[Etude] Pour 81 % des avocats, la transformation numérique de leur métier est une priorité

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[Etude] Pour 81 % des avocats, la transformation numérique de leur métier est une priorité© Mateus Campos Felipe-Unsplash

Une majorité d'avocats a plutôt mal vécu le confinement provoqué par la pandémie de Covid-19. D'après un sondage* Ifop commandé la legaltech Doctrine et publié le 29 mai 2020, 88 % des juristes interrogés ont affirmé que cette période a accru les difficultés liées à l'exercice de leur métier.

Dans le détail, les difficultés sont plus marquées auprès des avocats plus âgés (92 % des 50 ans et plus contre 87 % des moins de 50 ans), ceux qui travaillent en individuel (93 % contre 82 % au sein de cabinet de plus de cinq collaborateurs) et ceux qui sont associés ou indépendants, plutôt que salariés.

La communication au centre des difficultés

La communication avec les clients, les fournisseurs, les collaborateurs ou confrères et l'organisation personnelle ont été les deux principales difficultés liées au confinement. Au contraire, pour 81 % des interrogés, l'accès à l'information juridique était facile. Une tendance qui n'a rien d'étonnant car les avocats ont depuis longtemps l'habitude de recourir à des bases de données en ligne. Mais l'accès à l'information juridique pèche sur un point : la publication des décisions de justice. Effectivement, une courte majorité d’entre eux considère que cet accès n’est pas suffisant (56 %), dont près d’un tiers qui affirment qu’il n’est "pas du tout suffisant". En France, l'open data des décisions de justice se fait attendre. Un décret devrait être pris d'ici la fin de l'année, d'après le ministère de la Justice.

La crise sanitaire a montré pour 81 % des avocats interrogés, il était grand temps de transformer durablement ce métier. Respectivement 74% et 70% des interviewés estiment en effet que cette crise sanitaire va modifier durablement les conditions d’exercice de leur métier concernant, de façon générale, la transformation numérique du système juridictionnel mais aussi la transformation numérique des outils de travail. Ces perceptions sont globalement homogènes mais sont toutefois plus affirmées chez les personnes travaillant dans les grands cabinets de 200 salariés ou plus.

Selon le sondage, 86 % des avocats souhaitent accéder à des outils numériques pour "échanger avec des juridictions : magistrats ou greffiers". Ce souhait d’un accès numérique plus conséquent est aussi fortement partagé pour "améliorer sa visibilité en ligne" pour 71 % des avocats, "rechercher des informations juridiques" (69 %), "dialoguer avec des confrères / clients à distance " (68 %) et "suivre ses dossiers" (67 %).

Accéder à des outils de téléconsultation

Les avocats se montrent en revanche partagés sur les outils qu’ils souhaitent acquérir en priorité. Trois outils sont davantage mis en avant par une proportion équivalente de juristes : des outils de téléconsultation avec leurs clients, des services d'aide à la décision et des dispositifs pour améliorer la visibilité et la notoriété en ligne. D’autres outils sont un peu moins mis en avant : un accès plus large à l’information juridique à jour et la possibilité de facturer ses services en ligne.

Les attentes formulées par les avocats interrogés sont de bonnes pistes à exploiter pour les legaltech afin de proposer des services plébiscités par les juristes eux-mêmes. Ces start-up spécialisées dans le droit ont encore beaucoup de mal à décoller en France et le secteur reste concentré dans les mains de quelques jeunes pousses. Fait révélateur : aucune d'entre elles ne fait partie du classement French Tech 120 qui recense les 123 start-up françaises les plus prometteuses. Une des problématiques majeures des legaltech est de réussir à s'imposer face à des mastodontes, les éditeurs juridiques à l'instar de Dalloz, LexisNexis, Lextenso… La crise sanitaire va peut-être rebattre les cartes et laisser plus de place aux innovations proposées par les legaltech.

*Méthodologie : Le sondage a été mené auprès de 853 avocats via un questionnaire auto-administré en ligne du 20 avril au 4 mai 2020.