Infirmières, pharmaciens d’officine et même médecins… Ces organisations exclues du Ségur de la Santé

by
https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/290x200/public/visuels_actus/ferme-porte.jpg?itok=dkSHvu4f

La reconnaissance du pays a beau être « immense », la pilule est dure à avaler. Plusieurs organisations représentant les professionnels de santé dénoncent leur exclusion du comité Ségur national, qui mène la concertation sur la refondation du système de santé. Sa composition interpelle.

Il y a un peu plus de trente ans, les infirmières battaient le pavé devant le ministère, rue de Ségur, obtenant une revalorisation historique de leur profession. Aujourd’hui, alors que le Gouvernement ne cesse de manifester son « immense » reconnaissance à l’égard des soignantes en première ligne lors de l’épidémie de Covid-19, les portes du ministère leur sont fermées.

Aucun syndicat de professionnel infirmier n’a été convié à siéger au sein du comité Ségur national (la liste des membres ici), qui mène la concertation sur la refondation du système de santé, ni même au sein du groupe carrière et rémunération, qui se penchera spécifiquement sur la revalorisation salariale du personnel soignant, infirmières hospitalières en tête.

Une « insulte » pour la Coordination nationale infirmière. « Nous sommes très offusquées, en colère », lâche Céline Laville, présidente du syndicat, né de la grève historique de 1988. « Aucune organisation paramédicale syndicale n’est présente », pointe-t-elle. A l’exception de l’Ordre national des infirmiers, qui s’est invité à la dernière minute, et de la fédération des étudiants infirmiers, présente au même titre que tous les autres étudiants. L’avenir de la profession infirmière est donc entre les mains des organisations médicales et des grandes centrales syndicales, jugées seules représentatives de la profession IDE. « Certes nous ne sommes pas représentatifs, mais nous, syndicats professionnels, sommes sur le terrain : on sait quand même de quoi on parle », commente Céline Laville.

 

« Ne pas utiliser les médecins de ville comme caution »

Les infirmières ne sont pas les seules à s’estimer lésées. La Fédération nationale des centres de santé déplore également son exclusion de la concertation. Tout comme les pharmaciens...

notamment représentés par l’Uspo (Union de syndicats de pharmaciens d’officine)… et l’ensemble des syndicats de libéraux, à l’exception des médecins. « L’Uspo est particulièrement choquée de découvrir que le Comité Ségur national, censé construire un plan ambitieux pour le système de santé, est composé uniquement des représentants du secteur hospitalier, de l’Ordre et des syndicats de médecins de ville, et exclut tous les autres professionnels de santé, dont les pharmaciens d’officine et les infirmiers libéraux », dénonce le syndicat dans un communiqué du 27 mai. Des professions qui disposent pourtant de syndicats représentatifs... « Si le Gouvernement souhaite un Ségur de l’hôpital, il faut l’assumer, travailler uniquement avec les hospitaliers et ne pas utiliser les médecins de ville comme caution. »

Encore plus incompréhensible est l’exclusion du syndicat Jeunes médecins (ex-ISNCCA), représentant les jeunes praticiens, les chefs de clinique et assistants. A l’issue des élections professionnelles des praticiens hospitaliers de juillet dernier, ce syndicat a pourtant obtenu de siéger dans les instances nationales. La décision d’écarter Jeunes médecins serait incomprise de la DGOS elle-même, d’après son président, Emmanuel Loeb. « ça viendrait du cabinet, voire du ministre lui-même », avance-t-il. Le syndicat ne compte pas en rester là : « On a obtenu une audience en référé devant le tribunal administratif de Paris, demain ».

De son côté, le ministère n’a pas répondu à notre demande d’explications.