Economiesuisse met en garde contre une «énorme vague de faillites»
by AWP«Le virus et ses conséquences économiques nous accompagneront encore longtemps», prévient le président d’Economiesuisse, Heinz Karrer.
La crise déclenchée par le coronavirus met la Suisse devant le risque d’une «énorme vague de faillites», prévient le président d’Economiesuisse. Dans une interview accordée aux quotidiens de Tamedia vendredi, Heinz Karrer exhorte la Confédération à alléger le fardeau des entreprises.
Malgré la levée progressive de toutes les restrictions liées à la pandémie, l’économie helvétique n’évolue pas dans des conditions normales. «Nous en sommes loin, le virus et ses conséquences économiques nous accompagneront encore longtemps», affirme M. Karrer, soulignant que 40% des employés en Suisse sont concernés par le chômage partiel.
Le plus dur reste à venir, selon le président d’Economiesuisse. «La Suisse sera confrontée à une énorme vague de faillites et de chômage comme nous n’en avons plus vu depuis la Seconde Guerre mondiale», prophétise-t-il.
Dans ce contexte, la faîtière des milieux économiques propose un programme en huit points destinée à sortir les entreprises helvétiques de l’ornière. Heinz Karrer concède que cette feuille de route reprend les revendications brandies par Economiesuisse depuis longtemps, notamment la suppression du droit de timbre et des taxes douanières. «Les facteurs de succès de la Suisse restent les mêmes en cas de crise», selon lui.
Une dette sur plus de trente ans
Questionné sur l’absence de toute mention des travailleurs dans le plan de crise d’Economiesuisse, M. Karrer rétorque que les propositions visent à préserver les emplois et les entreprises, donc à protéger les salariés. «Chaque entreprise doit assumer sa responsabilité sociale à sa manière, car chacune est différente.»
Selon le président d’Economiesuisse, le Conseil fédéral a bien géré la crise au niveau sanitaire mais empoigne l’aspect budgétaire par le mauvais bout. Heinz Karrer plaide en faveur d’une séparation entre le budget de la Confédération et la dette liée au coronavirus, afin que celle-ci soit résorbée sur «plus de trente ans», sans incidence sur la fiscalité. Cette solution, défendue par le ministre des Finances Ueli Maurer, a été retoquée par le gouvernement.
La réduction de cette dette coronavirus se ferait notamment grâce aux excédents budgétaires et par les contributions de la Banque nationale suisse (BNS).
Cette crise a mis en évidence les problèmes de dépendance de certaines entreprises vis-à-vis de la Chine. Heinz Karrer se dit favorable au rapatriement de certaines activités en Suisse, notamment la production de produits médicaux d’urgence pour faire face à une nouvelle pandémie. «Mais je mets en garde contre la création en Suisse d’industries qui ne seraient pas compétitives sur le plan international.»