https://assets.afcdn.com/mayane/images/articles/thumbs/04897b5c_w464.jpeg

« Après 2 avortements à cause d'hyperemesis gravidarium, j'ai dû suivre une thérapie de deux ans pour faire mon deuil »

Marine*, jeune maman d'un bébé de 19 mois, a souffert d'hyperemesis gravidarium. Son parcours pour devenir mère s'est avéré plus compliqué que prévu, après que cette maladie la pousse à avorter. Témoignage.

by

L’hyperemesis gravidarium, ou hyperémèse gravidique, est une maladie qui touche moins de 3% des femmes enceintes. Il s’agit d’une forme aggravée de nausées et vomissements pendant la grossesse. Elle est aujourd’hui mieux connu du grand public car l’épouse du prince William, Kate Middleton, en a souffert pour ses trois enfants. Heureusement pour elle, la duchesse de Cambridge n’a pas connu de sévères complications. Dans certains cas, plus graves, l’hyperemesis gravidarium peut entraîner une hospitalisation pour réhydratation voire pire, des dommages au foie et aux reins. Du côté psychologique, les conséquences sont aussi nombreuses : sentiment de dépression, anxiété, problème de couple, etc. 

Marine* a souffert d’hyperemesis gravidarium pour ses trois grossesses. Cette maladie et ses complications l’ont d’ailleurs poussée à avorter à deux reprises. Des évènements traumatisants, sur lesquels elle a accepté de témoigner pour Parole de mamans.

« Je suis tombée enceinte pour la première fois à 25 ans. J’avais de terribles nausées, je vomissais 20 fois par jour. J’ai donc pris la lourde décision de mettre un terme à ma grossesse. J’étais trop jeune pour avoir un enfant et les vomissements étaient très difficiles à supporter. 

Je suis à nouveau tombée enceinte à 36 ans et je voulais cet enfant plus que tout. Malheureusement, encore une fois, je rendais jusqu’à 30 fois par jour. J’ai été hospitalisée pour réhydradation pendant un mois et placée en isolement dans le noir, sans aucun droit de visite. Mon gynécologue m’a demandé de voir le thérapeute de la clinique. On a évoqué ensemble le déni de grossesse. À bout de forces, j’ai décidé d’avorter. Cet évènement m’a traumatisée. J’ai dû suivre une thérapie de deux ans pour faire le deuil de cette perte.

À 38 ans, j’ai découvert que j’attendais un autre enfant. Et encore une fois, je souhaitais devenir maman plus que tout. Les vomissements sont revenus très rapidement, 20 à 30 fois par jour, avec même du sang à certains moments. En sachant ce que j’avais vécu quelques années plus tôt, j’ai décidé d’être suivie par un autre gynécologue. C’est le premier à m’avoir dit que je souffrais d’hyperemesis gravidarium. Il m’a expliqué que cette maladie était liée aux hormones de grossesse et que la cause n’était pas psychologique. À ce moment-là, je me suis dit "ouf, je ne suis pas folle et je veux vraiment cet enfant."

J’ai a nouveau été hospitalisée pour réhydratation mais seulement pendant deux jours. Je n’ai pas été placée en isolement, une méthode trop archaïque selon mon gynécologue. Il m’a prescrit un traitement qui a réduit mes vomissements de 20 à 30 par jour, à un seul. J’avais le sentiment de revivre. J’ai tenu comme cela toute la grossesse et j’ai été alitée à la maison. Le jour de l’accouchement, j’ai vomis entre chaque contraction. Mais lorsque mon bébé miracle est arrivé, tout a disparu. J’ai même dévoré tous mes plateaux repas à l’hôpital, alors que j’avais perdu 5 kilos pendant la grossesse. 

J’y suis arrivée. Enfin. Aujourd’hui, je suis maman depuis 19 mois. Je me suis battue toutes ces années et je n’y serais jamais arrivée sans mon entourage et sans mon gynécologue. Merci à eux, ils ont été ma force et mon courage. Je leur dois beaucoup. »

* prénom modifié par soucis d’anonymat