Plan d'économies de Renault : "Ce qui inquiète le plus, c'est l'absence de stratégie industrielle de l'entreprise", selon la CFDT

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Le syndicat attend avec impatience l'arrivée du futur directeur général pour "mettre du liant".

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L'usine Renault de Choisy-le-Roi, photographiée le 21 mai 2020. (MICHEL STOUPAK / AFP)

"Ce qui inquiète le plus, c'est l'absence de stratégie industrielle" de Renault, déplore vendredi 29 mai sur franceinfo Franck Daoût, délégué syndical central CFDT chez Renault. La direction a annoncé un plan d'économie de 2 milliards d'euros. Il prévoit la suppression de 15 000 postes dont 4 600 en France, et la restructuration de plusieurs sites, dont ceux de Choisy-Le-Roi (Val-de-Marne), Flins (Yvelines) et Douai (Seine-Maritime). Il dénonce "une casse sociale, au-delà-des emplois" et menace de bloquer des sites "si c'est la solution pour se faire entendre".

franceinfo : Vous êtes sur le site de Choisy-Le-Roi, qui devrait fermer. Quel est état d'esprit des salariés ?

Franck Daoût : C'est comme les copains de l'Alpine à Dieppe [site également menacé]. C'est-à-dire qu'ils ont fait le boulot dans une usine qui fonctionne, qui est reconnue comme fonctionnant très bien et voire même qui fait du business. Et là on leur dit "vous ne faites plus partie de l'échiquier". C'est de la colère, de l'incompréhension, de l'inquiétude, voire même de la tristesse. Mais on n'en est pas encore là, parce que je vous rappelle quand même que l'entreprise n'a pas dit qu'elle allait fermer. Ce qu'elle dit, c'est qu'on va discuter sur les quatre sites concernés. Il faut qu'on discute, qu'on propose des scénarios alternatifs. On ne peut pas comme ça décider d'un seul coup de fermer des sites sans aucune stratégie. C'est une casse sociale, au-delà-des emplois, parce que les emplois ne sont qu'une conséquence. Ce qui inquiète le plus la CFDT, c'est l'absence de stratégie industrielle de l'entreprise.

Si ce projet est mené à bien, ce ne seront que 300 000 voitures particulières Renault qui seront fabriquées en France. Aujourd'hui c'est plus de 2,5 fois plus. On ne peut pas accepter ça.Franck Daoût, délégué syndical central CFDT chez Renaultà franceinfo

On va se battre pour que ces sites perdurent, pour que Flins ait un avenir, il doit être un complément de Douai. On va se battre pour que les salariés aient un avenir professionnel et un avenir citoyen. Parce que ce sont des territoires complets qui vont être sinistrés.

Comment comptez-vous vous faire entendre ?

Bloquer le système, ça serait le signe d'un échec total, j'espère qu'on n'en arrivera pas là. Mais si c'est la solution pour se faire entendre, il faudra en passer par là. Et d'ailleurs, le site de Choisy ce matin a été bloqué. Le site de Maubeuge également et demain, il y aura une manifestation à Maubeuge. Il est clair qu'on ne peut pas laisser faire les choses. Il faut qu'on soit entendu. On n'a pas été entendus dans la préparation de ce dossier. On n'a même pas été mis au courant. On l'a appris par la presse, ça déjà, c'est scandaleux. Ensuite, sur le maintien, sur le travail de perspectives sur ces sites, il faut qu'on soit consultés. On a des choses à dire.

Qu'est-ce que vous proposez, vous auriez misé sur l'électrique ?

L'électrique, bien sûr, mais ce n'est pas ce qui est en train de se dessiner à Douai. Douai, c'est 300 000 voitures maximum. Quand on voit les voitures qui sont faites à Douai, c'est gros SUV haut de gamme, qu'on ne vendra pas à 300 000 exemplaires, même si c'est la remplaçante de la Zoé. Ca ne tiendra pas la route de toutes façons.

Il est temps que Luca De Meo, [le futur directeur général] arrive et qu'il mette un peu de un peu de liant là-dedans. Parce que là, ça part dans tous les sens. Franck Daoût

Le fond du sujet c'est pas les emplois, c'est vraiment la stratégie industrielle en France. Il faut qu'il y ait du dialogue social avec les partenaires sociaux, avec les pouvoirs publics, avec les territoires. Parce qu'il n'y a que comme ça qu'on va y arriver, avec l'intelligence collective. Même les directeurs d'usines, qui sont concernés, l'ont appris dans la presse. Donc, ça veut dire qu'aujourd'hui dans cette entreprise, il n'y a que quelques personnes qui décident de l'avenir de Renault, ce n'est pas une solution.

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