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Jean-Marie Bigard n'exclut pas de prendre la tête d'une révolte populaire contre les élites. Photo © BERNARD FAU / PHOTO12 VIA AFP

Bigard à Valeurs actuelles : “Je suis prêt à être le porte-parole des Gilets jaunes”

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L’humoriste, récent interlocuteur téléphonique d’Emmanuel Macron, se positionne de plus en plus comme candidat à un engagement politique. Sur fond de crise sanitaire, il attaque sans fard le pouvoir : « Ceux qui nous gouvernent ont du sang sur les mains. »

Jean-Marie Bigard est en colère. Sa voix de stentor gronde à l’autre bout du fil. On écarte alors le combiné de notre oreille. Nous le connaissons et imaginons son teint rougi par le courroux, la paume frappant d’un coup sec la table de la salle à manger où il nous avait reçu, ou le revers de sa main essuyant de temps à autres une larme. L’humoriste autoproclamé le plus vulgaire de France est d’une sensibilité bouleversante : « Que veux-tu, je parle avec le cœur », confesse-t-il entre deux emportements.

La rage au ventre

Et il l’a gros, son cœur. Au-delà de sa générosité – l’homme est un des plus importants donateurs individuels de France, capable de signer un chèque à un agriculteur accablé par les dettes, juste parce qu’il aura été retourné par sa lettre – Bigard a la rage. Le monde ne tourne plus rond. Ou plutôt s’emballe de manière déraisonné, façon Derviche tourneurs. Alors Bigard éructe. S’en prend tour à tour aux « guignols qui nous gouvernent préférant mentir sur la dangerosité des masques qu’avouer que l’on en n’a pas », à « ceux qui sabrent le professeur Raoult et sa Chloroquine avec des études foireuses juste parce qu’il casse les couilles des laboratoires avec un traitement en vente depuis 70 ans et qui ne coûte rien ! », à « Big Pharma qui se moque de soigner les gens, parce que tout ce qu’ils veulent c’est engranger les milliards ! », à « ce monde abruti où les intérêts financiers priment sur la santé », à « cette humanité qui va crever à cause de leur cupidité »« Ceux qui nous gouvernent ont du sang sur les mains. Et cette histoire est pire que celle du sang contaminé », conclut-il son réquisitoire. Pour Bigard, pas question de se taire. Même s’il dit connaitre les risques à « trop l’ouvrir » : « en m’attaquant aux puissants comme Big Pharma, je sais qu’on va tout faire pour me nuire, me salir, peut-être même que l’on va me buter ! On me souffle aujourd’hui de faire attention lorsque je prends mon scooter… »

Porte-drapeau des Gilets jaunes

Ses coups de gueule, Bigard les réserve habituellement à ses millions de fans sur les réseaux sociaux. Mais c’est après la diffusion d’une de ses vidéos dans laquelle il interpellait directement le président de la République afin d’obtenir la « réouverture des bistrots » et le droit de « boire un canon en terrasse » qu’il a reçut un appel de l’Elysée. Par ce coup de fil, Macron lui tend le mégaphone sur sa barricade. Alors Bigard, le « révolutionnaire », saisit la tribune qui lui est tendue. Bien sûr, il est étonné que Macron l’appelle. Flatté même. Lui qui fut cloué au pilori il y a encore quelques mois par le tribunal de la bien-pensance après une blague graveleuse commise sur le plateau de son ami Cyril Hanouna. « Chacune de mes vidéos sont vues par 8 à 10 millions de personnes ! », s’enorgueillit l’humoriste « Alors à travers moi, Macron sait qu’il peut sentir le goût du peuple, le questionner. Je suis leur porte-drapeau. Comme tout monarque, il aime prendre la température du peuple. Un peu comme un Louis XI qui se déguisait presqu’en clodo pour savoir ce que l’on disait de lui dans les campagnes et les bas-fonds. Je respecte Macron car il a eu le courage de m’appeler. “ Je vous ai écouté et je vous écoute toujours ”, m’a-t-il dit ». 

Sa colère pourrait-elle le pousser à prendre la tête d’une révolte populaire contre les élites ? De Franchir le pas d’une candidature à la présidentielle en 2022 comme l’ont fait avant lui un Coluche, un Beppe Grillo en Italie ou un Zelensky en Ukraine ? « S’il y a un nouveau monde après cette crise, je veux bien en faire partie. Et si je peux être utile à mon peuple, je le ferai. Le seul parti d’opposition en France, ce sont les Gilets jaunes. Je suis prêt à être leur porte-drapeau. »

De ce qu’ils se sont dit précisément nous ne saurons rien. Bigard réserve l’exclusivité de leur échange à ses fans, lors de son prochain spectacle joué sur la scène de l’Apollo Théâtre et retransmis en streaming à « l’heure de l’apéro » le 20 juin prochain. « Ca sera sans filtre, promet-il, il n’y aura ni censeur, ni CSA, ni Muriel Robin ! ». Il installera sur un tabouret un téléphone rouge « au cas où Emmanuel Macron aurait à nouveau envie de l’appeler et de parler directement au peuple ». Chiche ?