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Sébastien Ménard : les derniers seront les premiersFranceSoir

Les derniers seront les premiers

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Entre Saint Mathieu et Alexis de Tocqueville mon cœur balance et ma conscience s’agite ! Comme vous j’ai été frappé depuis deux mois par cet élan de solidarité spontané, qui chaque soir durant, à vingt heures précises, animait nos villes et nos villages de nos applaudissements enthousiastes et chaleureux. Tous ensemble nous avons au fond, honoré celles et ceux qui étaient et sont toujours au front, pour lutter contre cette pandémie mondiale qui a tué, tue et tuera encore.

Loin des honneurs et des projecteurs, loin des strass et des stades, nous avons applaudi nos « nobody », nos discrets, nos anonymes. Vous savez celles et ceux qui appartiennent à « la France qui se lève tôt » chère à l’ancien Président Nicolas Sarkozy et que nous croisons dans nos gares.

Vous savez «une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien » pour paraphraser maladroitement l’actuel Président de la République, Emmanuel Macron.

Comme vous, j’ai applaudi des « gens qui ne sont rien » et ça m’a fait du bien. Pas cette phrase non. Eux Oui ! Oui, nous avons applaudi non pas des milliardaires jonglant talentueusement avec un ballon, mais ces petites mains responsables et courageuses à qui nous devons tant pour ne pas dire tout. Ils et elles sont hommes et femmes de ménages, aides à domicile, aides-soignants de nuit, infirmiers, caissiers, ouvriers, éboueurs, pompiers, secouristes, professeurs des écoles pour ne citer qu’eux. Ils ne cumulent aucun privilège, ne réclament aucune décoration, ne connaissent aucun passe-droit, ne profitent aucunement du système, et sont rémunérés 1300, 1400, 1350, 1800, 1400, 1650, 1700, 2200 euros nets par mois. Ils ne sont pas les plus riches tout en ne demeurant pas les plus pauvres. Mais s’ils sont financièrement chaque mois sur la ligne de crête, ils sont pour la plupart « nos derniers de cordées ».

A l’heure où le virage social semble être une option politique définitivement assumée, essayons tous ensemble une fois encore, d’être à la hauteur des enjeux pour notre pays. Leur paupérisation professionnelle et personnelle n’est pas une bonne chose. Ni pour eux, ni pour nous, ni pour personne. Comme l’écrivit le comte de Tocqueville, avec ou sans les réseaux sociaux, « sans les ressources économiques et matérielles nécessaires pour le plein exercice de leurs droits, les citoyens sont incapables de participer pleinement aux affaires publiques ». 

Parce que le paupérisme est une source d’instabilité sociale, politique et démocratique, soyons optimistes et solidaires comme Saint Mathieu parce que les derniers seront les premiers !