États-Unis : Trump signe un décret pour limiter la protection des réseaux sociaux
Le président américain a mis ses menaces à exécution jeudi envers le réseau social qu'il utilise le plus en signant un décret qui limite sa protection en cas de messages faux ou diffamatoires.
by Philippe CorbéDonald Trump est furieux contre Twitter, son réseau social favori. celui-là même qui lui offre un accès direct à 80 millions d’abonnés, qui a tant compté dans sa présidence, dans sa conquête du pouvoir, et qui, plus tôt, lui a même permis de s’imposer dans le débat politique quand il n’était encore qu’un homme d’affaires et présentateur de télé réalité.
Mais désormais, après avoir laissé passer de nombreux tweets stupéfiants du président, y compris à plusieurs reprises ces derniers jours des accusations de meurtre contre un présentateur télé, Twitter a décidé de compléter deux de ses tweets mensongers par un lien vers des articles factuels qui rétablissent la vérité.
Les tweets concernaient des accusations de fraude électorale lancées par le président. Twitter ne l’a pas censuré, ses tweets sont toujours visibles, ils sont simplement complétés d’une mention invitant les internautes à en savoir plus sur le sujet évoqué par le président.
On est loin du bâillon, mais Donald Trump a su profiter de l'occasion pour passer à l’attaque. S'il n'a évidemment pas le pouvoir de provoquer la fermeture des réseaux sociaux, comme il aime parfois à le dire, le président américain a signé jeudi un décret, sous l'oeil des caméras.
D’une certaine manière, il prend Twitter au mot. Un peu comme s’il disait : "Vous voulez étiqueter certains de mes tweets comme trompeurs, allez y". Si vous commencez à faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui est faux, vous sortez de votre neutralité, vous n’êtes plus une simple plateforme où chacun peut exprimer sa pensée, vous jouez un rôle éditorial.
Plus de responsabilité en cas de messages problématiques
Et donc vous allez perdre votre immunité juridique qui a été accordée dans les années 90, dans l’antiquité de l’ère numérique, avant l’explosion des réseaux sociaux. Avec ce décret du président, il serait désormais plus facile de mettre en cause la responsabilité de Twitter en cas de diffusion de messages faux ou diffamatoires.
Ces plateformes devraient donc être beaucoup plus vigilantes et intervenir pour empêcher la diffusion des messages qui franchissent la ligne jaune. Cela concerne aussi ceux du président, qui se tire une balle dans le pied, car il compte bien continuer à tweeter comme il l'a fait jusqu’à présent. Il espère ainsi intimider Twitter pour que le réseau social renonce à contester ses tweets.
Donald Trump déclare qu’il aimerait pouvoir fermer son compte Twitter, mais qu’il doit le garder parce que, dit-il, les informations publiées par les médias sont fausses. Si ce décret était appliqué, et rien ne dit qu’il le sera vraiment, il serait contesté devant des cours de justice. Tout cela irait en appel, puis devant la Cour Supreme, et tout cela ravirait le président.
Car ce qu’il cherche dans toute cette histoire, c'est surtout se poser en victime en répétant à ses soutiens que leur liberté d’expression est menacée. Il parie que cela pourra l’aider avant l’élection présidentielle, à la fin de l'année.