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manifestation Adama Traore © Radio France - AFP Dominique Faget

Affaire Adama Traoré : une nouvelle expertise médicale écarte la responsabilité des forces de l'ordre

Quatre ans après la mort d'Adama Traoré dans le Val-d'Oise, une nouvelle et dernière expertise médicale a été rendue ce vendredi. Elle écarte la responsabilité des forces de l'ordre dans la mort du jeune homme de 24 ans en 2016.

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La dernière expertise médicale dans l'enquête sur la mort d'Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans décédé en 2016 lors d'une interpellation, écarte à nouveau la responsabilité des forces de l'ordre et plus précisement de la technique d'interpellation des gendarmes dans son décès. "Adama Traoré n'est pas décédé 'd'asphyxie positionnelle', mais d'un oedème cardiogénique", concluent les médecins. Leur expertise avait été ordonnée par les juges d'instruction chargés de cette affaire sensible, devenue un symbole des violences policières, après qu'un rapport médical réalisé à la demande de la famille avait balayé les conclusions de l'enquête

Mais près de quatre ans après la mort d’Adama Traoré, ses proches estiment que cette nouvelle expertise est tronquée à cause d’un faux témoignage. Sa famille soutient que c'est la technique d'intervention des gendarmes, le plaquage ventral, qui a provoqué la mort du jeune homme. La défense des gendarmes explique que le décès fait suite à "une hyperthermie due à un effort violent" lors d'une journée de canicule.     

Un témoin qui refuse d'être à nouveau auditionné

Après une longue bataille judiciaire, les proches d’Adama Traoré reprochent à ce nouveau rapport médical de se baser en partie sur les déclarations du témoin chez qui le jeune homme s’est réfugié lorsqu’il était poursuivi par les gendarmes. 

Ce témoin, âgé de 38 ans à l'époque des faits, avait affirmé qu’Adama Traoré était arrivé essoufflé, qu’il respirait bruyamment et qu’il ne parvenait presque pas à parler

Pour la partie civile, c’est en s’appuyant notamment sur ce témoignage, que les experts ont estimé qu’Adama Traoré était en état de détresse respiratoire, avant son interpellation mouvementée. Mais selon Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré, les gendarmes ont expliqué, à l’inverse, que le jeune homme s’était "débattu violemment, qu’il n’avait aucun trouble physique apparent et que ce n’est qu’une fois relevé et menotté qu’il s’est plaint d’avoir des difficultés à respirer". 

La partie civile souhaite, face à ces deux versions contradictoires, que les juges entendent ce témoin. Le problème, c’est que l'homme refuse d'être à nouveau auditionné

"Nous souhaitions _mettre en avant ses nombreuses contradictions,_insiste Yassine Bouzrou. Les expertises médicales qui ont été réalisées sur la base de ce témoignage n’ont donc aucune valeur juridique car ce témoin est un menteur". 

"Pas de pression des enquêteurs" sur le témoin, selon l'avocat de gendarmes

L’avocat pose aussi la question de l'influence des gendarmes sur le témoin avant son audition : "Nos demandes d’actes sont soit refusées, soit acceptées mais pas exécutées. Tout est mis en œuvre pour exonérer les gendarmes de meurtre d’Adama", déplore Yassine Bouzrou.     

Pour Rodolphe Bosselut, l’avocat de deux des gendarmes placés sous le statut de témoins assistés, "c’est le _monde à l’envers que d’entendre qu’il y aurait eu pression des enquêteurs_. Il y a au contraire dans le dossier de nombreux éléments qui établissent la peur et la crainte de représailles de la famille Traoré à l’encontre de ce témoin".

En février, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a rejeté la demande des parties civiles d’organiser une reconstitution de l’interpellation. Assa Traoré annonce que les parties civiles sont en train d’organiser seules cette reconstitution, qui aura lieu, selon elle, dans les deux prochains mois.