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Photo d'archives Franck Boileau. © BOILEAU FRANCK

ASM : Ils veulent entrer dans la légende

Dix ans jour pour jour après ce glorieux 29 mai 2010, nous vous proposons de vous replonger dans les conditions réelles de ce jour de finale entre l'ASM et Perpignan. Une journée où les Clermontois voulaient entrer enfin dans la légende après dix rendez-vous manqués avec le Brennus...

Ce sera soir de fête ou bien soir de nouvelle détresse. Un soir de gloire, une nuit de folie à réveiller les volcans les plus endormis ou un nouveau coup de massue sur un club qui n’en peut plus de susciter un élan quasi général de commisération de la part du rugby français. L’acharnement du sort à l’encontre de l’ASM est inscrit à jamais dans la légende du championnat. Par dix fois, les Arvernes « jaune et bleu » ont déposé les armes au pied de sept Césars nommés Narbonne, Vienne, La Voulte, Béziers, Toulouse (quatre fois), le Stade Français et Perpignan. Pour Clermont, malgré son infortune, comme d’ailleurs pour tous les autres clubs en quête de sacre, le Bouclier n’est pas un droit acquis. Il se mérite. Il faut toujours puiser au plus profond de ses réserves, trouver souvent des trésors d’énergie pour gagner le droit de soulever le « morceau de bois ».

Le poids de l’histoire a trop souvent oppressé les esprits auvergnats, les acteurs de ce soir devront évacuer cela pour espérer déchirer un coin du voile noir qui a toujours recouvert les rêves de sacre. Les hommes de Vern Cotter et de Jo Schmidt devront ce soir tourner le dos au « bal des maudits » et plutôt s’inviter au banquet des affamés, le même qu’il y a un an où les Ca talans s’étaient montrés finalement les plus voraces. Car, à y regarder à la loupe, il a manqué aux Clermontois, sur leurs trois dernières tentatives infructueuses, ce brin de dimension mentale, ce petit supplément d’âme, ce regain d’appétit qui font souvent les grands destins... et animent les plus beaux festins.

S’attendre à un combat titanesque

L’histoire leur propose ce soir le même adversaire qu’il yaun an, lors d’une dixième finale perdue (22-­13) dont ils étaient les favoris ; un statut qui colle mal à la peau de toutes les générations de Montferrandais et de Clermontois réunis. Cette saison, l’équipe de Cotter a moins dominé son sujet, récité moins souvent aussi ce rugby cité en exemple depuis l’arrivée du coach néo­zélandais. Les obstacles pour arriver en finale ont été franchis au prix d’efforts que les Clermontois n’avaient sans doute pas consentis ces trois dernières saisons. Mais dans la difficulté, en dépit de carences dans leur jeu, de fautes de concentration aussi, face au Racing et à Toulon, Rougerie et ses partenaires ont toujours su s’en sortir. Et pas par hasard, ni coup de pouce du destin, même si des décisions arbitrales ont fait polémiques.

Ce groupe-­là, le même quasiment qui s’échine à changer le cours de l’histoire depuis trois ans, est animé d’une foi nouvelle qui peut lui permettre de gravir la plus haute des montagnes. Il lui faudra déjà se convaincre que Perpignan va lui imposer un combat titanesque, de la veine de celui de 2009 qui permit aux Catalans de déjouer les pronostics. Un combat destiné à entamer le mur des convictions auvergnates, un combat pour lequel Jacques Brunel n’a pas son pareil pour préparer ses joueurs. Alors oui, il faudra être gaillard, guerrier, jusqu’au bout de cette finale, pour voir Clermont en terminer avec sa longue quête de Bouclier de Brennus. Depuis deux semaines et cette victoire (35-­29) homérique arrachée face à des Toulonnais survoltés, les joueurs de l’ASM se préparent au terrible bras de fer qui les attend.

Dans l’intimité du vestiaire, derrière les bâches qui protègent le terrain du Michelin des regards, coach Cotter, captain Rougerie et d’autres joueurs leaders sans doute, ont laissé parler leur cœur pour mieux préparer le rendez-­vous avec l’histoire. Comme le déclarait cette semaine Jacques Brunel, « Clermont n’a jamais été si proche de son premier titre ». L’ASM n’a peut-­être jamais été aussi si proche d’entrer dans la légende... mais pas celle qui provoque depuis toujours l’apitoiement insupportable.

Christophe Buron