"Ça va aller" : Terrenoire
Il y a ceux qui sont en Playlist et ceux qui le seront bientôt. En tous les cas, Didier Varrod le souhaite et l‘espère en nous faisant partager sa passion pour le groupe Terrenoire.
by Didier VarrodTerrenoire. Deux frères, Théo et Raphaël qui ont déjà fait les beaux jours de la Playlist de France inter en 2018 avec cette chanson. Souvenez-vous :
Le saut en parachute, les deux frères du groupe Terrenoire l’ont effectué avec leur premier EP six titres il y a deux ans. L’image de ces deux garçons, en suspension dans l’air, est assez juste lorsqu’on a eu cette chance de les voir sur scène.
La sensation d’un infini atmosphérique épouse leur musique faite de montées et de descentes harmoniques. Entre ciel et terre, ces deux oiseaux n’ont peur ni du vertige, ni de rester ancré dans la terre. Offrir à l’imaginaire un rôle à l’intérieur du réel, voilà le sens de la musique de Terrenoire.
Comment créer un autre monde à l’intérieur du monde ?
C’est ce qu’ils ont fait en publiant en plein confinement une chanson qui tout à coup a résonné comme un manifeste de désir. Pour conjurer la fatalité de cette séparation contrainte de la chair. Pour déconfiner nos peaux coupées de leurs désirs. Pour exprimer cette impérieuse nécessité : vivre, c’est se toucher. Seuls les morts ne peuvent plus le faire.
Le Baise-moi de Terrenoire est une invitation à entrer dans ce qu’ils ont appelé leur musée du désir. Le sexe un jour, la braise toujours. Le choix de la petite mort plutôt qu’un voyage pour l’enfer comme chez Virginie Despentes.
Les amoureux du groupe ont pu ainsi exprimer leur vision du monde et de l’amour sur cette chanson. Ainsi pouvait-on lire sur leur compte Instagram :
Après cette première pierre portée à l’édifice d’une reconstruction, le groupe offre aujourd’hui une autre impulsion pour envisager ce qui pourrait ressembler à une volonté de réparation. Ces trois mots doux que l’on murmure aux enfants qui ont peur, aux blessés découragés, aux éclopés qui voudraient retrouver le sens de la marche.
Un piano pour se tenir droit, la voix devant qui mène le mixe, le chant ressemble parfois à un flow qui se précipite et qui joue avec des moments de ruptures et de silence.
Le groupe Terrenoire signe avec ce nouveau titre toute sa singularité stylistique. Dans l’album qui sortira à la fin de l’été et qui s’intitule Les forces contraires, on y croisera le fantôme d’un père disparu, éros et thanatos, les amours complexes qui écartèlent le cœur, l’envie de vivre, de consoler, beaucoup d’imprudence bashunguienne et de clair-obscur, celle des machines du temps présent.
C’est Terrenoire, et cette mélancolie hugolienne qui signifie le bonheur d’être triste. Et qui dicte qu’il faut plus de courage pour être heureux, que pour être malheureux. C’est là que se situe la jouissance des contraires.