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Sondage après sondage, les ménages demeurent prudents, évitent les grandes dépenses et priorisent l’épargne, explique l’économiste Sébastien Lavoie.Photo: Justin Sullivan Agence France-Presse

Le consommateur n’a pas l’esprit à la dépense

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La pandémie a rendu le consommateur frileux et le déconfinement progressif y change peu. Sans horizon clair, un important moteur de l’activité économique restera en mode ralenti.

Le consommateur n’a pas l’esprit à la dépense, conclut un petit survol exhaustif de Sébastien Lavoie. L’économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne donne l’exemple du Danemark, un des premiers pays à appliquer des mesures strictes de confinement en réaction à la pandémie, où les dépenses de consommation ont chuté de 29 % par rapport au niveau pré-pandémie. À l’opposé, en Suède, plutôt modérée sur les mesures de distanciation, ces dépenses ont chuté de 25 %. Un petit écart d’à peine 4 points de pourcentage.

17,3%

C’est le taux de chômage en avril, un record d’après-guerre.

La frilosité du consommateur se vérifie également dans l’indice de confiance du Conference Board, qui est demeuré en mai près de son creux vieux de six ans aux États-Unis. Au Canada, l’indice Bloomberg Nanos mesurant le sentiment de confiance des consommateurs était en légère hausse pour une quatrième semaine consécutive à la mi-mai, mais tout en demeurant en zone déprimée.

Sondage après sondage, les ménages demeurent prudents, évitent les grandes dépenses et priorisent l’épargne, ajoute l’économiste. Cette épargne est d’autant plus favorisée que 27 % des travailleurs œuvrant normalement en milieu d’emploi étaient en télétravail en mars. Une des explications se retrouve du côté du marché de l’emploi, avec un taux de chômage atteignant un record d’après-guerre de 17,3 % en avril. « Selon notre scénario de base, environ les deux tiers des Canadiens sans emploi vont recevoir un rappel de leur employeur avant la fin de 2020 », souligne Sébastien Lavoie. Côté revenu, les travailleurs canadiens ont vu leur compensation totale chuter de 23 %, en moyenne, entre février et avril, un écart qui sera difficile à rattraper.

Se greffent à l’équation un niveau d’endettement élevé des ménages et un bilan affaibli par la volatilité des cours boursiers et par les pressions sur l’immobilier. La consommation étant davantage en corrélation avec la valeur de l’actif immobilier des ménages, la tendance baissière sur les prix qui se profile dans les projections des analystes viendra ajouter à l’anxiété des consommateurs.

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