«Pour sauver notre capacité à innover, appliquons les remèdes de 2008». La tribune de Julien Pierrepont
« En 2008, dans le cadre du plan de relance, une série de facilités avaient permis de soutenir nos entreprises innovantes et avaient sauvé bon nombre d’entre elles du dépôt de bilan »
by Julien PierrepontBeaucoup de nos entreprises innovantes jouent aujourd’hui leur survie. Frappées comme d’autre part la paralysie qu’impose le Covid-19, ces pépites, qui incarnent l’attractivité de la France, ont un besoin urgent de trésorerie.
Certes, le gouvernement a réagi, vite et bien. Cependant, pour ces sociétés innovantes, l’octroi des fameux Prêts Garantis par l’Etat (PGE) n’est pas toujours assuré, ni aisé. Chez les banquiers, une sincère volonté côtoie une récurrente frilosité.
Pourquoi alors ne pas recourir aux remèdes appliqués avec succès lors de la crise bancaire et financière de 2008 qui avait précipité le monde au bord de la faillite. Les avis sont unanimes pour reconnaître que le gouvernement d’alors avait bien agi. D’autant que la crise économique dans laquelle nous précipite un peu plus chaque jour l’épidémie pourrait être encore plus sévère
En 2008, dans le cadre du plan de relance, une série de facilités avaient permis de soutenir nos entreprises innovantes et avaient sauvé bon nombre d’entre elles du dépôt de bilan.
Ainsi, dès la première année, le remboursement immédiat des créances relatives au Crédit d’Impôt Recherche (le premier dispositif utilisé par les sociétés innovantes) et au Crédit d’Impôt Innovation avait été accordé à l’ensemble des entreprises.
Liquidités. Dans son rapport de 2013 sur le CIR, la Cour des Comptes a mis en lumière les effets positifs de cet apport rapide de liquidités permettant aux entreprises de pouvoir tenir leurs échéances et de poursuivre leurs activités de Recherche et Développement.
Dans le cadre du Crédit Impôt Recherche, le coefficient de valorisation des dépenses de personnel affecté à la Recherche et au Développement s’élevait en 2008 à 75 %
Si on l’appliquait aujourd’hui, lissée sur trois ans, une telle mesure n’entraînerait aucune augmentation du coût du dispositif pour l’Etat. En revanche, les entreprises seraient mieux armées et pourraient déporter leurs ressources scientifiques sur les activités d’innovation, préparer le monde d’après et anticiper la reprise de la demande.
Surtout, dans le cadre du Crédit Impôt Recherche, le coefficient de valorisation des dépenses de personnel affecté à la Recherche et au Développement s’élevait en 2008 à 75 %. Il est aujourd’hui à 43 % et devrait encore baisser.
Un sacré coup de rabot à la compétitivité de la France puisque l’un des indicateurs d’attractivité le plus suivi par les investisseurs étrangers est précisément le coût du chercheur. D’où la nécessité d’augmenter à nouveau cette prise en charge des dépenses de personnel.
De chaque crise il faut tirer des enseignements. 2008 nous a beaucoup appris. Ces mesures ont fait leurs preuves. Il serait bon de les utiliser à nouveau pour défendre notre capacité à innover. C’est aussi sur ce terrain que se joue notre souveraineté.
Julien Pierrepont est directeur de l’activité Innovation du cabinet Leyton.