La casquettière...
by rosemarIl est des boutiques que l'on n'oublie pas, parce qu'elles sont liées à l'enfance, parce qu'elles ont disparu et ont laissé des souvenirs forts dans nos mémoires...
La mercerie où l'on entrait comme dans un sanctuaire, dans le silence feutré des tiroirs qui contenaient toutes sortes de trésors : des bobines de fil, des pelotes de laine, des boutons, de la dentelle....
Le petit vendeur d'esques qui tenait, dans un renfoncement, une minuscule boutique, où l'on pouvait trouver des articles de pêche, des cannes, des hameçons et puis, bien sûr, les "esques", ces vers servant d'appâts, dans le parler marseillais...
Le marchand de vins dont le réduit exhalait de fortes senteurs de tanins...
Et puis, il y avait la casquettière ! Le nom, à lui tout seul, était tout un programme : un mot qui claque et résonne d'échos sonores, un mot mystérieux qui pouvait évoquer toutes sortes de découvertes.
Gutturales qui se répondent, voyelles variées, ampleur du mot...
Ce magasin faisait figure, à l'époque, d'une grande modernité : c'était, dans le petit village de l'Estaque, une nouvelle boutique qui attirait tous les regards, une sorte de bazar qui suscitait la convoitise et la curiosité.
Pour accéder à la boutique de la casquettière, il fallait franchir des escaliers, et atteindre un niveau supérieur, il fallait s'élever pour rejoindre le seuil du magasin.
Ce sanctuaire se méritait : on pouvait d'abord admirer dans une vitrine placée en hauteur, les marchandises vendues par la casquettière... puis on montait les marches, on se hissait sur des hauteurs, on atteignait un autre monde...
On entrait, alors, dans un bric-à-brac d'objets divers : des chaussures, des chaussettes, des casquettes, des chapeaux de toutes sortes, des jouets, des ballons...
A l'intérieur, des senteurs de cuir, de tissu, de cotons...
C'est dans ce sanctuaire que l'on achetait des chaussures...
La casquettière, une dame imposante, au verbe haut, nous accueillait de son sourire de commerçante, la vendeuse de casquettes nous faisait essayer des chaussures de la dernière mode...
Le choix était tout de même assez limité dans cette boutique multifonctions d'autrefois.
L'espace était réduit dans cet encombrement d'objets, mais on trouvait son bonheur à un prix relativement modique...
Un miroir à l'antique, une psyché permettait de voir si les chaussures seyaient aux clients et aux clientes...
Ces boutiques d'autrefois ont disparu : le marchand d'esques, la casquettière, le marchand de vin.
La casquettière n'est plus de ce monde : elle a été remplacée par des grandes surfaces ou des supermarchés.
Certaines petites boutiques existent encore, mais elles ont l'air de s'étioler et de s'évanouir peu à peu, face à la concurrence des grands magasins...
On voit leur devanture vieillie, noircie par le temps.
Et on garde un souvenir ému de ces magasins d'autrefois où on connaissait bien les commerçants, où on avait l'impression d'accéder à un autre univers...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2016/10/la-casquettiere.html
Photos : Christelle