».

Il semble moins dans l’urgence qu’au sein de Columbine tout en étant plus conscient du temps qui passe. Les guitares et les pianos synthétiques de sa musique s’entrechoquent avec des rythmiques rap le temps de neuf morceaux faussement naïfs mais brutalement réalistes. Si la musique de ce monde est bien triste, on n’oublie pas de danser dessus. C’est tout le charme de ce premier projet de Lujipeka.