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Et si le coup de grâce de la convid-19 venait des personnels de l’Education et de la Formation, notamment des enseignants et leurs élèves ? (Par Lamine SARR)

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Beaucoup d’appréhensions entourent la reprise des enseignements-apprentissages dans nos écoles et établissements. Malgré les mesures barrières prises par les autorités scolaires des niveaux central et déconcentré, les collectivités territoriales, les partenaires de l’Education, malgré la synergie développée pour garantir les conditions d’un bon déroulement des enseignements-apprentissages, ils sont nombreux à considérer que cette reprise est très risquée et qu’elle serait synonyme de propagation de la pandémie de la covid-19. 

 

Ces appréhensions sont fort légitimes, compte tenu des déplacements des personnels de l’Education et de la Formation, notamment les enseignants et les élèves dont certains ont quitté les zones épicentres de la maladie, pour regagner certaines localités jusqu’ici plus ou moins épargnées. Certains porteurs asymptomatiques du virus pourraient ainsi contribuer à la propagation du virus considère-t-on. 

 

Les plus sceptiques attendent les prochains 15 jours avec anxiété car convaincus qu’il y aura une explosion des cas. Que Dieu nous en préserve !

 

Pourtant, je suis de ceux qui souhaitent ardemment ou qui pensent que la solution salutaire contre la covid-19 pourrait venir du milieu scolaire, surtout des enseignants et de leurs élèves. Certes, ils n’ont pas de laboratoires dédiés aux tests virologiques à l’image du célébrissime Institut Pasteur de Dakar et de l’IRESSEF du brillant Professeur Souleymane MBOUP. 

 

Certes, ils ne sont pas auréolés de diplômes en Médecine, encore moins de certificats de spécialisation. 

 

Certes, ils ne sont pas les administratifs chargés de définir, en rapport avec les spécialistes, la stratégie de riposte contre la covid-19. 

 

Certes, ils ne sont pas chargés de distribuer l’aide alimentaire même si leur action sociale est permanente dans leur localité d’exercice. 

 

Certes, ils ne disposent pas de matraques ou d’uniformes rutilants pour tenir en respect ces récalcitrants qui défient constamment la loi sur l’état d’urgence ou qui violent les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires. Pourtant ils n’en constituent pas moins une armée redoutable, pas par le nombre, mais par le savoir et la pédagogie (savoir-faire en matière d’enseignement), le patriotisme et la générosité. 

 

Ces vertus, qualités et compétences en bandoulière, ils sont à la fois des préventionnistes, des épidémiologistes, des virologues, des urgentistes, des infirmiers, des soignants, des psychologues, des Assistants sociaux, des chercheurs, des anesthésistes, des soldats, des gendarmes, des policiers, des sapeurs-pompiers, des agents d’hygiène, des agents de sécurité de proximité. 

 

Forgeurs de consciences de tout premier ordre, influenceurs habiles, communicateurs efficaces, ils sont les meilleurs vecteurs du changement de comportement que requiert cette maladie de type nouveau. 

 

Très écoutés des élèves qui à la limite les déifient, leur parole presque sacrée et instructions, sont davantage suivies que celles des parents. Combien de fois, nos enfants nous ont-ils mis en doute en nous servant ceci : ma maîtresse ou mon maître n’a pas dit ça. Ainsi, sont-ils plus que quiconque, de véritables relais communautaires de même que leurs élèves auprès de leurs familles. 

 

Dans un contexte de prolifération des cas dits communautaires, la stratégie consistant à mettre en avant l’approche communautaire semble être la plus appropriée (c’est d’ailleurs la nouvelle démarche des autorités sanitaires) ; d’où l’importance des personnels de l’Education et de la Formation dans la lutte contre la pandémie. 

 

Mieux, les professeurs de Chimie par exemple, n’hésiteront pas à s’investir avec leurs élèves dans la production de gels hydro alcooliques si les conditions matérielles sont réunies. Certains Blocs scientifiques et technologiques (BST) qui ont déjà démarré cette expérience pourraient intensifier la production et entraîner leurs élèves dans les séances de travaux pratiques. 

 

Et que dire des professeurs d’éducation familiale et sociales, les professeurs de Technologie dans la fabrication de masques ? Il me plaît ici de souligner l’exemple des Professeurs d’Education technologique du lycée de Sokone dans le département de Foundiougne qui ont conçu une machine de lave-mains automatique dans le cadre de la riposte contre la covid-19. Les administrateurs des écoles et établissements ne sont pas en reste. 

 

A ce titre, l’initiative du Proviseur du Lycée El Hadji Ibrahima DIOP de Yeumbeul (banlieue dakaroise) qui a lancé un appel à contributions pour l’acquisition d’un portique de désinfection conçu par des jeunes étudiants sénégalais afin de renforcer la sécurité sanitaire des élèves, des professeurs, des personnels administratifs et des parents d’élèves est tout aussi salutaire. Tout ce génie créateur de l’école sénégalaise mérite d’être valorisé. 

 

A la vérité, l’école sénégalaise, compte tenu de ses ressources inestimables, pourrait parfaitement assurer l’autosuffisance du pays en gels hydro-alcooliques, en masques, en lave-mains et autres outils de désinfection. Il suffit juste pour les autorités de l’Education et de la Formation ainsi que leurs partenaires de leur garantir la matière première.

 

Alors, si grâce à l’apport des enseignants, l’approche communautaire marche convenablement et le pays devient autosuffisant en masques et en gels hydro-alcooliques et autres outils de désinfection, la chaîne de transmission du virus pourrait être rompue très rapidement et la courbe de croissance de la maladie inversée. 

 

Alors, on aura dit qu’à côté de l’action des personnels sanitaires, des forces de défense et de sécurité et des administratifs, celle des enseignants et des personnels de l’Education et de la Formation a été décisive dans la guerre sanitaire contre la covid-19. Et la décision de l’autorité, en l’occurrence le Président de la République, de reprise des enseignements-apprentissages, serait mieux comprise. 

 

Le propre du leader n’est-il pas l’inspiration et la clairvoyance ? Vivement qu’il en soit ainsi pour lui, comme souvent !

 

Pour toutes ces raisons, je vois la reprise des cours comme une possible bénédiction pour le pays. C’est pourquoi, contrairement aux sceptiques et surtout à ceux qui essaient de jeter l’anathème sur ce corps d’élite, je me permettrai d’emboîter le pas au Ministre de l’Education nationale, Monsieur Mamadou TALLA, en leur rendant un hommage mérité à la dimension de leur engagement patriotique constant, malgré les conditions parfois difficiles. 

 

L’autre leçon à retenir également de cette pandémie et de l’attitude responsable des enseignants, c’est de les écouter et les impliquer davantage. Leur mobilisation sous une chaleur accablante, bravant la soif et la faim, aux différents lieux de rassemblement (terminus de Liberté 5 et de Dakar Dem Dikk, au niveau des différentes Gouvernances et Préfectures du pays) pour le départ vers leurs localités d’exercice m’a donné du frisson et procuré plus qu’hier, la fierté d’appartenir à jamais à ce corps, à cette Légion d’Honneur devrai-je dire. 

 

Que Dieu vous protège, chers collègues enseignants ! Que Dieu vous protège chers personnels de l’Education et de la Formation ! Que Dieu protège le Sénégal !