Abderrahman El Youssoufi. Un homme pragmatique

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Abderrahman El Youssoufi

La qualité première que tout le monde reconnaît à l’artisan de l’alternance est son pragmatisme. Il ne s’est jamais enfermé dans une position dogmatique. Ces deux anecdotes montrent comment il s’est forgé cette conception.

Les journaux

Il était encore enfant et venait d’obtenir son certificat d’études, c’était en 1936. Son père, voyant la table couverte de journaux, ramenés par son frère qui travaillait dans l’édition, lui avait demandé de lui dire ce qu’ils racontaient. Il est tombé pile sur un article parlant du général Franco qu’il a lu comme général français. « C’est çà ton certificat d’études? » lui a rétorqué le papa. Abderrahmane El Youssoufi raconte, dans un documentaire diffusé par 2M, que c’était sa première humiliation. Mais elle lui était bénéfique. Et c’est à partir de ce moment qu’il a décidé de mieux lire et de mieux apprendre.

L’habit européen

Un jour qu’il pédalait sur son vélo, très dur à manier, vers l’usine Cosumar où il était chargé par le parti de l’Istiqlal d’alphabétiser les ouvriers, une jeep américaine, roulant à grande vitesse, lui a fait voler son tarbouche. A l’époque, il s’habillait à la traditionnelle, avec un djellaba qui réduisait, d’ailleurs, disait-il, sa vitesse à la manière d’un parachute. Moment crucial dans sa vie. Désormais, on était dans les années 30, il allait s’habiller à l’européenne.

Pragmatisme

On comprend alors d’où vient son pragmatisme. C’est grâce à ses apprentissages quotidiens qu’il en est arrivé à rejeter l’idée de l’opposition pour l’opposition et à admettre le principe du compromis. C’est pour cela que Hassan II a fait appel à lui pour former le gouvernement d’alternance et que Mohammed VI l’a maintenu. En 1998, très peu de personnes pouvaient penser qu’un parti de l’opposition, l’USFP, pouvait diriger un gouvernement un jour.