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Le candidat PS, Olivier Noblecourt, lors d'un meeting de la liste Grenoble nouvel air le 4 février.
Photo Pablo Chignard pour Libération

A Grenoble, le PS ne désarme pas face à Piolle

Arrivé en quatrième position lors du premier tour des municipales, Olivier Noblecourt a annoncé qu'il se maintenait pour le second. Appelant la liste menée par le maire EE-LV sortant à l'union.

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Arrivé en tête du 1er tour avec 46,7% des suffrages, Eric Piolle n’a guère de soucis à se faire pour le deuxième acte des municipales. Mais le maire écolo sortant, qui est l’un des acteurs de premier plan des tentatives d’unification de la gauche et des verts au niveau national, aura pourtant le Parti socialiste contre lui le 28 juin. Tout en qualifiant ses 13,3% du premier tour de «décevants», le candidat PS Olivier Noblecourt, arrivé en quatrième position, n’envisage pas de s’effacer. L’ancien adjoint de l’ex-maire socialiste Michel Destot, passé par les cabinets ministériels sous François Hollande avant d’être nommé «Monsieur pauvreté» du gouvernement Philippe, a en effet affirmé jeudi sa volonté «de porter [ses] convictions au second tour». «Nous serons acteurs et porteurs de projet, soit dans le cadre d’un rassemblement des forces de gauche, comme nous y appellent l’ensemble des responsables politiques écologistes et de gauche, soit de manière autonome si ce rassemblement n’est pas assuré», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse depuis son local de campagne.

Olivier Noblecourt a rappelé au passage qu’il était fermement opposé à tout rapprochement avec la candidate de La République en marche, la députée de l’Isère Emilie Chalas, arrivée en troisième position avec 13,8% des voix. Il a surtout assuré qu’il était prêt à s’effacer au profit d’autres membres de sa liste «Grenoble nouvel air» (GNA) en cas de fusion avec la liste menée par Eric Piolle, «Grenoble en commun», qui unit Europe Ecologie-les Verts, le Parti de gauche, l’Ades, le Réseau citoyen (les quatre alliés de son premier mandat) avec La France insoumise, le PCF, Génération·s, Place publique, Ensemble, Nouvelle Donne, Génération écologie, le Parti animaliste et l’Alliance écologiste indépendante.

Cet appel du candidat socialiste à l’union de la gauche fait écho à celui du PS local, qui a demandé la semaine dernière aux «partis politiques de gauche» de «refuser la fragmentation». Le bureau fédéral a appelé «clairement, sans ambiguïté et à l’unanimité, à l’union des forces de gauche». Pour Olivier Noblecourt, et les dirigeants du PS isérois situés en bonne place sur sa liste, la responsabilité de cette fusion incombe à la liste arrivée en tête au premier tour. Ils tendent donc la main au maire sortant.

Humanistes vs «idéologie néolibérale»

Une offre de pure forme ? Eric Piolle, comme les principaux représentants des partis présents dans Grenoble en Commun, l’ont dit et répété à l’envi durant la campagne et après le premier tour : ils excluent toute alliance, quelle que soit sa forme, avec Olivier Noblecourt et ses colistiers socialistes. Pour enfoncer le clou, ils ont donc rendu public jeudi soir le courrier de réponse cinglant qu’ils leur ont adressé mardi. «La collusion entre la liste Grenoble nouvel air (GNA) et les orientations du gouvernement macroniste rendent impossible la perspective d’une fusion, écrivent-ils. Pour rappel, la tête de liste de GNA était salariée du gouvernement d’Edouard Philippe pendant les mois où les humanistes faisaient le choix de construire le plus large rassemblement à Grenoble.»

Olivier Noblecourt n’est pas le seul dans leur collimateur. Ils canardent aussi ses colistiers «ayant conduit leur parcours politique à droite», ou d’autres «en charge du projet macroniste d’En Marche sur Grenoble et la métropole jusqu’au printemps 2019» et ceux qui «siègent encore aujourd’hui, à la ville de Grenoble comme à la métropole, dans les mêmes groupes politiques que des personnalités membres de la liste conduite par la députée de la majorité présidentielle», Emilie Chalas. Le refus de rapprochement est donc total.

Dans ce courrier, tirant des perspectives pour la suite de la recomposition de la gauche, Eric Piolle insiste sur le rythme politique, qui a été dissocié de la cuisine électorale. «Le rassemblement de la gauche, des écologistes, des féministes et des animalistes s’est fait publiquement, et avant le premier tour, […] sur la base de valeurs humanistes claires […] face à l’idéologie néolibérale mise en œuvre par le gouvernement macroniste», écrivent les membres de Grenoble en commun, que plusieurs militants et élus socialistes grenoblois ont rejoint cet hiver. Ils sont toujours sous le coup, depuis, d’une procédure d’exclusion.