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Un terrain de football déserté à Poissy (Yvelines), le 17 avril. FRANCK FIFE / AFP

« Phase 2 du déconfinement » : « Retour de la vie sportive » sans reprise des championnats

Edouard Philippe a annoncé, jeudi 28 mai, la réouverture des salles de sport, gymnases et piscines dès le 2 juin en zone verte, dès le 22 juin en zone orange.

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Si certains espéraient encore la reprise des grands championnats de sports professionnels, ils en ont été pour leurs frais. « Il ne m’appartient pas de me prononcer sur les décisions des ligues et des fédérations », a balayé, jeudi 28 mai, Edouard Philippe, lors de la présentation de la deuxième étape du plan de déconfinement, mise en œuvre le 2 juin.

« Il me semble que pendant près de deux mois et demi, les championnats et les compétitions ont été interrompus pour d’excellentes raisons. Je l’assume parfaitement », a répondu le premier ministre à la question de savoir si le gouvernement ne s’était pas « précipité à siffler la fin de saison » 2019-2020 de Ligue 1, arrêtée le 30 avril sur une décision de la Ligue de football professionnel (LFP) dictée par les premières annonces du plan de déconfinement faites, deux jours plus tôt, par Edouard Philippe.

Football : pas de « redémarrage de la saison »

C’est un nouveau désaveu pour Jean-Michel Aulas, qui plaide depuis un mois pour une reprise à huis clos du championnat de France en juillet. Jeudi, le président de l’Olympique lyonnais en a, une nouvelle fois, sur son compte Twitter, fait la demande à la ministre des sports, Roxana Maracineanu, citant en exemple la Premier League anglaise, dont la reprise le 17 juin venait d’être révélée deux heures plus tôt par les médias britanniques. Fin de non-recevoir de la LFP, qui a rappelé jeudi soir qu’il n’était « pas question d’envisager un redémarrage de la saison ».

Au cours de sa conférence de presse, Edouard Philippe, s’il a de nouveau fermé la porte à la reprise des championnats, a toutefois parlé d’« un retour progressif de la vie sportive », annonçant la réouverture des salles de sport, des gymnases et des piscines dès le 2 juin en zone verte, le 22 juin pour les zones orange (Ile-de-France, Guyane et Mayotte). Une bouffée d’oxygène pour les entreprises du secteur, « durement touchées par la crise », déclare le syndicat Union Sport et Cycle, qui estime à près de 30 % les risques de « défaillance économique » depuis le début de la crise.

Sports de contact encore interdits

En revanche, les « sports de contact », selon l’expression du premier ministre, et notamment certains sports collectif (football, rugby, basket, handball), demeurent interdits, « parce qu’ils ne permettent pas, par nature, de respecter la distanciation physique », a fait valoir Edouard Philippe. A titre dérogatoire, les sportifs de haut niveau et professionnels sont désormais tous autorisés à reprendre l’entraînement le 2 juin, « dans le cadre d’un protocole médical strict ». Les sports de combat entrent évidemment dans cette catégorie de sports de contact. Si « leur pratique, dans toute l’envergure de la technique, demeure impossible avant le 22 juin », comme le rappelle Dominique Charré, directeur technique national de la Fédération française de karaté, c’est quand même le soulagement qui domine.

Déjà, parce que les propos de la Roxana Maracineanu avaient inquiété : « La ministre des sports avait dit qu’il faudrait attendre le vaccin avant de reprendre, ça avait jeté un froid dans le monde sportif. A la vitesse où l’on déconfine, j’ai quand même l’impression que ça va aller très vite », dit Dominique Charré. Et ensuite, parce que la crainte des sports de combat d’être marginalisés ne s’est pas concrétisée : « Pour la Confédération des arts martiaux et des sports de combat (CFAMSC), l’important était de n’être pas montrée du doigt par rapport aux autres disciplines », se félicite Alain Bertholom, président de la CFAMSC.

Des stades fermés

Celui qui est également président de la Fédération française de lutte se montre plus mesuré sur la réouverture des équipements sportifs qui dépendent souvent des collectivités locales. « Je ne sais pas comment les maires vont réagir. Est-ce qu’ils vont prendre la peine d’ouvrir leurs salles alors que ça va demander de gros efforts de désinfection ?, interroge-t-il. La fin de la saison arrive d’ici un mois. Honnêtement, je ne pense pas qu’il va se passer grand-chose. C’est pour cela que nous avons parlé de reprise progressive, avec l’idée forte de redémarrer en septembre. L’objectif est de rassurer les parents sur le fait que leurs enfants pourront reprendre une activité en toute sérénité. »

Si les gymnases et les piscines vont pouvoir rouvrir, « en fonction du délai nécessaire à la remise en service des équipements », insiste-t-on au ministère des sports, les stades garderont, eux, portes closes au moins jusqu’au 22 juin. L’organisation d’événements sportifs dans l’espace public est en effet suspendue jusqu’à cette date sur tout le territoire.

« Notre plus grand adversaire, ce sont les très grands rassemblements », a insisté le premier ministre, qui autorise dès juin – « pas avant septembre », avait-il dit dans son discours du 28 avril – une jauge maximale de 5 000 personnes dans les espaces de plein air. Peut-être une manière de rassurer l’organisation du Tour de France dont le départ doit être donné le 29 août dans les rues de Nice, que l’on devine encore bondées à la fin de l’été.