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La France compte une forte diaspora d'origine nord-africaine qui se trouve, à ce stade du déconfinement, exclue des mesures prises concernant la réouverture des frontières. © Fethi Belaid, AFP

Réouverture des frontières extérieures de l'UE : quelles perpectives pour les diasporas ?

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Lors de la présentation de la deuxième phase du déconfinement, jeudi 28 mai, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que la France était "favorable" à la réouverture des frontières intérieures de l'Europe à compter du 15 juin, "sans quatorzaine" pour les voyageurs. Concernant les frontières extérieures, "la décision sera prise collectivement avec l'ensemble des pays européens, à l'horizon du 15 juin", a ajouté le chef du gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a évoqué une éventuelle réouverture des frontières extérieures "avec un léger décalage, peut-être le 1er juillet", assortie "d'une liste européenne de pays d'attention qui feraient l'objet de mesures spécifiques aux frontières de l'espace européen".

Ces annonces sont suivies de très près par les membres des diasporas vivant dans l'Hexagone. En effet, si dès le 19 mai, le Premier ministre portugais, Antonio Costa, assurait sur Twitter que "la diaspora portugaise en France 'pourrait rentrer cet été sans mesure de quarantaine'", la question se pose aujourd'hui pour les pays situés en dehors des frontières européennes. Car si les Portugais représentent la première communauté d'origine étrangère en France, le pays compte également une forte diaspora d'origine nord-africaine qui se trouve, à ce stade du déconfinement, exclue des mesures prises concernant la réouverture des frontières.

La situation épidémique de chaque pays prise en compte

"Nous avons quelques agences de voyage sur ces pays-là", affirme Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde, évoquant des destinations telles que le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, mais aussi le Liban. "La décision les concernant va dépendre de leur situation épidémique."

Interrogé par France 24, Jean-François Rial croit à une réouverture complète de l'espace Schengen au 15 juin, puis une réouverture progressive concernant certains pays hors-UE. "Je pense qu'ils vont ouvrir début juillet un certain nombre de pays qui ne posent pas de problème sanitaire ou qui ont des situations sanitaires très proches de l'Europe où l'épidémie s'écroule", estime-t-il.

Selon lui, la situation des ressortissants étrangers vivant en France, et inversement, pourrait dans tous les cas faire l'objet de dérogations. "Il y a déjà des dérogations", rappelle Jean-François Rial, évoquant le cas des diplomates et hommes d'affaires. Aussi, même si la réouverture des frontières devait se faire de manière progressive et s'étaler dans le temps, "il y en aura forcément pour les 'affinitaires' [dont la motivation principale est la visite à des proches, souvent la famille], pour les Libanais, les Marocains, les Tunisiens… D'autant que l'épidémie dans ces pays est maîtrisée", précise-t-il.

Au Liban, par exemple, seuls quatre nouveaux cas de contamination au Covid-19 ont été recensés en 24 heures, selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié vendredi et confirmant une tendance à la baisse.

Fluctuation des prix

Interrogé sur la reprise progressive des voyages et la potentielle augmentation des prix, Jean-François Rial estime que tout est une question d'offre et de demande. "Il y aura peu d'avions, mais il y en aura peut-être trop par rapport à la demande, donc je pense qu'au début, les prix seront plus bas", explique le PDG de Voyageurs du monde.

Toutefois, celui-ci envisage ce phénomène seulement à court terme. "Les prix pourraient augmenter ensuite parce que la demande va se mettre à croître plus vite que les capacités des compagnies aériennes, qui devront se repositionner", poursuit-il. Jean-François Rial prévoit une hausse des prix à moyen et long terme, se justifiant, selon lui, par la mise en place de taxes écologiques, mais aussi par la baisse de la capacité globale des compagnies aériennes qui, durement touchées par la crise sanitaire, sont nombreuses à avoir fait faillite ou à avoir supprimé des lignes.

"Je ne pense pas que la baisse ininterrompue des prix que l’on connaît depuis vingt ans se poursuive", estime-t-il. "À court terme, peut-être, mais à moyen et long terme, je n'y crois pas beaucoup."