Le protecteur du Bois de Lauzelle, Jean-Claude Mangeot, part à la retraite l'esprit serein
Il connaît chaque recoin, chaque mare, chaque arbre pratiquement de sa seconde maison.
Il y a passé des années au contact de la faune et de la flore. Garde forestier depuis 1984, le "responsable" du Bois de Lauzelle prend officiellement "sa première retraite", comme il la désigne.
Il a veillé pendant plus de 35 ans sur les 200 hectares de cet écrin naturel mais aussi sur le lac de Louvain-la-Neuve. Apprécié de tous, il a œuvré toute sa carrière à ramener la vie dans son bois qu’il qualifie de "poumon vert" de la cité universitaire.
Un personnage haut en couleur
Costume kaki et chapeau sur la tête, l’homme que nous rencontrons est toujours émerveillé par son bois. Il le contemple en nous montrant telle essence d’arbre ou telle espèce d’animal. Il a une explication pour tout. Nous croisons une promeneuse, Chantal. Elle est photographe amateur : "Jean-Claude et le bois, c’est une histoire d’amour ! C’est lui qui est la base de ce qu’il est devenu maintenant. Les étangs, les rivières, les sentiers, il a façonné le lieu. On peut lui demander n’importe quelle question, il a toujours une explication".
Lorsque Louvain-la-Neuve a été créée au milieu des champs du centre du Brabant wallon, le bois était déjà là. "Louvain-la-Neuve a été construite autour de ce qui était à la base un bois dédié à la chasse. Il y avait très peu de faune et de la flore au sol. Il y avait juste des arbres. Mon idée était de ramener la vie dans cette mini-forêt", explique le garde forestier.
Nous nous dirigeons avec lui dans ce qu’il considère comme le cœur du Bois de Lauzelle. "Nous sommes aux étangs. C’est un biotope très particulier. Ici, il y a de l’eau, de la lumière. C’est bien dégagé et il y a de la régénération naturelle. C’est un endroit qui est très riche et très varié. Les animaux peuvent se désaltérer ici".
Ce bois est devenu un "monument"
Le bois regorge aujourd’hui de vie. C’est la fierté de Jean-Claude Mangeot. "Moi ce qui m’intéressait, c’était de rendre le bois le plus vivant et nourricier possible. Le travail a commencé dans les années 70 et 80 avec des étudiants mais aussi le professeur André qui était mon mentor. Il m’a défendu, soutenu devant les dirigeants de l’université qui se sont montrés compréhensifs. Ils nous ont donné les libertés nécessaires pour faire de ce bois ce qu’il est devenu", détaille cet amoureux de la nature.
Et il poursuit ému : "à la base, comme c’était un bois où la chasse était permise, le sol était très pauvre. Il y avait des faisans et des lapins mais ils mangeaient tout. Il n’y avait rien au niveau muscinal. En plus, il n’y avait pas de prédateurs. Nous avons énormément travaillé avec tous les forestiers et étudiants de l’UCLouvain pour développer de nouveaux biotopes dans le bois. On a fait des mares, des barrages et on a fait en sorte de protéger les batraciens et les animaux".
"Chaque seconde passée dans ce bois a été inspirante"
Ses meilleurs souvenirs à Louvain-la-Neuve tournent toujours autour de ses compagnons du quotidien : les animaux. "Je me souviens qu’un jour une chevrette qui devait mettre bas m’a laissé l’approcher. Elle était en détresse et j’ai tiré les pattes de son petit pour l’aider à donner la vie. J’ai aussi recueilli des centaines d’animaux, des putois, des oiseaux ou encore un sanglier".
Le protecteur du Bois de Lauzelle part l’esprit serein. Il a réussi à démontrer l’importance de ce "poumon vert" de l’université. Il en a fait un petit "paradis" pour la faune et la flore en plein cœur du Brabant wallon. Le Bois de l’UCLouvain est aussi un lieu d’entraînement pour de nombreux sportifs et un espace de promenade. Un endroit inspirant pour ceux qui s’y rendent régulièrement. Ils pourront peut-être un jour croisé Jean-Claude Mangeot, qui malgré sa retraite compte bien revenir voir l’évolution de son "bébé".
Le successeur de Jean-Claude Mangeot s’appelle Thibaut Thyrion. Il est technicien forestier depuis 8 ans au sein de l’université.
Mathieu Baugniet