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«Ces actes relèvent d’un manque de compréhension de toutes les informations relayées à propos de la maladie»

ABDOU KHADRE SANOGO, SOCIOLOGUE, SUR LES OPPOSITIONS AUX ENTERREMENTS DE VICTIMES DE COVID-19

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Le refus d’inhumation de personnes décédées de la Covid-19, noté dans certains quartiers de la banlieue, «relève foncièrement d’un manque de compréhension de toutes les informations relayées à propos de la maladie», analyse le sociologue Abdou Khadre Sanogo.

A son avis, il y a également un problème de perception et de représentation de la maladie. «L’étiquetage, la marginalisation, le rejet et l’exclusion vis-à-vis des malades du Coronavirus sont davantage notoires dans notre société. L’esprit de sectarisme a été également manifeste. Ce qui est très regrettable et scandaleux. Le territoire sénégalais appartient à tous les citoyens», souligne-t-il.

Toutefois, ces faits ne traduisent pas l’effritement des valeurs, selon lui. Mais, il tient à préciser que c’est une question d’appropriation de ces valeurs qui se pose. «On les convoque quand cela nous arrange, mais on s’en défait dès qu’elles doivent s’imposer à nous... Les normes et valeurs qui les confortent doivent transcender nos désirs, émotions, pulsions ou sentiments. Hélas, cela n’est pas perçu ainsi par la plus grande partie de la société sénégalaise», regrette-t-il.

La stigmatisation et cette mauvaise perception, qu’ont les gens de la maladie, peuvent être changées si on met l’accent sur les mesures prises pour empêcher la contamination à travers les corps. «Si, dans la sensibilisation, on arrivait à montrer comment on enterre les morts de Covid-19, en conformité avec leurs croyances religieuses et en respect du protocole, certainement cela aurait pu changer la perception erronée des uns et des autres. A coup sûr, il y a eu un déficit d’informations ; et cela incombe à l’État et sa forme défectueuse de communication», avance-t-il.