Les Etats-Unis franchissent la barre des 100.000 morts

Crainte de résurgence en Corée du Sud

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A la faveur d'indicateurs à la baisse, le mouvement de déconfinement se poursuit et s'accélère en Europe (Fenêtre)
Face au coronavirus, l'Europe poursuit son déconfinement, au moment où les Etats-Unis franchissent le seuil symbolique des 100.000 morts et où une flambée de nouveaux cas en Corée du Sud illustre les risques de résurgence de la pandémie.
Les USA, où le premier mort du Covid-19 avait été annoncé fin février, ont passé mercredi la barre des 100.000 morts, sur près de 1,7 million de cas, selon le décompte de l'université Johns Hopkins, qui fait autorité dans le pays.
Les experts, dont l'immunologiste Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche, s'accordent pour dire que ce bilan officiel est en réalité vraisemblablement en dessous de la réalité.
Le nombre de décès aux Etats-Unis sur 24 heures est reparti à la hausse, avec 1.401 décès supplémentaires enregistrés entre mardi et mercredi, après trois jours d'affilée à moins de 700 morts.
Commentant le franchissement de ce terrible seuil, le candidat démocrate à la présidentielle de novembre, Joe Biden, a déclaré : "Il y a des jours dans notre Histoire si sombres, si déchirants, qu'ils sont pour toujours gravés dans nos cœurs comme un deuil commun. Il s'agit d'un de ces moments".
La mortalité a surtout frappé l'Etat de New York, le deuxième le plus peuplé du pays, avec un tiers des décès du pays. Son gouverneur Andrew Cuomo a lancé un appel à l'aide de l'Etat fédéral. "On parle là de la vie des gens. On parle d'Etats et de voisins qui ont besoin d'une aide véritable", a-t-il affirmé.
Selon une moyenne de plusieurs modèles épidémiologiques réalisée par des chercheurs de l'université du Massachusetts, le nombre de décès devrait avoisiner les 123.000 morts dans le pays d'ici le 20 juin. La Maison Blanche table sur une estimation comprise entre 100.000 et 240.000 morts.
Jeudi, une nouvelle venue de Corée du Sud a ravivé les inquiétudes concernant la possibilité d'une fameuse "deuxième vague" de contamination, que redoutent tous les pays.
Les autorités ont rapporté la détection de 79 nouveaux cas en une journée, dont 69 dans l'entrepôt d'une société de commerce en ligne dans la banlieue de Séoul, soit le chiffre le plus élevé depuis le 5 avril. Les plus de 4.000 personnes travaillant dans ce bâtiment ont immédiatement été mises à l'isolement et testées.
Les autorités coréennes, dont la réponse à la pandémie a été ces derniers mois érigée en modèle d'efficacité, ont immédiatement rétabli pour deux semaines des restrictions qu'elles avaient récemment levées, comme notamment la fermeture de musées, de parcs et galeries d'art.
Le mouvement inverse est à l'œuvre en Europe où, selon un décompte de l'AFP, plus de 175.000 personnes ont succombé à la maladie.
Pourtant, à la faveur d'indicateurs à la baisse dans tous les pays, le mouvement de déconfinement se poursuit et s'accélère, afin de redonner aux populations plus de liberté de mouvement et surtout de commencer à relancer des économies exsangues.
La Commission européenne a dévoilé mercredi un plan de relance exceptionnel de 750 milliards d'euros, le plus grand jamais visé par les 27. Il faudra cependant en négocier les termes: certains gouvernements veulent des subventions aux Etats, d'autres uniquement des prêts à rembourser.
L'objectif est "que la prochaine génération en Europe en recueille demain les bénéfices", a promis la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Les premiers bénéficiaires en seraient deux pays particulièrement endeuillés par la pandémie, et aux finances publiques en mauvais état, l'Italie et l'Espagne.
En France, le premier ministre Edouard Philippe doevait en fin d'après-midi annoncer la deuxième phase du plan de déconfinement, qui devrait autoriser de nombreux assouplissements dans le pays.
La Belgique a annoncé qu'elle rouvrirait ses écoles maternelles mardi, après avoir accueilli de nouveau des élèves plus âgés de classes jugés prioritaires.
Les pays du Sud de l'Europe, où le tourisme représente une part importante du PIB, annoncent les uns après les autres la fin des mesures restrictives. Rome plaide pour que le 15 juin soit adopté dans toute l'UE comme date de réouverture des frontières intérieures.
Au Brésil, l'urgence reste la même: tenter de contrôler la pandémie, ce que le géant sud-américain n'a pas su faire jusqu'ici. Le pays a dépassé mercredi pour la cinquième fois 1.000 morts en une journée (1.086 mercredi).
"Nous sommes particulièrement inquiets parce que le nombre de nouveaux cas recensés la semaine dernière au Brésil est le plus élevé sur sept jours depuis le début de la pandémie", disait mardi la directrice de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), Carissa Etienne. Le total a plus que doublé en moins de deux semaines.
Pourtant l'Etat de Sao Paulo, poumon de l'économie brésilienne, a annoncé "la reprise raisonnée de certaines activités économiques" à partir de lundi. Les hôpitaux de cet Etat sont actuellement dangereusement proches de la saturation, mais ce redémarrage sera affiné selon la situation sanitaire de chaque municipalité.
Le Pérou voisin, entre autres pays latino-américains durement touchés, a battu mercredi son record de décès (195).
Dans toute l'Amérique latine, la pandémie se propage notamment dans les bidonvilles où des millions d'habitants sont dans l'impossibilité de respecter les mesures préventives, au risque de mourir de faim.
"Nous sommes de plus en plus préoccupés par les pauvres et les autres groupes vulnérables, plus exposés à la maladie et à la mort en raison du virus", a récemment déclaré Carissa Etienne.
Dans le secteur du transport aérien, saigné à blanc avec des milliers d'avions cloués au sol dans le monde entier, la compagnie britannique EasyJet a à son tour annoncé jeudi une diminution drastique de ses effectifs, avec la suppression de 4.500 postes, soit le tiers de ses effectifs.
La compagnie rejoint ses concurrentes British Airways, Ryanair ou Virgin Atlantic, qui ont toutes récemment annoncé des suppressions de postes.