Coronavirus : comment se passent les tests et le tracing chez les personnes en rupture de logement ?

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Testing Covid-19 chez un enfant du Samu Social de Woluwé-Saint-Lambert - RTBF

Dans ce contexte de pandémie, le cadre de vie des personnes précarisées en rupture de logement, a rendu les choses encore plus compliquées qu’avant la crise. L’association Médecins du Monde s’est rendue au Samu Social de Woluwé-Saint-Lambert à Bruxelles, pour proposer des tests de dépistage aux résidents.

Des familles confinées dans une seule pièce

Nous les avons suivis pour la cause, et nous avons notamment fait la rencontre de Khadija. Elle est séparée de son conjoint et vit depuis trois ans, avec ses trois jeunes enfants, dans une seule pièce du Samu Social. Elle explique les difficultés du quotidien en période de confinement : "C’est vraiment compliqué car on ne peut pas sortir du centre et on doit rester dans notre chambre. On a juste le droit d’aller chercher notre nourriture puis revenir au plus vite pour éviter d’entrer en contact avec d’autres personnes ". L’un des enfants nous raconte qu’il a lui aussi, bien compris les consignes : " Il faut souvent se laver les mains, bien nettoyer la chambre et rester à 1m50 des autres personnes ".

Une crise qui devrait servir de leçon

123 sans-abris répartis en 38 familles vivent dans ce Samu Social où les mesures d’hygiène de base sont difficiles à appliquer. Mais pour le directeur des opérations de Médecins du Monde Belgique, Alexis Andries, cette crise révèle aussi de grosses lacunes en termes d’accès à la santé ou à des logements dignes : "Ces moments très parlants devraient nous inspirer pour l’avenir ".   

 

Voilà pourquoi l’association a décidé de proposer ses services, notamment en testant ces familles précarisées afin de pouvoir les tracer et agir au besoin. Virginie Lammens est l’un des médecins bénévoles. Elle explique comment elle procède : "On introduit une petit brosse assez loin dans le nez pour voir si le virus est présent. On peut aussi faire le test par la gorge, c’est mieux toléré notamment par les enfants ". Les tests partent ensuite au laboratoire qui renvoient les résultats trois ou quatre jours plus tard.

Une personne sur cinq infectée lors des tout premiers tests

Les premiers tests ont commencé il y a un mois. La première semaine, 20 % des personnes étaient déclarées positives au coronavirus. Depuis, ce chiffre a quelque peu baissé mais le virus continue à circuler : "Notre vigilance doit rester importante car notre capacité à gérer la crise passera d’abord par notre capacité à la gérer auprès des publics les plus vulnérables ", explique le Dr Alexis Andries.

Quand une personne est signalée positive au coronavirus, elle est emmenée dans l’un des centres de confinement de la Croix Rouge et de Médecins sans Frontière.  Pour ne pas en arriver là, Médecins du Monde insiste sur la prévention. Mais les informations parviennent difficilement aux oreilles des sans-abris. " Quand on arrive dans les centres d’hébergement, on constate clairement qu’un travail de sensibilisation est à réaliser en amont mais aussi en aval ", conclut le Dr Alexis Andries.

 

A la fin de cette campagne, Médecins du Monde aura testé 2500 personnes en situation de précarité et en rupture de logement.

 

I.L. avec Eby Brouzakis