Gremlins 2 : la suite géniale qui a tué les suites
by Simon RiauxSi Gremlins est rapidement devenu un classique pour plusieurs générations de cinéphiles, sa suite, après avoir désemparé public comme critique, s’est progressivement imposée un modèle de provocation au culte grandissant.
La cause semble aujourd'hui entendue : Gremlins 2, la nouvelle génération est une merveille baignée dans l'acide. Imaginée par un Joe Dante plus méta et politique que jamais, servie par les incroyables effets spéciaux de Rick Baker, le film a des airs de coup de boule sous LSD, tant chacune de ses scènes semblent pousser l'hallucination plus loin que la précédente.
Pourtant, le film a reçu un accueil glacial de la presse et du public, et a longtemps été regardé de haut. Essayons de comprendre comment et pourquoi il constitue le sommet de la carrière de Joe Dante, et en quoi sa rage rigolarde et punk ont interdit Hollywood de se pencher sur son cas.
GLOIRE AUX GREMLINS
Lorsque le public découvre la mythologie des Mogwai en 1984, il ne fait aucun doute que les Gremlins sont les antagonistes du film de Dante. Bien sûr, ils agissent comme les révélateurs d’une société américaine déprimée, révélant ses failles, ses contradictions et ses névroses, ce qui autorise plusieurs saillies bouffonnes et drolatiques, mais Gremlins contient quantité de scènes franchement angoissantes, à tel point qu’il fut l’une des œuvres poussant le MPAA à mettre en place la restriction PG-13, de nombreuses associations estimant que le cinéma maltraitait ces chères têtes blondes.
Quand démarre la production de Gremlins 2 en 1989, la situation a bien changé. Le réalisateur a refusé initialement de réaliser cette suite, désireux d’explorer d’autres territoires et pas convaincu que le récit initial nécessite d’être prolongé. Les producteurs ont cherché en vain un réalisateur et des concepts capables de reprendre le flambeau. Ils envisagent d’expédier les bébêtes à Las Vegas, sur Mars, espèrent que Chris Columbus pourra une nouvelle fois se charger de l’écriture, mais toutes ces pistes échouent ou se révèlent insatisfaisantes.
Quand il accepte de reprendre les rênes du projet, en échange d’un contrôle créatif accru, Joe Dante sort de Les Banlieusards, (excellent film récemment réhabilité, après quasiment deux décennies d’amnésie). Il y a parfait son art de la mosaïque stylistique et proposé une vision très politique de la ville américaine, véritable bouillon de culture névrotique. Deux ingrédients qui vont prendre tout leur sens et s’épanouir avec Gremlins 2.
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