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Maman (et instit) expatriée au Congo, elle témoigne : « En une semaine, la majorité des familles françaises a quitté le pays »

Anne-Claire habite au Congo depuis 8 ans avec son mari et ses deux enfants. Axelle va bientôt avoir 8 ans et Robin a 5 ans et demi. Ils ont tous été confinés du 31 mars jusqu’au 16 mai, jour de déconfinement. Pour eux, tout s’est plutôt bien déroulé mais la vie normale est loin d’avoir repris son cours, à commencer par les écoles qui ne rouvrent pas. Anne-Claire est institutrice à l’école française de la ville de Pointe-Noire. Elle nous livre son témoignage.

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« Pour nous, le confinement s’est relativement bien déroulé. Au début, j’étais seule à la maison avec mes enfants et nous avions réussi à prendre un rythme qui nous allait très bien. Moi-même institutrice au CP, j’ai garantit la continuité pédagogique à mes petits élèves et l’école à la maison avec Axelle et Robin s’est très bien passée. Nous avons conservé le rythme de travail du matin et nous profitions d’un temps libre l’après-midi. Nous avons la chance d’avoir un jardin, ce qui nous a permis de ne pas nous sentir trop enfermés. Lorsque mon mari, qui est entrepreneur, a arrêté le travail, j’ai eu un peu de mal à m’adapter car il a fallu se réorganiser à quatre. Une fois les ajustements effectués, tout a finalement été mieux pour nous tous.

Il y a un peu de cas de Covid au Congo (571), pour une vingtaine de décès et les gens portent tous des masques. Contrairement à la France, le couvre-feu a été maintenu ici et les règles restent très strictes. L’autre jour, la police m’a arrêtée car je ne portais pas mon masque dans ma voiture, fenêtres fermées. J’ai même pris une amende ! 

Nous habitons à Pointe-Noire, la capitale économique du Congo, où est implanté un site de la société Total. De ce fait, la majorité des expatriés français vivent ici. Lorsque la situation a commencé à s’aggraver, toutes les grosses sociétés ont rapatrié la plupart des familles françaises et en une semaine, elles étaient toutes parties. Nous nous sommes un peu sentis seuls et abandonnés. Mon mari ayant une entreprise locale et moi-même m’étant engagée jusqu’au 30 juin, nous avons été obligés de rester. C’est un peu dur de ne pas savoir quand est-ce que nous pourrons rentrer voir nos familles, chez qui nous avons l’habitude de passer les grandes vacances chaque année. Les frontières sont fermées et de toute façon il n’y a pas d’avion pour le moment.

La vie normale n’a pas encore repris son cours

Nous ne sommes quasiment par sortis durant toute la durée du confinement. On s’est autorisés quelques petites marches en famille mais mon mari ne travaillant plus, et moi ne pouvant pas accéder à l’école, nous n’avions aucune raison de sortir. De plus, il était impossible de sortir en dehors de la ville car les barrages de police étaient partout. Même pour traverser l’avenue principale, c’était compliqué. Nous l’avons quand même fait une ou deux fois en mode "espions", mais nous avons regretté d’avoir pris des risques avec les enfants.

Le premier jour du déconfinement, les enfants et moi sommes allés en ville. Après tout ce temps, ils avaient envie de sortir mais au bout d’une heure dehors, ils ont eu un gros coup de fatigue. L’effervescence de la ville et la présence omniprésente des policiers les a épuisé. Ils ont beaucoup de mal à supporter les règles sanitaires imposées comme le port du masque. Le fait de savoir qu’ils devront également en porter lorsque nous iront en France les perturbe. Ils ont l’impression que ce ne sera pas de "vraies" vacances.

L’école ne rouvre pas

L’école française a fermé dès le 9 mars et honnêtement, je pense qu’elle ne rouvrira pas avant le mois de septembre. Je ne vois pas comment ils pourraient réussir à mettre en place toutes les mesures sanitaires. Plutôt que de rouvrir bêtement l’école maintenant, il est plus judicieux d’anticiper la rentrée de septembre de la bonne manière. Néanmoins, même en septembre, il y a des classes où les enfants ne seront que 5 car la majorité des élèves est partie. En temps normal, de la petite section à la terminale, ils sont 1000. 

Les familles finiront par revenir, mais pour celles dont les membres travaillent dans les grosses sociétés, il se pourrait qu’elle ne reviennent pas maintenant. Certaines enseignantes en contrat local comme moi, qui sont mariées avec des messieurs travaillant à Total, ne pourront pas non plus revenir au mois de septembre pour enseigner. Nous avons encore beaucoup d’interrogations sur comment se déroulera la rentrée prochaine.

Quoi qu’il en soit, l’école a convenu qu’il valait mieux créer de petites classes pour le moment, dans l’espoir de les remplir au fur et à mesure jusqu’au mois de juin de l’année prochaine. Mes enfants ont été déçus de ne plus voir leurs copains et de ne plus prendre part aux différentes activités extra-scolaires comme le théâtre ou le football. Pour ma part, ce rythme de cours à distance me convient parfaitement.»