Le retour à l’école est un succès, juge Legault

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Des « données partielles » fournies par Québec indiquent que 41 élèves et membres du personnel ont été infectés au coronavirus depuis la réouverture des écoles primaires hors de la région de Montréal, il y a deux semaines. Le premier ministre estime tout de même que le retour en classe a été « un grand succès ».

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) a transmis au Devoir, mercredi soir, des données faisant état de 41 cas d’infection au coronavirus — 19 élèves et 22 membres du personnel — dans les écoles de 11 régions du Québec.

La confusion règne toutefois au sujet du nombre réel d’infections. Québec est incapable de dire avec précision le nombre de cas confirmés. Contrairement à ce qui a été rapporté par le MEES, il y a des éclosions en Mauricie et dans Lanaudière, selon les autorités de santé locales. En revanche, il n’y a aucun cas de COVID-19 dans la Capitale-Nationale, a attesté le CIUSSS, en contradiction avec le ministère.

En soirée jeudi, le porte-parole du MEES tentait toujours de clarifier les « disparités » issues des données « partielles » que détenait le ministère.

Interrogé sur le sujet jeudi, le directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, a dit travailler avec les « faits saillants » envoyés tous les matins par les directions régionales de santé publique. Or, ces rapports ne présentent pas de portrait détaillé de la situation dans les écoles, a-t-il reconnu.

De l’avis du Dr Arruda, le retour à l’école constitue néanmoins une expérience « très positive », en dépit des infections recensées. « C’est clair que ça s’est bien passé, a-t-il dit. C’est une population jeune, le risque de maladie est beaucoup plus faible que les inconvénients de les laisser à la maison. »

« Je considère que c’est un grand succès, compte tenu du nombre d’enfants [dans les écoles] et des inquiétudes qu’il y avait chez certains parents », a aussi réagi le premier ministre François Legault.

Des écoles en alerte

Une tournée d’établissements scolaires où des cas de COVID-19 ont été repérés a permis de confirmer que des éclosions ont été observées en Mauricie et dans Lanaudière.

Deux enfants et quatre membres du personnel ont reçu un diagnostic positif à l’école Saint-Paul de Trois-Rivières. L’école a été fermée deux jours. Les 37 élèves et tous les membres du personnel ont été testés, a confirmé Anne-Marie Bellerose, de la Commission scolaire du Chemin-du-Roy.

Dans Lanaudière, la situation à l’école de l’Arc-en-ciel (des Trois-Temps) de Saint-Lin — Laurentides est qualifiée d’éclosion par le CISSS. Deux enfants y ont eu un diagnostic positif de COVID-19 cette semaine, portant le bilan à quatre personnes infectées dans cette école.

« L’isolement des personnes ciblées a été effectué et les mesures de prévention recommandées sont en place », a affirmé l’agente d’information du CISSS Lanaudière Hélène Gaboury.

Ailleurs dans cette région, des « interventions sont en cours » à l’école des Moulins (pavillon Sainte-Marguerite) de Saint-Félix-de-Valois et à l’école Sainte-Marcelline, de Sainte-Marcelline de Kildare. Des « personnes ciblées » ont été isolées, a rapporté le CISSS.

Dans la région voisine, les Laurentides, des cas de COVID-19 ont été confirmés dans « quelques écoles », a confirmé le CISSS régional. « Il s’agit de cas ponctuels pour le moment et aucune éclosion n’est présente. Les personnes touchées sont de tous les âges (membre du personnel et élèves) », a indiqué la porte-parole Julie Lemieux-Côté.

Un membre du personnel enseignant de l’école primaire de la Vallée, à Saint-Sauveur, a été infecté. « Il est actuellement en isolement à la maison. […] Par mesure de précaution seulement, la classe du membre du personnel enseignant en question a été fermée temporairement », a indiqué la Commission scolaire des Laurentides dans un message daté du 25 mai 2020.

Après avoir mené une enquête, la Direction de santé publique (DSP) des Laurentides a conclu que les élèves et les employés pouvaient retourner sur les bancs d’école.

Des cas ont été signalés à Laval et à Montréal, où les écoles sont pourtant demeurées fermées. La Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île a confirmé au Devoir que deux membres du personnel ont été infectés au coronavirus — un surveillant d’élèves et une technicienne d’un service de garde d’urgence.

À Laval, un seul cas lié aux écoles a été répertorié. « C’est un cas isolé qui n’a pas de lien avec le lieu de travail. Ce cas peut provenir de la communauté », a fait savoir Judith Goudreau, du CISSS de Laval.

En Outaouais, un élève de l’école L’Orée-des-Bois, à Cantley, a contracté la COVID-19. Le cas a été repéré le 16 mai.

Confusion au ministère

Le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Mallette a dit trouver « troublant » le manque de transparence du gouvernement. « On exige d’avoir accès aux données par école, par corps d’emploi, par région et par commission scolaire. Pour quelles raisons est-ce que ces données restent camouflées ? », a-t-il demandé.

Josée Scalabrini, porte-parole de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), a quant à elle affirmé que « la réouverture des écoles est une belle réussite pour le bien des élèves ».

Elle a cependant dit espérer que cette fin d’année dans les écoles serve à tirer les leçons en vue de la rentrée de l’automne. « C’est géré de façon variable dans le réseau. On a besoin de balises claires du ministère. Certaines écoles n’ont pas encore de produits désinfectants, d’autres n’ont pas assez de lavabos ou de local où placer en isolement quelqu’un ayant été infecté », a-t-elle illustré.

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