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Le ministre Simon Jolin-Barrette

PEQ, prise deux: un ministre averti en vaut deux

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CHRONIQUE / La nouvelle mouture du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) est plus convaincante que la première. Exit les listes restreintes de domaines admissibles! Pour avoir droit à cette voie royale pour immigrer au Québec, les candidats devront toutefois désormais soit ajouter une expérience de travail, soit prolonger celle qui était déjà exigée. C’est défendable.

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Le projet présenté jeudi par le ministre Simon Jolin-Barrette se tient. Tout à l’inverse de sa première mouture, qui s’appuyait sur des listes non seulement limitatives, mais incohérentes de «formations en demande et d’emplois en déficit».

Elle modifiait les règles en cours de route. Elle abandonnait des milliers de personnes qui pensaient en toute bonne foi avoir droit à ce parcours. C’est moins le cas avec cette mouture. Elle ajoute des conditions d’expérience de travail, certes, mais ne dit à aucun candidat que c’est terminé pour lui.

Quelques jours après la présentation de son premier projet, l’automne dernier, M. Jolin-Barrette avait dû le suspendre. Il avait dû le faire en raison du tollé. Mais aussi parce que ni lui ni le gouvernement ne pouvaient défendre un projet mal ficelé qui, de surcroît, avait pris par surprise les chambres de commerce et les réseaux universitaire et collégial du Québec. Il était indéfendable.

Un ministre averti en vaut deux! Même si ce deuxième projet peut requérir des ajustements, Simon Jolin-Barrette et son gouvernement seront en mesure de le défendre.

Politiquement, c’est le jour et la nuit par rapport au premier.

Mais l’objectif du gouvernement sera-t-il atteint? Il est de réduire la part du Programme de l’expérience québécoise dans le total de la sélection québécoise de l’immigration. Le PEQ compte actuellement à lui seul pour quelque 86% de ce total. Une très grosse part sur laquelle Québec n’a à peu près pas de contrôle, puisque le PEQ donne automatiquement droit (ou presque) au Certificat de sélection du Québec (lequel mène à l’obtention de la résidence permanente au Canada et, éventuellement, à la citoyenneté canadienne).

Québec aimerait voir croître la part des immigrants provenant d’Arrima, un programme qui lui permet véritablement de choisir les candidats à l’immigration en fonction des besoins qu’il estime être ceux du marché du travail.

Il est cependant difficile de voir en quoi ou pourquoi la part des certificats de sélection délivrés à travers le PEQ baisserait significativement en raison des expériences de travail qui seront dorénavant exigées, soit des diplômés internationaux ayant étudié ici, soit des travailleurs temporaires déjà en sol québécois. C’est un pari. Rien de plus.

Même si plusieurs déplorent cette nouvelle exigence placée sur l’autoroute du PEQ, il est difficile de voir en quoi elle découragerait les postulants désireux de s’installer au Québec.

Le Québec devrait demeurer attractif. Surtout lorsqu’il aura retrouvé son élan économique.

Cette condition supplémentaire ne devrait pas plus décourager les étudiants étrangers de choisir le Québec que ne l’avait fait — et malgré tout ce que l’on entendait alors — la hausse des droits de scolarité à l’université pour les étudiants français sous le gouvernement de Philippe Couillard. Ces étudiants ont continué d’être plus nombreux chaque année à choisir le Québec.

Parmi les ajustements qui pourraient néanmoins être apportés à cette mouture, mentionnons l’idée étonnante qu’elle contient d’exclure du PEQ certaines catégories d’emplois peu qualifiés, alors qu’un domaine comme la transformation alimentaire ou le secteur manufacturier en général ont depuis longtemps d’immenses besoins. De tels candidats seront-ils recrutés à travers l’autre programme administré par Québec? Est-ce cela que l’on doit comprendre?

Par ailleurs, si l’on part du principe que l’immigration doit répondre aux besoins de main-d’oeuvre, on doit noter avec effarement qu’à peine 115 préposés aux bénéficiaires ont été sélectionnés à travers les programmes d’immigration du Québec depuis 2013. On comprend mieux, dès lors, la mise en place, annoncée par Simon Jolin-Barrette, d’un «projet pilote» visant à recruter à l’étranger 550 préposés aux bénéficiaires par année.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre François Legault avait déjà entrouvert la porte à quelques centaines de demandeurs d’asile oeuvrant dans les CHSLD et désireux de demeurer au Québec.

Tout ça va, enfin, quand même dans le bon sens.