https://phrnleng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/05/29/node_43739/3015038/public/2020/05/29/B9723588514Z.1_20200529111015_000%2BG44G309HR.1-0.jpg?itok=TWjnRcxn1590756625
De gauche à droite : Marine, Mickaël, Alain, Cyril et Clément.

À Calais, Pain et partage est déconfiné mais inquiet

by

Pour l’entreprise d’insertion boulangère, l’année 2020 s’annonçait sous les meilleurs auspices, avec équipe et matériel rodés. Mais le virus lui a mis un sévère coup d’arrêt.

https://phrnleng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/05/29/node_43739/3015038/public/2020/05/29/B9723588514Z.1_20200529111015_000%2BG44G309HR.1-0.jpg?itok=TWjnRcxn1590756625
De gauche à droite : Marine, Mickaël, Alain, Cyril et Clément.
https://phrnleng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/05/29/node_43739/3015039/public/2020/05/29/B9723588514Z.1_20200529111015_000%2BGRFG34C8T.1-0.jpg?itok=tKc5WOD31590756625
https://phrnleng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/05/29/node_43739/3015040/public/2020/05/29/B9723588514Z.1_20200529111015_000%2BGRFG34C8S.1-0.jpg?itok=8hIDK7fN1590756625
https://phrnleng.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles_v2/ena_16_9_extra_big/2020/05/29/node_43739/3015041/public/2020/05/29/B9723588514Z.1_20200529111015_000%2BGRFG34CAQ.1-0.jpg?itok=a8_HzBue1590756625

LES FAITS

Pain et partage produit du pain depuis 2017 avec des travailleurs en insertion. Ils fournissent notamment les cantines scolaires, les Ehpad et la Vie Active.

L’entreprise a perdu beaucoup de commandes suite au confinement. Ils craignent notamment que le secteur touristique (hôtels, campings…) ne réduise sa demande.

Ils espèrent donc recevoir la clientèle des restaurateurs quand ils rouvriront, au moins pour survivre à la période estivale.

Commandes surclient-calais@painetpartage.eu ou au 06 85 93 57 64. Pour les livraisons, 07 84 44 75 97.

Ils dépendent avant tout de la restauration scolaire du Calaisis, jusqu’aux confins de l’Audomarois et du Boulonnais. Mais aussi du secteur touristique : la base de voile VVF de Blériot, Eurotunnel ou les campings figuraient parmi leurs meilleurs clients au printemps et à l’été.

Alors leur carnet de commandes a été durement touché par le coronavirus, et ce au moment où ils voyaient la lumière au bout du tunnel…

Coup d’arrêt aux commandes

« On a commencé en mai 2017, et nous avons commencé à vraiment prendre de l’essor en 2019. On avait débuté avec deux personnes en insertion, on est montés à cinq. Mais surtout, fin 2019 début 2020, on a changé complètement notre fusil d’épaule sur la méthode de fabrication, on a refait tout l’outillage grâce à une aide de l’État, on a pu revoir toute notre gamme de pains, travailler le côté artisanal… On avait d’ailleurs d’excellents retours de nos clients sur nos pains à l’ancienne. Et puis le virus est arrivé et tout est allé très vite… », résument Alain Cammas et Cyril Collet, respectivement responsables de l’aspect commercial et de la fabrication du pain.

D’abord, les commandes s’interrompent très vite dans les établissements scolaires, « il restait bien trois Ehpad, mais ce sont de petites quantités. Avant la crise on faisait 500 à 600 pains, plus 300 à 400 baguettes. Là, on est à 100 pains et zéro baguettes, plus quelques baguettines pour la vie active. »

« À chaque fois qu’on sort la tête de l’eau, on replonge direct ! C’est à croire qu’il y a une malédiction ! »

Ces livraisons, destinées aux migrants, ont aussi beaucoup décru pendant le confinement. De plus, certains des nouveaux équipements commandés grâce à l’aide de l’État se retrouvent bloqués à la frontière.

Mais Pain et partage a continué à travailler à cadence réduite : « Quatre employés sur cinq acceptaient de bosser pendant le covid – on ne fait pas du pain en télétravail ! Même si les commandes étaient réduites, on n’a pas voulu lâcher, déjà pour que le matériel ne reste pas à l’arrêt trop longtemps, on a d’ailleurs peur que le four ne redémarre pas ! »

Mais aussi pour la dynamique des travailleurs en insertion : « Les gens aussi doivent garder le rythme, le but de l’insertion c’est de retrouver le rythme de la vie active. »

Appel aux restaurateurs

Forcément, Alain Cammas se pose des questions : « À chaque fois qu’on sort la tête de l’eau, on replonge direct ! C’est à croire qu’il y a une malédiction : la dernière fois, c’étaient les dégradations, maintenant c’est le covid… »

Il estime que les pertes de Pain et partage, du 17 mars à fin mai, se chiffrent à 48 652 euros. S’il n’est pas question d’enrichissement personnel – il est bénévole, tout comme Anne Lecerf, qui gère les dossiers administratifs, de financement et d’insertion. « On n’a pas de but lucratif à proprement parler, c’est surtout une question d’emploi : plus on travaille, plus je peux embaucher. En temps normal, par exemple, Cyril aurait déjà eu son CDI… »

Il insiste là-dessus : ce n’est pas de l’argent qu’il demande, il se dit plutôt bien soutenu, à la fois par l’État, le Département, la Région ou la mairie de Calais, à coups de commandes ou de subventions. « Il y a bien le prêt garanti par l’État, mais sans savoir si on sera capables de rembourser, je n’ose pas y toucher… La Direccte, pour l’insertion, est compréhensive aussi, mais ce ne sont pas des aides qu’on veut, c’est des commandes. »

Ils lancent un appel aux restaurateurs du Calaisis, alors qu’Édouard Philippe lève le voile sur les modalités d’une reprise d’activité. « On en appelle à la solidarité des restaurateurs calaisiens, on a besoin de travailler ! »