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Adama Traoré est décédé le 19 juillet 2016 après son interpellation dans le Val-d'Oise. (Illustration)© KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Affaire Adama Traoré : un témoignage décisif au cœur d'une nouvelle expertise

Les proches de la victime contestent la version d'un témoin, selon qui Adama Traoré était essoufflé avant d'être confronté aux gendarmes, d'après France Info.

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Près de quatre ans après les faits, la justice tente toujours d'établir les circonstances de la mort d'Adama Traoré, ce jeune homme décédé à l'âge de 24 ans, le 19 juillet 2016 à la caserne de Persan, dans le Val-d'Oise. Un décès survenu deux heures après son interpellation et causé, selon ses proches, par les gendarmes. Désormais, une partie de l'affaire repose sur le témoignage d'un homme chez qui Adama Traoré s'est réfugié juste avant d'être arrêté par les forces de l'ordre, d'après France Info.

En effet, un nouveau rapport d'expertise médicale doit prochainement être rendu, qui s'appuie sur les déclarations de cet homme de 38 ans. D'après lui, Adama Traoré est arrivé déjà essoufflé à son domicile et respirait bruyamment. Il aurait même présenté des difficultés à s'exprimer. C'est sur ce point que s'appuie la défense : alors que la méthode du plaquage ventrale est mise en cause, l'avocat des gendarmes assure que « la cause du décès est une hyperthermie maligne due à un effort violent consenti lors d'une journée caniculaire ». Une détresse respiratoire qui serait survenue avant l'interpellation, selon ce même argumentaire.

« Tout est mis en œuvre pour exonérer les gendarmes »

Pourtant, d'après Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille Traoré, les gendarmes ont expliqué que le jeune homme décédé s'était « débattu violemment, qu'il n'avait aucun trouble physique apparent et que ce n'est qu'une fois relevé et menotté qu'il s'est plaint d'avoir des difficultés à respirer ». Sœur de la victime, Issa Traoré souhaite donc que le témoin en question soit entendu par les juges d'instruction. « Le problème, c'est qu'il ne s'est pas rendu à sa convocation en septembre dernier et refuse de témoigner à nouveau », précise-t-elle à France Info. Et d'y voir « une preuve de plus qu'il n'a pas dit la vérité aux gendarmes ».

« Ce témoin clef refuse de témoigner devant la juge d'instruction, en ma présence », assure également Yassine Bouzrou, pour qui « les expertises médicales qui ont été réalisées sur la base de ce témoignage n'ont donc aucune valeur juridique, car ce témoin est un menteur ». L'avocat, qui demande l'audition de cet homme, va même plus loin, et s'interroge sur une éventuelle influence exercée par les gendarmes sur ce témoin crucial. « Nos demandes d'actes sont soit refusées (comme la reconstitution), soit acceptées, mais pas exécutées. Tout est mis en œuvre pour exonérer les gendarmes du meurtre d'Adama », croit savoir l'avocat de la famille Traoré. Rodolphe Bosselut, l'avocat des gendarmes, tient, de son côté, un discours bien différent : « Il y a au contraire dans le dossier de nombreux éléments qui établissent la peur et la crainte de représailles de la famille Traoré à l'encontre de ce témoin », assure-t-il.