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Arnaud Faller, directeur des investissements de CPR AM. (© DR)

Arnaud Faller : «Nous attendons le moment opportun pour réinvestir en actions»

Arnaud Faller, directeur des investissements de CPR AM, a accordé un entretien au Revenu. Le gérant maintient ses positions en Bourse pour le moment, attendant le moment opportun avant de revenir avec un biais favorable aux actions américaines.

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Une reprise en V de la conjoncture est-elle à prévoir ?
Nos prévisions ne tendent pas vers une reprise en V. Dans notre scénario central, les mesures massives et coordonnées de l’ensemble des gouvernements et banques centrales contiennent le choc extrême, mais ne permettent pas d’envisager un rebond de l’activité avant le dernier trimestre 2020.

Il faut en effet s’attendre à un déconfinement très progressif, qui va s’étaler sur plusieurs mois, et repoussant d’autant le retour à un rythme normal de l’économie.

En outre, le risque d’une deuxième vague de contaminations n’est pas totalement absent qui, si elle se matérialisait, entraînerait de nouvelles mesures de confinement et aggraverait la crise économique.

Préférez-vous les actions ou les obligations ? 
Nous favorisons les obligations privées, au détriment des emprunts d’État : le crédit des entreprises noté par les agences investment grade, voire les meilleures notes du crédit «haut rendement» (les fallen angels notamment, dont la note est passée de investment grade à high yield), bénéficient du soutien des banques centrales.

La Réserve fédérale va ainsi acheter jusqu’à 20% du marché des ETF (les fonds indiciels cotés) investment grade et high yield américain, et la Banque centrale européenne va poursuivre ses investissements dans l’investment grade, ce qu’elle faisait déjà dans le cadre de son quantitative easing (rachat d’actifs), avec une possibilité de l’étendre au high yield.

En ce qui concerne les actions, nous maintenons nos positions sans acheter maintenant, afin de garder des munitions pour réinvestir le moment opportun. Un retour à la normale devrait permettre aux marchés d’actions de poursuivre leur rebond, mais après une hausse de 30% depuis le point bas, la progression devrait, à court terme, rester limitée.

Un indicateur à surveiller

Quelles sont les zones géographiques à privilégier ? 
Nos portefeuilles sont plutôt orientés vers les États-Unis, car la reprise de l’économie américaine devrait être plus rapide du fait de leur forte présence dans les secteurs dominants (technologie et pharmacie).

Concernant la zone euro, elle ne bénéficie pas de la même prédominance sectorielle que les États-Unis et, s’agissant d’une économie plus ouverte, est beaucoup plus pénalisée par le ralentissement de l’activité lié à la crise sanitaire.

Nous attendrons un rebond des indicateurs avancés PMI européens (confiance des directeurs d’achats) avant de revenir sur cette zone.

Faut-il préférer des valeurs de croissance ou des cycliques ?
Nous continuons de donner la priorité aux valeurs de croissance dans nos portefeuilles, même si elles enregistrent une performance supérieure à celle du marché depuis plusieurs années déjà.

L’environnement de taux d’intérêt bas et de croissance faible a poussé les investisseurs à privilégier les secteurs supposés moins souffrir que les autres de la crise sanitaire actuelle, et à délaisser les cycliques, les plus sensibles à la conjoncture.

Il faudra surveiller de près les indicateurs PMI qui donneront une idée de l’intensité de la reprise à venir : si celle-ci est plus franche qu’attendu, des ajustements sectoriels seront à prévoir chez les professionnels pour revenir davantage sur les valeurs cycliques.