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Photo: HBO

«Trackers»: en filant les barbares

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Il y a chez le maître du polar Deon Meyer une rudesse anxiogène, voire une violence toxique, que la minisérie sud-africaine Trackers, réalisée par Jyri Kähönen, rend bien. À l’instar du livre dont elle est adaptée — publié au Seuil sous le titre À la trace —, cette puissante machine à rebondissements flirte autant avec le film d’espionnage que la guérilla urbaine et le suspense à la sauce safari. Une production dense, donc, repiquée tant par HBO que Super écran.

Au vu des trois premiers épisodes présentés en avant-première (sur six), il est clair que la proposition ouvre une fenêtre somptueuse sur ce pays à la géographie spectaculaire en tissant une toile triangulaire qui se déploie autant sur le plan de l’intrigue que des lieux investis. À la direction photo, Ivan Strasburg joue de contrastes en mixant l’opulence des quartiers chics climatisés, l’âpreté des zones pauvres encombrées et la beauté sauvage des plaines du veld.

La trame originale mêlait déjà trafic diamantaire, braconnage (sous couvert d’activisme écolo de pacotille), crime organisé et complot terroriste international. Les fils en étaient nombreux, mais ils le sont encore plus dans la série, qui fait éclater la forme littéraire sans atteindre la même maestria. Reste que ces fils, justement, sont tendus très serrés dans un écheveau que la caméra dénoue avec une patience qui fait son effet. Et puis, il y a le mystérieux Lemmer, personnage sombre récurrent dans la cosmogonie de Meyer, qu’on est toujours ravis de croiser. Que ce soit en lettres… ou en os.