Afghanistan : les talibans mettent fin à une trêve partielle

Les insurgés ont revendiqué une attaque qui a tué 14 soldats des forces afghanes, ce qui met un terme au cessez-le-feu instauré par les talibans eux-mêmes il y a quelques jours.

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Au moins 14 membres des forces afghanes ont été tués vendredi 29 mai dans l’est du pays, selon le gouvernement, lors de la première attaque revendiquée par les insurgés talibans depuis qu’ils ont décrété un cessez-le-feu expirant mardi soir, dont ils n’avaient pas précisé s’il était prolongé.

« La nuit dernière, les moudjahidine ont mené des attaques contre des avant-postes de l’ennemi récemment établis (…) dans la province de Paktia », qui ont été « détruits », a tweeté leur porte-parole, Zabihullah Mudjahid, ajoutant que quatorze soldats afghans avaient été tués et un capturé. Les deux parties en lutte pour le pouvoir en Afghanistan doivent commencer sous peu des discussions bilatérales, suite logique de l’accord entre les talibans et les Etats-Unis signé en février à Doha

« L’ennemi a récemment essayé de s’étendre dans les territoires des moudjahidine », a-t-il justifié dans ce texte. Le ministère de la défense, dans un communiqué, a fait état de 14 tués et 3 blessés dans ses rangs lorsque « les talibans ont violé le cessez-le-feu cette nuit, attaquant un avant-poste de la police de frontières ».

L’assaut a été repoussé, les insurgés souffrant de « lourdes pertes », a déclaré le ministère, quand les talibans affirment ne déplorer que deux morts. Selon le gouverneur du district de Dande Patan, où l’attaque a eu lieu, un « grand » nombre de talibans ont mené un assaut contre un avant-poste tenu par la police des frontières et l’armée afghane.

Des échanges de prisonniers en cours

C’est la première fois que les talibans revendiquent une attaque cette semaine, trois jours après l’expiration d’un cessez-le-feu qu’ils avaient décrété samedi à l’occasion de la fin du ramadan et qui avait été largement respecté de dimanche à mardi, quand il était censé prendre fin.

Les journées de mercredi et de jeudi avaient toutefois été plus calmes que d’habitude, malgré des frappes aériennes suivies d’un assaut au sol de l’armée afghane dans la province de Kaboul (sud), qui avait fait 18 morts parmi les « ennemis », selon le porte-parole de la police provinciale. Quatorze membres des forces de sécurité ont ensuite été tués jeudi dans deux attaques imputées aux talibans par les autorités, mais que ceux-ci n’ont pas revendiquées.

Les deux camps poursuivent en parallèle leurs discussions autour d’un échange de prisonniers – jusqu’à 5 000 talibans contre 1 000 membres des forces afghanes – inclus dans l’accord américano-taliban signé à la fin de février à Doha, mais non ratifié par Kaboul, qui prévoit le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan sous quatorze mois en échange de garanties sécuritaires des insurgés.

Les autorités afghanes avaient libéré lundi et mardi un millier de prisonniers talibans dans l’espoir d’aboutir à une reconduction du cessez-le-feu. Jeudi, 80 policiers et soldats afghans ont été relâchés dans le nord du pays par les insurgés, selon Suhail Shaheen, un autre de leurs porte-parole. Les deux camps ont confirmé des discussions jeudi à Kaboul sur ce sujet.