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Un manifestant interpellé par les forces anti-émeute, lors d'une manifestation contre la loi controversée sur l'hymne national à Hong Kong, en Chine, le 27 mai 2020. © ©Tyrone Siu, Reuters

Hong Kong : la Chine sous forte pression américaine et internationale

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La Chine fait face, vendredi 29 mai, à une levée de boucliers internationaux, en raison de sa volonté d'imposer sa loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie mènent la fronde contre le projet, lequel prévoit de punir les activités séparatistes, "terroristes", la subversion, ou encore l'ingérence étrangère dans le territoire autonome chinois. 

Ces quatre pays estiment qu'il s'agit d'une manière déguisée de museler l'opposition hongkongaise et de rogner les libertés dans l’ex-colonie britannique. Ce que dément fermement la Chine. 

Ce texte de loi intervient après les manifestations monstres à Hong Kong en 2019 contre l'influence de Pékin, marquées par des actes de violence, et qui ont renforcé un courant pro-indépendance jadis marginal.

Une autonomie remise en cause

La Chine a reproché aux Américains d'avoir jeté de l'huile sur le feu en soutenant publiquement les manifestants. Elle a également accusé les protestataires radicaux de mener des activités "terroristes". 

En vertu du concept "Un pays, deux systèmes", Hong Kong bénéficie depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 d'une large autonomie, de la liberté d'expression et d'une justice indépendante. Le projet de loi sur la sécurité nationale, qui a reçu l'aval jeudi à Pékin du Parlement national, totalement acquis au Parti communiste chinois (PCC), remet-il en cause l'autonomie hongkongaise ?  

Oui, selon les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont obtenu l'organisation, vendredi d'une discussion informelle au Conseil de sécurité de l'ONU, à huis clos et par visioconférence, ont affirmé à l'AFP des sources diplomatiques. 

Les étudiants chinois visés ?  

Dans un communiqué commun, le Canada et l'Australie ont accusé Pékin d'enfreindre ses obligations vis-à-vis de Hong Kong et de ses 7 millions d'habitants. Ils ont exprimé leur "profonde inquiétude" quant à cette loi, qui "limiterait les libertés de la population" et "éroderait (...) de manière dramatique l'autonomie et le système qui l'ont rendu si prospère". 

Dans un contexte de fortes tensions Pékin-Washington (Covid-19, Ouïghours, Taïwan...), le président américain Donald Trump a annoncé pour vendredi une conférence de presse où il doit annoncer "ce que nous allons faire vis-à-vis de la Chine". Selon son chef de la diplomatie Mike Pompeo, il pourrait s'en prendre aux étudiants chinois aux États-Unis.  

Le vote du Parlement chinois, jeudi, est intervenu quelques heures après que Washington eut révoqué le statut spécial accordé à Hong Kong, ouvrant la voie à la suppression des privilèges commerciaux américains accordés au territoire autonome. 

Mike Pompeo a justifié cette décision par le fait, selon lui, que la Chine ne donne plus au territoire son "haut degré d'autonomie" comme promis dans l'accord sino-britannique signé avant la rétrocession. 

'La fin' 

La "Loi fondamentale", la mini-Constitution qui préside aux affaires de Hong Kong depuis 1997, oblige les autorités hongkongaises à mettre en place une loi sur la sécurité nationale.

Mais une initiative dans ce sens en 2003 avait provoqué de grandes manifestations et le projet a ensuite été mis sous le tapis.  

Pékin perd désormais patience et s'apprête donc à imposer une législation, s'estimant dans son bon droit en vertu des dispositions de la Loi fondamentale. 

Sans surprise, les médias chinois saluaient, vendredi, le feu vert donné à la loi, estimant qu'elle servirait la stabilité et l'autonomie du territoire.

La loi suscite cependant une levée de boucliers à Hong Kong au sein du mouvement d'opposition pro-démocratie. 

"C'est la fin de Hong Kong", a déclaré auprès de l'AFP Claudia Mo, députée au Conseil législatif, estimant que Pékin les "dépossède de [leur] âme". 

Avec AFP