https://i.unimedias.fr/2020/05/29/coupemenstruelle_0.jpg?auto=format%2Ccompress&crop=faces&cs=tinysrgb&fit=crop&h=1053&w=1872
© iStock

Choc toxique : la DGCCRF alerte sur les mauvaises consignes d'utilisation des coupes menstruelles

by

Une enquête de la Répression des Fraudes sur plusieurs références de coupes menstruelles fait état d'une information des utilisatrices insuffisante, voire erronée, sur de nombreux produits, ce qui peut engendrer un risque grave de syndrome de choc toxique (SCT) en cas de mauvaise utilisation. Plusieurs études et agences sanitaires, dont l'Anses, ont pourtant publié des recommandations officielles dans ce domaine.

C'est une alerte qui fait grand bruit. Jeudi 28 mai, la Répression des Fraudes (DGCCRF) met en garde contre le risque d'une mauvaise utilisation d'un produit d'hygiène féminine de plus en plus utilisé : les coupes menstruelles. Ces produits (serviettes, tampons, protège-slips, coupes menstruelles) font l’objet d’une attention particulière de la part de cet organisme pour garantir la sécurité de leur utilisation. Après une première enquête en 2016, les experts ont mené en 2019 une nouvelle campagne de contrôle centrée sur les coupes menstruelles et ont constaté que l’information des utilisatrices sur leurs conditions d'utilisation est généralement insuffisante, comme le révèle France Info.

Or, cette lacune peut générer un risque de choc toxique, lié à la présence d’une bactérie, Staphylococcus aureus ou staphylocoque doré, dans le microbiote vaginal de certaines femmes, producteur de la toxine TSST-1. Mais la présence de cette bactérie ne suffit pas à expliquer le choc toxique : il faut par ailleurs que la femme porte une protection intravaginale et soit dépourvue d’anticorps capables de lutter contre la toxine. Au cours de l'enquête, 26 opérateurs commercialisant les principales références de ces produits sur le marché ont été contrôlés. En effet, les cups « sont soumises aux dispositions du code de la consommation en particulier l’obligation générale de sécurité », indique la DGCCRF.

Les symptômes qui doivent alerter toute femme

À cet égard, les fabricants doivent donc apporter une information très claire aux utilisatrices pour leur permettre d’utiliser leurs coupes menstruelles en toute sécurité. C'est pourquoi les contrôles réalisés sur 19 références visaient ainsi à vérifier la visibilité des avertissements concernant le risque de choc toxique et les précautions d’utilisation à suivre pour l’éviter, sur les étiquetages et les notices. « Par ailleurs, des analyses physico-chimiques ont été réalisées sur neuf échantillons de produits par le service commun des laboratoires pour vérifier l’absence de libération de substances chimiques préoccupantes, telles que les phtalates et autres plastifiants. », ajoute la Répression des Fraudes.

Quelles sont ces informations indispensables sur les emballages ou les notices des protections internes (tampons et coupes menstruelles) ? Selon les recommandations de l'Anses*, celles-ci comprennent des renseignements sur le syndrome de choc toxique et les symptômes qui doivent amener à consulter un médecin (fièvre soudaine, vomissements, sensation de malaise avec céphalée, diarrhée, éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil...) et des indications sur les mesures d’hygiène appropriées (lavage des mains, de la coupe). Les utilisatrices doivent aussi être informées sur le temps de port maximal de la coupe (6 à 8 heures) et le fait qu'elle doit être vidée toutes les 4 à 6h.

Les fabricants doivent s'aligner sur le temps de port des « cups »

S'ajoute à cela un avertissement sur le fait que les femmes ayant déjà eu un syndrome de choc toxique ne doivent pas utiliser de protection intime interne et la recommandation d’utiliser la nuit une protection externe, « afin de diminuer le risque de développer un syndrome de choc toxique. » Si l'enquête n'a mis en évidence aucune non-conformité en ce qui concerne la composition des coupes, il s'avère que l’information des utilisatrices est disparate d’une marque à l’autre et contient rarement l’intégralité des recommandations préconisées. Notamment, les indications sur le temps de port indiqué varient beaucoup (de 4 h à 12 h) et l’utilisation de nuit est presque toujours indiquée comme possible.

Plus grave encore, « certaines marques prennent en compte le risque lié au syndrome de choc toxique, d’autres nient ce risque et affirment que les coupes menstruelles sont sans danger et n’y ont jamais été associées. », notent les experts. Au total, près de la moitié des références annonçaient la possibilité d'en porter pendant plus de 10h ou ne donnaient pas de limites à ne pas dépasser, quand l’Anses en a bien fixé une. Un tiers des références ne donnait par ailleurs aucune information sur ce risque. Or, une étude française publiée en mars**, bien que concernant les tampons, révélait que le risque de syndrome de choc toxique est multiplié par deux lorsque le port dépasse une durée de six heures.

Les adolescentes, des utilisatrices particulièrement à risque

Ce risque est même multiplié par trois quand le tampon est porté toute la nuit, la durée d’usage pouvant alors atteindre huit heures ou plus. « Par ailleurs, le fait de ne pas lire les instructions accompagnant la boîte de tampons ou de ne pas les suivre est également associé à un risque accru de choc toxique. », révélaient les auteurs de l’étude qui appelaient à inclure des notions sur le sujet dans les cours d’éducation sexuelle dispensés à l’école. Heureusement, les informations apportées par les enquêteurs pendant les contrôles ont rapidement porté leurs fruits : des notices et des emballages ont été modifiés, parfois avant même qu’un avertissement n’ait été envoyé aux professionnels.

« Le programme de contrôle a ainsi conduit à une prise de conscience des entreprises commercialisant des coupes menstruelles sur l’importance de donner une information claire et complète aux utilisatrices. », conclut la DGCCRF, qui affirme que les contrôles dans ce secteur des produits d’hygiène féminine seront poursuivis tout au long de l'année. A noter que tous les ans, une vingtaine de cas de syndromes de choc toxique staphylococcique liés à l’utilisation de tampons périodiques sont signalés en France, avec un pic autour de l’âge de 15 ans. Si son incidence reste rare, ce syndrome peut conduire dans les cas les plus extrêmes à des défaillances multi-organes et au décès.

*Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

**menée par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, des Hospices Civils de Lyon, de l’Université Claude Bernard Lyon 1 et de l’ENS Lyon au sein du Centre International de recherche en infectiologie et du Centre National de référence des staphylocoques.