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La plateforme utilisée n’aurait pas enregistré adéquatement les réponses de plusieurs étudiants.Photo: John MacDougall Agence France-Presse

Cafouillage à un examen du Barreau

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Réponses incomplètes, voire carrément absentes parce que non enregistrées, l’examen du Barreau effectué en ligne cette année s’est transformé en cauchemar pour de nombreux étudiants. Malgré les témoignages qui s’accumulent, l’École du Barreau nie un quelconque bogue informatique.
 

« Il n’y a pas eu de pépins techniques ou d’anicroches », a réitéré en entrevue sa porte-parole, Martine Meilleur. « Nous avons tout de même embauché une firme externe pour faire la lumière sur la situation, a-t-elle plus tard dévoilé par courriel. Le rapport devrait être connu sous peu. »
 

Au Devoir, le bâtonnier du Québec, Paul-Matthieu Grondin, a simplement promis d’aller « au fond des choses », ne voulant commenter davantage.
 

« C’est très frustrant comme situation », lance au bout du fil Valérie Black St-Laurent. Comme quelque 900 autres étudiants, elle a passé entre lundi et mardi dernier l’évaluation finale de l’École du Barreau. « Le plus gros examen de ma vie », résume celle qui est diplômée en droit de l’Université McGill.
 

Pandémie oblige, l’épreuve de cinq heures était virtuelle pour la première fois, afin de respecter les consignes de distanciation physique. Chacun devait signer une déclaration d’intégrité avant le test.
 

Après avoir complété les vingt questions et soumis leur examen, les étudiants avaient l’option de le consulter une dernière fois, pour la forme. Or, bon nombre d’entre eux ont eu une mauvaise surprise. « Ma dernière réponse ne contient que cinq mots. Elle ne s’est jamais enregistrée », raconte Mme Black St-Laurent. Et parce que le formulaire était déjà envoyé, il était impossible de corriger quoi que ce soit.
 

Alexandre (nom fictif) a vécu le même genre de situation. Dans son cas, trois questions ont été envoyées incomplètes. « Tout ce que j’ai fait dans les 40 dernières minutes de l’examen, environ, a disparu », témoigne-t-il sous le couvert de l’anonymat, pour ne pas nuire à son stage à venir.
 

Pris de panique, il a aussitôt contacté l’école et le soutien technique de la plateforme Cognitis, sur laquelle se tenait l’épreuve. Un technicien lui a alors confirmé ses craintes, en plus de lui dire qu’il semblait avoir dépassé de près d’une heure le temps alloué pour le test. Ce que le principal intéressé s’explique mal. « Il y avait un chronomètre sur la page, je me suis fié à ça », dit-il.
 

Incertitude
 

Ces deux cas ne sont pas isolés. Nombreux sont ceux qui ont raconté leurs déboires sur Facebook. Une étudiante rapporte d’ailleurs que plus du quart de son examen n’a pas été enregistré, laissant des boîtes de texte complètement vides. Sa publication a généré plus de 200 commentaires, truffés d’histoires similaires.
 

Inquiets, d’autres n’ayant pas eu le réflexe de visionner la version finale de leur évaluation ont tenté de le faire, en vain — le temps alloué par l’école (soit jusqu’à mardi matin, 4 h) était terminé. Impossible pour eux, donc, de savoir dans quel état leur examen a été transmis, faisant grimper l’angoisse d’un cran.
 

L’École du Barreau assure que les commentaires et les questions qu’elle a reçus seront évalués « au cas par cas ». L’association des étudiants de l’École du Barreau de Montréal a quant à elle lancé un sondage auprès de ses membres pour connaître l’ampleur du problème.
 

Reste que des étudiants se demandent si ce cafouillage les fera échouer. Valérie Black St-Laurent a une seule réponse manquante sur vingt. « Mais souvent, le taux de passation se joue sur un ou deux points, fait-elle valoir. Il y a des gens qui coulent à 59 % et qui doivent recommencer à zéro en déboursant à nouveau près de 6000 $. »

« Si jamais je ne devais pas passer, je n’ai pas les moyens financiers de refaire la formation au complet », laisse tomber la jeune femme.

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