Maneater : du fun et du sang, notre test
Avec Maneater, le studio Géorgien de Tripwire nous met dans la peau d'un requin affamé d'évolution, et si le concept paraît simple et loufoque, il s'avère que le jeu n'est au final pas si bête !
by ShortyLCDGEn 2014 sortait sur PC un petit jeu multijoueur appelé Depth dans lequel un joueur incarnait un requin face à quatre joueurs chasseurs. Le succès avait été au rendez-vous et une extension d’un mode solo était lancée. Malheureusement, l’équipe se sépare, mais le projet va survivre grâce à Tripwire, qui va faire le pari fou de continuer le développement pour donner finalement naissance à Maneater. Sorti le 22 mai 2020, le jeu fait pas mal parler de lui de par son aspect original et déjanté, on ne pouvait donc pas passer à côté de la hype et on s'est lancés dans l'aventure aquatique. Que l'on soit plutôt sushis ou bifteck, il y en a pour tous les goûts !
Incarner un prédateur
La première chose à savoir, c’est que Maneater est bel et bien un RPG, avec un système d’évolution et d’amélioration. Requin bouledogue de notre état, le but principal du jeu va être de manger des créatures marines pour gagner de l’expérience. Celle-ci est divisée en quatre ressources que l’on va récolter en mangeant différents animaux : les graisses, les protéines, les minéraux, et le mutagène X que l’on ne trouve que sur les animaux albinos. Chacune de ces ressources est utile pour un type d’amélioration, il est donc important de varier son alimentation en mangeant … de tout ! Le premier aspect que l’on découvre en prenant le jeu en main, c’est les sensations de nage et la maniabilité de l’animal. Celles-ci sont bonnes, tout à fait fluides, et nous donnent tout de suite une sensation de puissance et de domination des mers. Cela va encore plus s’agrémenter quand on va commencer à manger des trucs : les mouvements du requin, les bruitages, les effets visuels … jamais déchiqueter une proie n’aura semblé si immersif ! Seul hic, comme bien souvent, la caméra fait des siennes et il va parfois être très compliqué voire même pénible de recentrer sa vue. Par exemple, il est possible de verrouiller des ennemis que l’on affronte, mais ce verrouillage s’annule dès que l’adversaire passe derrière nous ou effectue un dash et il va donc falloir manuellement le retrouver puis appuyer de nouveau sur la touche de verrouillage … Certains combats pouvant durer plusieurs minutes, ça devient fatiguant ! À part ce défaut, la maniabilité est bonne, immersive, et on n’est pas limités à la simple nage mais aussi aux sauts hors de l’eau, des esquives, et la possibilité de ramper sur le sol pour atteindre nos proies ou traverser une zone, tant que l’on a de l’oxygène en réserve ! Un gameplay satisfaisant et énergique qui ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer !
Un vrai système de combat
Autant on peut manger les proies telles les poissons ou les tortues sans problème, autant certaines créature aquatiques vont nous faire un peu plus galérer. Alligators, barracudas ou autres requins font partie de la liste des prédateurs concurrents et agressifs avec lesquels il va falloir se battre ! Esquiver et attaquer au bon moment, prendre le temps de reculer quelques instants le temps de trouver de la poiscaille à avaler pour regagner de la vie en cas de difficultés … Il ne suffit pas de foncer sur le bestiau et de le mordre pour que ça fonctionne, surtout si l’adversaire a un niveau plus élevé que le nôtre ! Certains combats peuvent ainsi durer plusieurs minutes, c’est généralement le cas quand on affronte le boss de la zone et qu’il a plusieurs niveaux de plus ! Outre les créatures marines, on est aussi amenés à affronter des ennemis humains ! En effet, un peu comme dans un GTA, le fait de dévorer des baigneurs ou des adeptes du jet-ski, fera monter la jauge de menace, et des chasseurs de requins viendront pour tenter de nous bolosser ! Armés de fusils et de harpons, il va falloir faire preuve d’esquive pour ne pas se prendre leurs rafales ! Quand la barre de menace atteint un certain point, elle débloque l’arrivée d’un chasseur d’élite, censé être plus balèze que les chasseurs ordinaires, et manger celui-ci rapporte des tonnes d’XP et permet d’accéder au chasseur suivant (la liste des chasseurs élite est affichée dans un tableau que l’on peut consulter à tout moment). Dans l’ensemble, ça reste quand même assez simple tant que l’on affronte des ennemis de notre niveau ou avec un ou deux niveaux de plus, le jeu a pour vocation d’être un défouloir armé de fun, pas un « die and retry », mais certaines confrontations vont quand même être tendues et nécessiter de la prudence.
Un contexte intéressant
Un détail quand même important à préciser, c’est que l’univers de Maneater est un open world. Pas forcément gigantesque, sa taille reste largement satisfaisante avec ses huit zones interconnectées par des tunnels dont l’accès devra être débloqué au fur et à mesure du jeu. La qualité graphique est d’ailleurs à relever, outre l’aspect aquatique très bien réalisé, avec une eau bien reproduite, les décors environnants sont plutôt réussis et dépaysants. Qu’on se trouve dans les eaux vaseuses du Bayou, ou sur les côtes de ce qui semble être Miami, chaque zone a une identité graphique propre avec de beaux effets de lumière et des détails sympathiques, notamment dans les grottes où l’on doit se rendre pour évoluer, dont l’intérieur est décoré selon le thème de la zone où on se trouve. Cette map regorge d’objectifs secondaires et d’objets à ramasser pour gagner de l’expérience, de quoi donner la fièvre collectionneuse aux joueurs les plus avides de complétion. Autre élément qui fait de Maneater un jeu pas si basique, c’est qu’on suit une histoire ! Protagoniste principal et ennemi juré de notre poisson carnivore, Pete l’Écailleux est un chasseur de requins renommé mais qui a une dent contre nous … vu qu’on lui a mangé la main ! En même temps, il venait de tuer notre maman ! Il cherche donc à nous trouver pour se venger et rétablir l’affront qu’on lui a fait. Ce qui est marrant et assez bien pensé, c’est que l’histoire est racontée et suivie en mode reportage-téléréalité. Cet aspect documentaire déjanté est omniprésent dans l’ensemble du jeu, on aura droit à des commentaires à la fois instructifs et humoristiques tout au long de nos péripéties, et c’est d’ailleurs Chris Parnell (Cyril Figgis dans « Archer » ou encore Jerry Smith dans « Rick & Morty ») qui a fait les voix !
De poisson à machine de guerre
Au fur et à mesure de notre avancée dans le jeu, notre requin change de taille, allant de « enfant », vulnérable et frêle, à « ancien », véritable baroudeur des mers à la taille conséquente. Avec cette croissance viennent aussi des améliorations, déblocables en tuant certains ennemis d’élite, ou en accomplissant des objectifs. On a d’une part les améliorations d’organes, comme par exemple un sonar qui va nous permettre de scanner la zone et trouver les objets à collecter comme les coffres, et d’autre part les panoplies complètes que l’on va équiper sur ses nageoires, sa mâchoire … et qui offrent des bonus bien distincts comme par exemple une augmentation des dégâts contre les bateaux, ou encore la faculté d’empoisonner les ennemis pendant quelques secondes ! Pour chopper ses améliorations et « sets d’armure », il va falloir pas mal de ressources et donc un peu de farming sera nécessaire, de quoi rendre le jeu addictif bien que sa recette de base soit assez répétitive. Des véritables composants RPG qui vont permettre de transformer son requin en machine de guerre aquatique qui détruira tout sur son passage et procurera encore plus de sensation de puissance !
Ça vaut le coup ?
Maneater est une bonne surprise, car sur le papier, on pouvait s’attendre à un basique jeu d’arcade où tout est vu en deux heures. Au final, bien que l’ensemble reste quand même un peu répétitif, le jeu est un bon défouloir, le genre de créations où on met son cerveau de côté pendant quelques heures juste pour passer un bon moment dans la peau d’un requin, mais avec tout de même une bonne réalisation. Les graphismes sont très beaux, le jeu assez agréable malgré les problèmes de caméra, et finalement avec tout ce qu’il y a à faire et à récolter, on ne voit pas trop les heures passer ! Maneater vous garanti une bonne dose de fun, si vous êtes prêt.e.s à y mettre le prix (un peu moins de 40 euros), d’autant plus qu’apparemment le studio est déjà en train de travailler sur des nouveaux éléments à intégrer au jeu !