Un journaliste annonce avoir été condamné à 15 jours de prison après avoir manifesté, seul, à Moscou, provoquant les protestations de ses collègues

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Un journaliste et député municipal d'opposition a annoncé avoir été condamné à 15 jours de prison après avoir manifesté, seul, à Moscou, provoquant les protestations de ses collègues et soutiens. Une dizaine d'autres journalistes ont été interpellés dans l'après-midi, alors qu'ils protestaient contre la condamnation de leur collègue à Moscou. La plupart ont été rapidement relâchés. "Bordel! Une peine de 15 jours pour un piquet solitaire", a écrit Ilia Azar sur la messagerie Telegram en réaction à la peine prononcée par un tribunal moscovite.

Les manifestations en solitaire sont une forme de protestation courante en Russie, car elles ne nécessitent pas d'autorisation préalable et ne sont dès lors d'ordinaire pas réprimées. Mais cette fois-ci la police a considéré qu'Ilia Azar avait violé l'interdiction d'organiser des manifestations durant le confinement en vigueur à Moscou. Et comme il s'est par le passé, selon les autorités, rendu coupable de violations des règles d'organisation des manifestations, il a écopé d'une peine de prison ferme. Le journaliste et député municipal de 35 ans a été arrêté mardi, durant sa manifestation de soutien à Vladimir Vorontsov, un ancien policier connu pour son travail sur les violations de la loi par les forces de l'ordre mais poursuivi pour des charges qu'il affirme montées de toutes pièces.

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a condamné la détention de M. Azar, sa directrice pour la Russie, Natalia Zviagina, dénonçant "un acte lâche des autorités qui incarne la stratégie de la Russie visant à écraser le militantisme et à empiéter sur les droits de l'homme pour faire taire les critiques".

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est dite "alarmée" par la détention des journalistes manifestant en son soutien. La condamnation de M. Azar a provoqué la colère de plusieurs de ses collègues. Trois d'entre eux, des personnalités connues, ont été interpellés jeudi après avoir manifesté à leur tour à Moscou, le rédacteur-en-chef du site Mediazona Sergueï Smirnov et les animateurs de la Radio Ekho de Moscou, Tatiana Felguengaouer et Alexandre Pliouchtchev. "Azar avait le droit de tenir ce rassemblement conformément à la loi, à la Constitution et au bon sens", a réagi pour sa part Alexeï Navalny, l'un des principaux leaders de l'opposition, sur Twitter.

L'été dernier, M. Azar avait participé à l'organisation d'une série de rassemblements antigouvernementaux à Moscou, réclamant des élections équitables, auxquels avaient participé des dizaines de milliers de personnes.